18 juillet 2010, 16° Dimanche ordinaire C – Lc 10,38-45 /
Pour ce texte trop connu, partons du bon pied ! Marthe et Marie ne sont pas les représentantes de la vie active et de la vie contemplative, ce qui conduirait à une conclusion erronée sur la meilleure part assimilée à la vie contemplative. Le passage de la semaine dernière, qui précède immédiatement celui de ce dimanche, suffit à démentir cette interprétation : c’est bien le Samaritain nourri de compassion active qui est montré en exemple face aux prêtres, passifs, encombrés dans leurs obligations liturgiques de pureté. En cohérence avec l’ensemble de l’Évangile, le récit de Marthe et Marie nous renvoie une fois de plus à l’essentiel : il s’agit de simplifier nos vies pour avancer vers l’unique nécessaire.
Désencombrer nos vies…
Remarquons d’abord que c’est Marthe qui invite Jésus dans sa maison ! Elle a le goût de l’accueillir, de le servir, de l’entendre certainement aussi mais, pour l’instant, elle est « accaparée par les multiples occupations du service », ou, comme le traduit la TOB, par « un service compliqué ». Avant d’en faire une lecture moralisante contre l’activisme, ne faut-il pas y voir, d’abord, une allusion au judaïsme de l’époque ? Soucieux de servir Dieu comme il faut, mais tellement occupé par les multiples lois et obligations du Temple, Israël rate le moment de la rencontre où Dieu lui-même, en Jésus Christ, vient visiter son peuple ; de la même manière que le prêtre et le lévite de la parabole du bon Samaritain, encombrés par la Loi, passèrent à côté de l’essentiel. Marthe, elle aussi, est encombrée par une loi, celle de la bienséance. Pour recevoir Jésus, ce Rabbi qu’elle admire, elle se sent obligée de mettre les petits plats dans les grands. Ce n’est pas, en soi, une mauvaise chose, et Jésus ne lui en fait pas, a priori, le reproche. Mais, par contre, si cette façon de recevoir entraîne la jalousie envers sa sœur –« ma sœur me laisse seule, à faire le service »– et la rend indisponible à celui qui vient la visiter – « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses »- alors, oui, il aurait mieux valu un accueil « à la bonne franquette ». Des règles de bienséance, de la façon de faire de notre milieu, d’une morale trop rigide, de quoi devons-nous désencombrer nos vies pour être disponibles à la rencontre ?
Cultiver l’écoute…
Il en va dans cet Évangile de l’accueil de l’autre, qui est toujours une figure du Christ, mais il en va également de la disponibilité à la Parole de Dieu : « Marie, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. » Plutôt que d’opposer action et contemplation, ne faudrait-il pas opposer une logique de la Loi à une logique de la Grâce ? Marthe croit savoir comment Jésus doit être servi, et elle s’active à accomplir ses obligations d’hôtesse dans ce « service compliqué », comme le judaïsme de l’époque qui croit savoir comment servir Dieu en accomplissant le « service compliqué » de la Loi. Dans cette logique de la Loi, on n’a plus vraiment besoin de Dieu pour être sauvé, le Salut se construit uniquement à la force de ses propres mérites. Marie qui écoute le Seigneur, représente, au contraire, le disciple qui reconnaît en Jésus Christ la Parole faite chair, qui cultive une relation vivante avec Lui et qui reçoit gratuitement de Lui le Salut ! Dans cette logique de la Grâce, nos activités, loin d’être absentes, s’ajustent à la volonté de Dieu par l’écoute de sa Parole et authentifient notre disponibilité à l’action de sa grâce en nous ! Alors, prétendrons-nous que la vie chrétienne se réduit à l’application d’une morale et à l’observation d’obligations et d’interdits ? Ou cultiverons-nous une relation vivante avec le Christ et une écoute attentive de sa Parole pour ajuster sans cesse notre réponse à sa volonté ?
Simplifier nos vies ?
Désencombrer nos vies, cultiver l’écoute, mais il y a plus… Dans ce verbe « simplifier », il nous faut entendre aussi, aller vers le simple, c’est-à-dire l’unique, l’essentiel, le Bon, le Beau, le Bien : « Elle a choisi la meilleure part », littéralement « la bonne part » -ce qui nous sort du comparatisme auquel nous sommes trop enclins-. Au contraire d’une vie compliquée, où l’accessoire prend toute la place, l’évangile de Marthe et Marie nous invite à une vie simple, unifiée, centrée sur l’essentiel, libérée des soucis pour « bien des choses » qui n’en valent pas la peine. Puisque nous avons pris goût à l’Évangile, ne laissons pas l’accessoire étouffer notre désir, selon l’avertissement de la parabole du semeur : « Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux qui entendent [la Parole] et qui, du fait des soucis, des richesses et des plaisirs de la vie, sont étouffés en cours de route et n’arrivent pas à maturité. » (Lc 8,14)
Comme Marie, comme Marthe,
saurons-nous simplifier nos vies
et choisir la meilleure part ?
