8 août 2010, 19° dimanche C, Lc 12,32-48 /
Ambitieux ? Le qualificatif n’a pas toujours bonne presse, car on l’associe souvent aux personnages sans scrupules, alors qu’au sens premier, l’ambitieux est celui qui désire passionnément réussir. Dieu n’est-il donc pas ambitieux pour le Royaume ? À travers les trois petites paraboles de l’évangile de ce jour, ne nous invite-t-il pas à cultiver, nous aussi, ce désir passionné de réussite en vue du Royaume de Dieu ?
Réussir sa vie !
Plusieurs expressions de notre passage parlent d’attente, de veille, de vigilance mais certainement pas dans le désoeuvrement, les mains jointes, et l’abandon apathique à la supposée volonté de Dieu. Au contraire, loin de nous sortir de nos responsabilités humaines, le Seigneur se réjouit de celui ou celle qui fait fructifier ses talents : « Heureux serviteur que le maître en arrivant trouvera à son travail… » (Lc 12,43) Notre réserve, face à l’idée de réussite, vient peut-être d’une fausse représentation du Royaume de Dieu, c’est-à-dire d’une projection dans l’au-delà de ce Royaume. Il y aurait la vie ici-bas, plus ou moins pénible, plus ou moins heureuse et la vie à venir, plus ou moins béatifique, plus ou moins infernale… Oserai-je dire qu’il n’y a qu’Une vie, qu’il n’y a qu’Une réalité qui se déploie depuis cette terre jusque dans « les cieux » ? Si c’est bien le cas, comme je le crois, alors être ambitieux pour sa vie et être ambitieux pour le Royaume de Dieu ne font qu’un ! Si c’est bien le cas, alors travailler au « salut de son âme » et travailler au développement de cette terre ne font qu’un ! Si c’est bien le cas, alors réussir sa vie ici-bas et en Dieu ne font qu’un !
Quelle est notre ambition ?
Il va sans dire qu’être ambitieux pour le Royaume, ou en vue du Royaume et être ambitieux tout court, cela n’est pas la même chose : « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. »(Lc 12,47) Quelle est donc notre ambition ? Réussir sa vie matériellement ? Réussir sa vie relationnellement ? Réussir sa vie spirituellement ? Encore une fois, si le Royaume commence dès ici-bas, ces différentes dimensions peuvent légitimement nourrir notre ambition. Mais j’ajouterais volontiers un accent peut-être plus évangélique : il s’agirait de réussir sa vie avec les autres, et même, si l’on pense au Christ en croix, de réussir sa vie pour les autres ! Quelle est notre ambition pour les autres ? Pour nos proches, mais aussi pour nos frères, nos sœurs à l’autre bout de la planète ? Connaissant la situation dramatique de bien des personnes dans nos sociétés et de bien des peuples au loin, en tant que chrétiens, nous devrions avoir les ailes grandes déployées pour nous porter là où l’être humain est menacé. Et, nous en sommes de plus en plus conscients, cela va de paire avec un engagement pour une planète plus respectée dans toutes ses dimensions : minérale, végétale, animale… humaine. Quelle est notre ambition ? Vers où nous porterons-nous pour hâter la venue du jour de Dieu, comme dit Pierre (2P 3,12) ?
Dans l’espérance !
« Gardez vos lampes allumées… tenez-vous prêts ! ». L’Espérance, le désir confiant est une dimension essentielle pour orienter notre ambition. Nous le savons, notre monde est imparfait et malgré tous nos efforts il est marqué par sa finitude. Mais l’espérance chrétienne, c’est l’assurance que nous ne travaillons pas en vain et que le Royaume de Dieu est déjà là, même s’il ne l’est pas encore en plénitude. « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32) Benoît XVI a longuement développé, dans son encyclique Spe Salvi, la dimension dynamique de cette espérance qui, loin de nous tétaniser dans l’attente d’un Royaume à venir, nourrit notre agir : « Le Règne de Dieu n’est pas un au-delà imaginaire, placé dans un avenir qui ne se réalise jamais ; son règne est présent là où il est aimé et où son amour nous atteint. Seul son amour nous donne la possibilité de persévérer avec sobriété jour après jour, sans perdre l’élan de l’espérance, dans un monde qui, par nature, est imparfait. Et, en même temps, son amour est pour nous la garantie qu’existe ce que nous pressentons vaguement et que, cependant, nous attendons au plus profond de nous-mêmes : la vie qui est « vraiment » vie. » (Spe Salvi § 31)
De nos petites vies étriquées, à l’avènement du Royaume de Dieu, il y a de l’espace pour nos ambitions !
Voulez-vous, vous aussi, réussir votre vie ?
Serez-vous ambitieux…
…en vue du Royaume ?
