Osons prier !

25 juillet 2010, 17° cimanche C, Lc 11,1-13 /

Dans le passage de Luc proposé à notre méditation ce dimanche, Jésus, à la demande des disciples, donne un enseignement sur la prière, en leur confiant le « Notre Père » d’une part, et à l’aide d’une parabole d’autre part. Or, deux mille ans plus tard, il semble que nous en soyons toujours au même questionnement : comment prier, pourquoi prier ? Plutôt que de répondre au comment et au pourquoi, Jésus nous invite à nous lancer avec hardiesse sur le chemin de la prière : Demandez… Cherchez… Frappez… Osez prier !

Osons demander !

Avez-vous remarqué que la version du « Notre Père », chez Luc, est assez différente de celle que nous récitons ? Pas de « Notre » Père, pas de « cieux », pas de « délivrance du mal » et surtout une demande, et non des moindres, est omise : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! » (cf. Matthieu). Je ne sais pas s’il faut en tirer de grandes conclusions, mais cela donne au texte de Luc, en cohérence avec le reste de son évangile, une vision beaucoup plus active de la prière et de la vie chrétienne. Même si ce n’est pas correct, on pourrait en effet entendre dans la demande : « Que ta volonté soit faite », une certaine résignation, une passivité, un fatalisme. Luc nous dit, au contraire, que la suite du Christ est active : il s’agit de « laisser les morts enterrer leur morts », pour aller, avec urgence, annoncer le Royaume de Dieu ; de prendre exemple sur le « bon Samaritain » pour faire advenir le Royaume de Dieu pour les petits, les malades et les pécheurs ; de choisir « la meilleure part » qui est disponibilité à l’action du Christ en nous, etc… Ce qui doit motiver notre prière, ce n’est donc pas une religiosité archaïque qui nous inciterait à nous abandonner à une volonté divine pour compenser nos peurs et nos déficiences, mais le désir ardent de l’avènement du Royaume. Voilà ce qui doit orienter toute notre prière ! Demandons donc ce qui est nécessaire à cet avènement, à la fraternité, à la justice, au pardon, à la communion entre les humains et avec Dieu. Demandons ce que Luc résume en un bien unique : « Combien plus votre Père donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11,13) Ne nous creusons pas trop la tête pour savoir quoi demander, mais, comme l’ami importun qui ne demande pas pour lui-même mais pour accueillir un frère, cultivons avec ardeur le désir de l’avènement du Royaume de Dieu et osons demander !

Osons chercher !

« Cherchez, vous trouverez ! » (Lc 11,9) Le verbe demander nous vient spontanément à propos de la prière, mais le verbe chercher est plus étonnant ! La prière consisterait donc à demander, mais aussi à chercher ? Cherchez quoi ? Ce n’est peut-être pas la bonne question, le plus important n’est peut-être pas de savoir précisément ce que nous cherchons : le sens de la vie ? Le bonheur ? La plénitude ? Dieu ? L’essentiel n’est-il pas tout simplement de chercher, c’est-à-dire de ne pas vivre comme des repus, sans désirs, sans questions et sans saveurs… que cela concerne la vie courante ou la vie spirituelle ! Une fois de plus, c’est le propos incontournable de St Augustin qui me revient à l’esprit « Trouver Dieu, c’est le chercher sans cesse », car, si nous croyons l’avoir trouvé, c’est que nous nous sommes fabriqué une idole. Chercher Dieu ? Chercher la réponse à mes questions ? Chercher le bonheur pour moi et pour le monde ? Chercher comment contribuer à l’avènement du Royaume ? C’est tout cela la prière. Cultivons donc, avec ardeur, le désir de découvrir le Royaume de Dieu et osons chercher !

Osons frapper !

« Frappez, on vous ouvrira ! » (Lc 11,9) Verbe encore plus étonnant que les deux premiers ! Pour prier : demandez, cherchez, frappez ! Nous trouvons plusieurs allusions, dans les évangiles, à la porte à laquelle on frappe, et que l’on trouve parfois fermée : la porte étroite (chez Luc), la porte du repas de noce (chez Matthieu), la porte des brebis (chez Jean) ; il s’agit donc bien de la porte du Royaume de Dieu, identifiée au Christ. Plutôt que d’utiliser la prière pour marchander avec un Dieu boutiquier, afin d’obtenir le salut à la force de nos sacrifices et de nos mérites, le Christ nous invite à frapper à la bonne porte qui est celle de la miséricorde de Dieu… « Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous. » (Lc 11,4) Invitation à une prière active, car Dieu ne peut pas nous ouvrir si nous ne frappons pas à cette porte du Christ miséricordieux ! Cultivons donc, avec ardeur, le désir d’entrer dans le Royaume de Dieu et osons frapper !

S’agit-il de savoir prier pour commencer à prier ?

Certainement pas !

Osons demander, osons chercher, osons frapper !

Osons prier !

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