1er août, 18° dimanche C – Lc 12, 13-21 /
« Être riche en vue de Dieu » ? Ne pas penser à ses vieux jours, ni à ses descendants ? C’est bien beau tout cela, mais nous ne sommes pas des anges ! Et « si la richesse ne fait pas le bonheur… elle y contribue » nous dit la sagesse populaire ! L’Évangile veut-il faire de nous des êtres éthérés et inconséquents, ou bien des êtres incarnés, orientés vers le Royaume et liés les uns aux autres ?
Incarnés !
« La vie d’un homme ne dépend pas de ses richesses. » (Lc 12,15) Premièrement, n’hésitons pas à le redire, l’Évangile ne veut pas nous extraire de notre situation humaine pour faire de nous des anges. Il ne s’agit donc certainement pas de rejeter la dimension matérielle de nos vies pour travailler au salut de nos âmes ! Nous sommes des êtres de chair, c’est-à-dire qui avons besoin de nourriture, d’une maison, de vêtements… pas seulement pour prendre soin d’un corps qui serait une enveloppe encombrante, mais pour vivre tout simplement… Que serait la vie sans le plaisir de la nourriture, sans la beauté d’un espace où je me sens bien, sans des vêtements qui me permettent de me sentir bien et d’entrer en relation avec les autres autrement que sur le mode d’un corps brut dénudé ? Nous ne sommes pas des âmes prisonnières dans un corps, nous sommes des êtres de chair qui n’existent que comme des êtres unifiés avec un corps, un intellect, un esprit mais aussi, dans une mesure différente, avec des vêtements, une habitation, une culture, des relations qui donnent chair à notre être. C’est de cette chair-là dont parle le Credo lorsque nous proclamons que nous croyons en la résurrection de la chair ! Bien sûr l’évangile de ce jour dénonce l’excès de confiance dans les biens matériel, mais ne tombons pas dans une spiritualité désincarnée. L’invitation insistante à nourrir l’affamé, à habiller celui qui est nu, à accueillir celui qui n’a pas de demeure, nous dit bien l’importance de la dimension charnelle de nos vies : nous sommes des êtres incarnés !
Orientés !
« Être riche en vue de Dieu ! », littéralement « auprès de Dieu » c’est-à-dire « en contribuant au Royaume de Dieu ». Peut-être, pour sortir encore de notre vision, par trop dualiste, opposant matériel à spirituel, faut-il nous replacer dans une vue plus large, plus holistique, plus « cosmique » du salut : « la création garde l’espérance, car elle aussi sera libérée… Elle gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8,20-21). La création tout entière est orientée vers l’avènement du Royaume ! En effet, avec les problèmes environnementaux, nous devenons de plus en plus conscients que nous ne sommes pas maîtres de la nature, que nous ne la possédons pas comme si nous pouvions en faire ce que nous voulons, nous ne sommes que les gestionnaires de cette terre qui nous a été confiée pour « la cultiver et la garder » (Gn 2,15). Tous nos biens matériels, de notre parcelle de terre à notre ordinateur, en passant par notre voiture et nos vêtements, ne sont que des éléments de la nature, minéraux, végétaux, animaux, transformés à notre service. Que vont-ils devenir après que nous aurons fini de les utiliser ? Vont-ils revenir à la nature ? Pourront-t-ils être libérés en vue de l’avènement du Royaume ? Notre rapport aux biens n’est donc pas simplement de l’ordre du détachement, lié à l’évidence que nous n’emporterons rien dans notre tombe, mais, bien plus, de l’ordre d’une matière que nous devons accompagner vers sa libération, vers sa christification dirait Teilhard de Chardin. La création tout entière, y compris nos êtres charnels, est fondamentalement orientée vers le Royaume.
Liés !
L’Évangile dénonce donc les richesses non orientées vers la construction du Royaume de Dieu, l’appropriation des biens de ce monde par quelques-uns au détriment du grand nombre, « l’âpreté au gain » qui entraîne moult injustices et rend aveugle envers les « pauvres Lazare » qui croupissent à nos portes. Mais Jésus Christ va plus loin et semble dénoncer également le désir légitime de transmettre un héritage à ses descendants. Cela ne nous est guère facile à admettre, mais l’Évangile nous invite toujours à dépasser nos attaches naturelles pour entrer dans une fraternité universelle. Nous ne pouvons être heureux tout seuls, ou vouloir uniquement le bonheur de notre clan familial, tandis que le monde qui nous entoure vivrait dans la misère et la douleur. L’avènement du Royaume de Dieu nécessite une fraternité universelle et donc la prise de conscience d’un héritage universel, parcelle de cette terre, qui nous a été prêtée un temps et que nous avons à transmettre aux êtres qui nous suivront, puisque nous sommes tous liés à la création qui chemine vers sa libération.
Alors pensez-vous pouvoir atteindre le bonheur sans aucun bien matériel ?
Ou désirez-vous vivre les pieds sur terre, en êtres incarnés, orientés vers le Royaume et liés à la destinée de tout le Cosmos ?