Simplifier nos vies !
18 juillet 2010, 16° Dimanche ordinaire C – Lc 10,38-45 /
Pour ce texte trop connu, partons du bon pied ! Marthe et Marie ne sont pas les représentantes de la vie active et de la vie contemplative, ce qui conduirait à une conclusion erronée sur la meilleure part assimilée à la vie contemplative. Le passage de la semaine dernière, qui précède immédiatement celui de ce dimanche, suffit à démentir cette interprétation : c’est bien le Samaritain nourri de compassion active qui est montré en exemple face aux prêtres, passifs, encombrés dans leurs obligations liturgiques de pureté. En cohérence avec l’ensemble de l’Évangile, le récit de Marthe et Marie nous renvoie une fois de plus à l’essentiel : il s’agit de simplifier nos vies pour avancer vers l’unique nécessaire.
Désencombrer nos vies…
Remarquons d’abord que c’est Marthe qui invite Jésus dans sa maison ! Elle a le goût de l’accueillir, de le servir, de l’entendre certainement aussi mais, pour l’instant, elle est « accaparée par les multiples occupations du service », ou, comme le traduit la TOB, par « un service compliqué ». Avant d’en faire une lecture moralisante contre l’activisme, ne faut-il pas y voir, d’abord, une allusion au judaïsme de l’époque ? Soucieux de servir Dieu comme il faut, mais tellement occupé par les multiples lois et obligations du Temple, Israël rate le moment de la rencontre où Dieu lui-même, en Jésus Christ, vient visiter son peuple ; de la même manière que le prêtre et le lévite de la parabole du bon Samaritain, encombrés par la Loi, passèrent à côté de l’essentiel. Marthe, elle aussi, est encombrée par une loi, celle de la bienséance. Pour recevoir Jésus, ce Rabbi qu’elle admire, elle se sent obligée de mettre les petits plats dans les grands. Ce n’est pas, en soi, une mauvaise chose, et Jésus ne lui en fait pas, a priori, le reproche. Mais, par contre, si cette façon de recevoir entraîne la jalousie envers sa sœur –« ma sœur me laisse seule, à faire le service »– et la rend indisponible à celui qui vient la visiter – « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses »- alors, oui, il aurait mieux valu un accueil « à la bonne franquette ». Des règles de bienséance, de la façon de faire de notre milieu, d’une morale trop rigide, de quoi devons-nous désencombrer nos vies pour être disponibles à la rencontre ?
Cultiver l’écoute…
Il en va dans cet Évangile de l’accueil de l’autre, qui est toujours une figure du Christ, mais il en va également de la disponibilité à la Parole de Dieu : « Marie, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. » Plutôt que d’opposer action et contemplation, ne faudrait-il pas opposer une logique de la Loi à une logique de la Grâce ? Marthe croit savoir comment Jésus doit être servi, et elle s’active à accomplir ses obligations d’hôtesse dans ce « service compliqué », comme le judaïsme de l’époque qui croit savoir comment servir Dieu en accomplissant le « service compliqué » de la Loi. Dans cette logique de la Loi, on n’a plus vraiment besoin de Dieu pour être sauvé, le Salut se construit uniquement à la force de ses propres mérites. Marie qui écoute le Seigneur, représente, au contraire, le disciple qui reconnaît en Jésus Christ la Parole faite chair, qui cultive une relation vivante avec Lui et qui reçoit gratuitement de Lui le Salut ! Dans cette logique de la Grâce, nos activités, loin d’être absentes, s’ajustent à la volonté de Dieu par l’écoute de sa Parole et authentifient notre disponibilité à l’action de sa grâce en nous ! Alors, prétendrons-nous que la vie chrétienne se réduit à l’application d’une morale et à l’observation d’obligations et d’interdits ? Ou cultiverons-nous une relation vivante avec le Christ et une écoute attentive de sa Parole pour ajuster sans cesse notre réponse à sa volonté ?
Simplifier nos vies ?
Désencombrer nos vies, cultiver l’écoute, mais il y a plus… Dans ce verbe « simplifier », il nous faut entendre aussi, aller vers le simple, c’est-à-dire l’unique, l’essentiel, le Bon, le Beau, le Bien : « Elle a choisi la meilleure part », littéralement « la bonne part » -ce qui nous sort du comparatisme auquel nous sommes trop enclins-. Au contraire d’une vie compliquée, où l’accessoire prend toute la place, l’évangile de Marthe et Marie nous invite à une vie simple, unifiée, centrée sur l’essentiel, libérée des soucis pour « bien des choses » qui n’en valent pas la peine. Puisque nous avons pris goût à l’Évangile, ne laissons pas l’accessoire étouffer notre désir, selon l’avertissement de la parabole du semeur : « Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux qui entendent [la Parole] et qui, du fait des soucis, des richesses et des plaisirs de la vie, sont étouffés en cours de route et n’arrivent pas à maturité. » (Lc 8,14)
Comme Marie, comme Marthe,
saurons-nous simplifier nos vies
et choisir la meilleure part ?