Être ambitieux ?
8 août 2010, 19° dimanche C, Lc 12,32-48 /
Ambitieux ? Le qualificatif n’a pas toujours bonne presse, car on l’associe souvent aux personnages sans scrupules, alors qu’au sens premier, l’ambitieux est celui qui désire passionnément réussir. Dieu n’est-il donc pas ambitieux pour le Royaume ? À travers les trois petites paraboles de l’évangile de ce jour, ne nous invite-t-il pas à cultiver, nous aussi, ce désir passionné de réussite en vue du Royaume de Dieu ?
Réussir sa vie !
Plusieurs expressions de notre passage parlent d’attente, de veille, de vigilance mais certainement pas dans le désoeuvrement, les mains jointes, et l’abandon apathique à la supposée volonté de Dieu. Au contraire, loin de nous sortir de nos responsabilités humaines, le Seigneur se réjouit de celui ou celle qui fait fructifier ses talents : « Heureux serviteur que le maître en arrivant trouvera à son travail… » (Lc 12,43) Notre réserve, face à l’idée de réussite, vient peut-être d’une fausse représentation du Royaume de Dieu, c’est-à-dire d’une projection dans l’au-delà de ce Royaume. Il y aurait la vie ici-bas, plus ou moins pénible, plus ou moins heureuse et la vie à venir, plus ou moins béatifique, plus ou moins infernale… Oserai-je dire qu’il n’y a qu’Une vie, qu’il n’y a qu’Une réalité qui se déploie depuis cette terre jusque dans « les cieux » ? Si c’est bien le cas, comme je le crois, alors être ambitieux pour sa vie et être ambitieux pour le Royaume de Dieu ne font qu’un ! Si c’est bien le cas, alors travailler au « salut de son âme » et travailler au développement de cette terre ne font qu’un ! Si c’est bien le cas, alors réussir sa vie ici-bas et en Dieu ne font qu’un !
Quelle est notre ambition ?
Il va sans dire qu’être ambitieux pour le Royaume, ou en vue du Royaume et être ambitieux tout court, cela n’est pas la même chose : « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. »(Lc 12,47) Quelle est donc notre ambition ? Réussir sa vie matériellement ? Réussir sa vie relationnellement ? Réussir sa vie spirituellement ? Encore une fois, si le Royaume commence dès ici-bas, ces différentes dimensions peuvent légitimement nourrir notre ambition. Mais j’ajouterais volontiers un accent peut-être plus évangélique : il s’agirait de réussir sa vie avec les autres, et même, si l’on pense au Christ en croix, de réussir sa vie pour les autres ! Quelle est notre ambition pour les autres ? Pour nos proches, mais aussi pour nos frères, nos sœurs à l’autre bout de la planète ? Connaissant la situation dramatique de bien des personnes dans nos sociétés et de bien des peuples au loin, en tant que chrétiens, nous devrions avoir les ailes grandes déployées pour nous porter là où l’être humain est menacé. Et, nous en sommes de plus en plus conscients, cela va de paire avec un engagement pour une planète plus respectée dans toutes ses dimensions : minérale, végétale, animale… humaine. Quelle est notre ambition ? Vers où nous porterons-nous pour hâter la venue du jour de Dieu, comme dit Pierre (2P 3,12) ?
Dans l’espérance !
« Gardez vos lampes allumées… tenez-vous prêts ! ». L’Espérance, le désir confiant est une dimension essentielle pour orienter notre ambition. Nous le savons, notre monde est imparfait et malgré tous nos efforts il est marqué par sa finitude. Mais l’espérance chrétienne, c’est l’assurance que nous ne travaillons pas en vain et que le Royaume de Dieu est déjà là, même s’il ne l’est pas encore en plénitude. « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32) Benoît XVI a longuement développé, dans son encyclique Spe Salvi, la dimension dynamique de cette espérance qui, loin de nous tétaniser dans l’attente d’un Royaume à venir, nourrit notre agir : « Le Règne de Dieu n’est pas un au-delà imaginaire, placé dans un avenir qui ne se réalise jamais ; son règne est présent là où il est aimé et où son amour nous atteint. Seul son amour nous donne la possibilité de persévérer avec sobriété jour après jour, sans perdre l’élan de l’espérance, dans un monde qui, par nature, est imparfait. Et, en même temps, son amour est pour nous la garantie qu’existe ce que nous pressentons vaguement et que, cependant, nous attendons au plus profond de nous-mêmes : la vie qui est « vraiment » vie. » (Spe Salvi § 31)
De nos petites vies étriquées, à l’avènement du Royaume de Dieu, il y a de l’espace pour nos ambitions !
Voulez-vous, vous aussi, réussir votre vie ?
Serez-vous ambitieux…
…en vue du Royaume ?