Les pieds sur terre
1er août, 18° dimanche C – Lc 12, 13-21 /
« Être riche en vue de Dieu » ? Ne pas penser à ses vieux jours, ni à ses descendants ? C’est bien beau tout cela, mais nous ne sommes pas des anges ! Et « si la richesse ne fait pas le bonheur… elle y contribue » nous dit la sagesse populaire ! L’Évangile veut-il faire de nous des êtres éthérés et inconséquents, ou bien des êtres incarnés, orientés vers le Royaume et liés les uns aux autres ?
Incarnés !
« La vie d’un homme ne dépend pas de ses richesses. » (Lc 12,15) Premièrement, n’hésitons pas à le redire, l’Évangile ne veut pas nous extraire de notre situation humaine pour faire de nous des anges. Il ne s’agit donc certainement pas de rejeter la dimension matérielle de nos vies pour travailler au salut de nos âmes ! Nous sommes des êtres de chair, c’est-à-dire qui avons besoin de nourriture, d’une maison, de vêtements… pas seulement pour prendre soin d’un corps qui serait une enveloppe encombrante, mais pour vivre tout simplement… Que serait la vie sans le plaisir de la nourriture, sans la beauté d’un espace où je me sens bien, sans des vêtements qui me permettent de me sentir bien et d’entrer en relation avec les autres autrement que sur le mode d’un corps brut dénudé ? Nous ne sommes pas des âmes prisonnières dans un corps, nous sommes des êtres de chair qui n’existent que comme des êtres unifiés avec un corps, un intellect, un esprit mais aussi, dans une mesure différente, avec des vêtements, une habitation, une culture, des relations qui donnent chair à notre être. C’est de cette chair-là dont parle le Credo lorsque nous proclamons que nous croyons en la résurrection de la chair ! Bien sûr l’évangile de ce jour dénonce l’excès de confiance dans les biens matériel, mais ne tombons pas dans une spiritualité désincarnée. L’invitation insistante à nourrir l’affamé, à habiller celui qui est nu, à accueillir celui qui n’a pas de demeure, nous dit bien l’importance de la dimension charnelle de nos vies : nous sommes des êtres incarnés !
Orientés !
« Être riche en vue de Dieu ! », littéralement « auprès de Dieu » c’est-à-dire « en contribuant au Royaume de Dieu ». Peut-être, pour sortir encore de notre vision, par trop dualiste, opposant matériel à spirituel, faut-il nous replacer dans une vue plus large, plus holistique, plus « cosmique » du salut : « la création garde l’espérance, car elle aussi sera libérée… Elle gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8,20-21). La création tout entière est orientée vers l’avènement du Royaume ! En effet, avec les problèmes environnementaux, nous devenons de plus en plus conscients que nous ne sommes pas maîtres de la nature, que nous ne la possédons pas comme si nous pouvions en faire ce que nous voulons, nous ne sommes que les gestionnaires de cette terre qui nous a été confiée pour « la cultiver et la garder » (Gn 2,15). Tous nos biens matériels, de notre parcelle de terre à notre ordinateur, en passant par notre voiture et nos vêtements, ne sont que des éléments de la nature, minéraux, végétaux, animaux, transformés à notre service. Que vont-ils devenir après que nous aurons fini de les utiliser ? Vont-ils revenir à la nature ? Pourront-t-ils être libérés en vue de l’avènement du Royaume ? Notre rapport aux biens n’est donc pas simplement de l’ordre du détachement, lié à l’évidence que nous n’emporterons rien dans notre tombe, mais, bien plus, de l’ordre d’une matière que nous devons accompagner vers sa libération, vers sa christification dirait Teilhard de Chardin. La création tout entière, y compris nos êtres charnels, est fondamentalement orientée vers le Royaume.
Liés !
L’Évangile dénonce donc les richesses non orientées vers la construction du Royaume de Dieu, l’appropriation des biens de ce monde par quelques-uns au détriment du grand nombre, « l’âpreté au gain » qui entraîne moult injustices et rend aveugle envers les « pauvres Lazare » qui croupissent à nos portes. Mais Jésus Christ va plus loin et semble dénoncer également le désir légitime de transmettre un héritage à ses descendants. Cela ne nous est guère facile à admettre, mais l’Évangile nous invite toujours à dépasser nos attaches naturelles pour entrer dans une fraternité universelle. Nous ne pouvons être heureux tout seuls, ou vouloir uniquement le bonheur de notre clan familial, tandis que le monde qui nous entoure vivrait dans la misère et la douleur. L’avènement du Royaume de Dieu nécessite une fraternité universelle et donc la prise de conscience d’un héritage universel, parcelle de cette terre, qui nous a été prêtée un temps et que nous avons à transmettre aux êtres qui nous suivront, puisque nous sommes tous liés à la création qui chemine vers sa libération.
Alors pensez-vous pouvoir atteindre le bonheur sans aucun bien matériel ?
Ou désirez-vous vivre les pieds sur terre, en êtres incarnés, orientés vers le Royaume et liés à la destinée de tout le Cosmos ?