« Empare-toi de la vie éternelle ! »

25 septembre 2016, 26e Dimanche ordinaire, année C, Lc 16,19-31 /

augustin-new« Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé. » (1Tm 6,12) Voici une nouvelle traduction stimulante de la première lecture de ce jour, et une belle porte d’entrée pour le passage d’Évangile proposé à notre méditation… Dans la parabole de ce jour, en effet, l’homme riche et égocentrique réalise, un peu tard, qu’il aurait dû vivre autrement afin de ne pas être « en proie à la torture, au séjour des morts. » (Lc 16, 23) N’est-ce pas une interpellation d’une grande pertinence dans notre monde de plus en plus sécularisé, où l’on ne se soucie guère de sa vie après la mort ? Qu’est-ce qui fait obstacle à ce bon combat ? Pourquoi la plupart de nos contemporains, surtout en occident, ne s’en soucient-ils pas ? Je ne vise pas ici, ceux qui, à la suite d’une véritable quête personnelle, se déclarent agnostiques ou athées ; mais plutôt la grande majorité de ceux qui se disent agnostiques ou athées, par défaut, c’est-à-dire sans avoir pris la mesure ni les moyens de la dimension transcendante de notre vie humaine. Ne sont-ils pas devenus « non-croyants », par indifférence, par paresse intellectuelle, spirituelle ou morale ? Quant à ceux qui se disent chrétiens, la vigilance est de rigueur afin de mener toujours le bon combat : celui d’une recherche intellectuelle, d’une quête spirituelle et d’une vie toujours plus juste, morale et bonne !

Une recherche intellectuelle !

Qu’il est navrant et affligeant de constater trop souvent la paresse intellectuelle et la faiblesse des arguments employés par nos contemporains, pour balayer d’un revers de la main la question de l’existence de Dieu ou l’inconsistance de la foi chrétienne… Certaines personnes, par exemple, vont déployer tout un tas d’arguments pour démontrer que Jésus n’est pas né un 25 décembre, ni entre un bœuf et un âne, et en déduire que le christianisme « c’est n’importe quoi »… Franchement cela ne vole pas haut, car l’Église n’a jamais affirmé que Jésus serait né un 25 décembre, c’est tout simplement une date symbolique et signifiante qui a été choisie pour fêter sa naissance. Quant aux représentations de la crèche, elles remontent à saint François et au XIIIème siècle… D’autres, un peu plus sérieux, vont faire appel à la science pour soi-disant balayer les fondements de la foi : théorie de l’évolution, recherches sur le fonctionnement du cerveau, recherches astronomiques…  Là encore, cela ne vole pas bien haut, car ces détracteurs font mine d’ignorer les milliers de pages des théologiens, philosophes et spirituels ayant déjà amplement répondu à ses controverses et abordés la question du rapport entre science et foi, et les niveaux de langage différents qui ne sont pas à mettre sur le même pied. -Les récits mythologiques, comme ceux de la Création par exemple, ne prétendent pas apporter des réponses aux questions scientifiques mais des réponses aux questions existentielles, ils ne parlent pas du « comment » mais du « pourquoi »-. On pourrait encore évoquer la paresse intellectuelle de ceux qui ressortent de vieux clichés sur l’histoire de l’Église, ou l’histoire des peuples tout simplement… Menons-nous le bon combat pour penser notre foi ou notre agnosticisme ?

Une quête spirituelle ?

« S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. »  (Lc 16,31) Nous sommes peut-être un peu tous comme l’homme riche de la parabole : nous aimerions bien que quelqu’un revienne d’entre les morts pour nous parler de ce qu’il en est, et alors nous serions prêts à croire et à nous convertir… Et pourtant ! Il y en a déjà au moins un qui est revenu d’entre les morts, Jésus Christ, est-ce que cela a convaincu pour autant ? Celui qui vit une véritable quête spirituelle, sera attentif aux signes de Dieu et peut-être trouvera-t-il la foi… Les milliers d’exemples en ce sens ne manquent pas : depuis saint Paul à Jean-Claude Guillebaud en passant par saint Augustin, Édith Stein, André Frossard ou Charles de Foucault…  Mais celui qui se laisse prendre uniquement par l’horizon terrestre de sa vie, en rejetant toute dimension spirituelle et transcendante de cette vie humaine, aura bon entendre et voir toutes sortes de signes, il ne sera pas convaincu. Il les interprétera uniquement à partir de ses catégories… Et les milliers d’exemples en ce sens ne manquent pas non plus… Menons-nous le bon combat d’une quête spirituelle attentive aux signes de Dieu ?

Une vie toujours plus juste, morale et bonne…

Le jugement final, comme évoqué dans cette parabole, ou dans le célèbre passage de Matthieu 25 (« ce que vous avez fait à l’un de ses petits qui sont mes frères… »), ne portera pas sur la qualité de notre recherche intellectuelle ou de notre quête spirituelle, mais sur la qualité de notre amour. Sans vouloir prendre toute la misère du monde sur nos épaules, quelle part de cette misère pouvons-nous prendre ? L’homme riche n’est pas envoyé au séjour des morts en raison de sa richesse, ou en raison de son manque d’initiative pour un monde plus juste, mais en raison d’un pauvre nommé Lazare, qui « gisait à son portail, couvert d’ulcères ». Le texte précise bien que l’amour qui nous est demandé, n’est pas un amour théorique hors de notre portée, mais qu’il s’agit tout simplement de répondre à telle ou telle situation à notre porte, à un pauvre qui porte un nom… Peut-être qu’ensuite, petit à petit, nous deviendrons capables de donner plus… Ceux qui ne recherchent, égoïstement, que leur confort et leur bien-être ici-bas, sont prévenus… Et nous : menons-nous le bon combat d’une vie toujours plus juste, morale et bonne ?

Mène le bon combat : intellectuel, spirituel, moral !

Empare-toi de la vie éternelle !

C’est à elle que tu es destiné !

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