Comme Marie ?…

15  août 2010 – Assomption   / Lc 1, 39-56

En cette fête de l’Assomption, nous célébrons l’exaltation de la Vierge Marie « qui après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. » (cf. Dogme de l’Assomption)  Dieu, en faisant bénéficier Marie de cette « résurrection de la chair », lui a communiqué ce qui est également promis à tout croyant. En effet, la destinée de Marie ne peut, en aucun cas, être dissociée de celle que la tradition chrétienne a très tôt reconnue aux martyrs et aux saints, et il n’est pas anodin que ce dogme de l’Assomption ait été promulgué en la fête de la Toussaint ! Si l’Assomption n’est reconnue explicitement qu’à propos de Marie, en raison de ce qu’elle est l’unique « Mère de Dieu », cela n’en signifie pas moins que cette fête préfigure ce à quoi sont appelés tous les croyants…

Comme Marie, se laisser habiter par l’Esprit !

Ce n’est pas par ses propres mérites que Marie est devenue la Mère du Seigneur, mais par sa disponibilité à l’action de l’Esprit en elle. À la promesse de l’ange « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre » (Lc 1, 35), elle répondit : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit. » (Lc 1, 38) Prendre conscience de cela est très important, cela signifie que chacun d’entre nous, malgré nos faiblesses, nos limites, notre finitude peut se rendre disponible à l’Esprit, comme Marie. Elisabeth ne lui dit pas qu’elle est bien gentille de venir lui rendre visite, mais qu’elle est « bénie entre toutes les femmes ». L’ange ne lui dit pas qu’il est venu à elle car elle est la meilleure, mais « Réjouis-toi, comblée de grâce ! ». Ne sommes-nous pas, nous aussi, chacun de façon spécifique, comblés de grâces, de dons gratuits de la part de Dieu : d’un corps qui fonctionne (plus ou moins bien), d’une intelligence, de talents mais aussi d’une terre, d’une famille, d’amis, etc ? Saurons-nous, comme Marie, nous rendre disponibles à ces grâces qui nous constituent ? Saurons-nous nous laisser revêtir par l’Esprit ?

Comme Marie, devenir croyant !

« Heureuse celle qui a cru… » lui dit Elisabeth. « Elle a cru, c’est-à-dire qu’elle a accepté d’entrer dans le projet de Dieu sur elle, sans tout comprendre. »[1] Croire, ce n’est pas une démarche intellectuelle, on ne peut croire de l’extérieur au projet de Dieu, cela engage toute la vie. Dans un mariage, on accorde sa confiance à celui ou celle envers qui on s’engage, sans savoir par avance où cela nous mènera, sans connaître pleinement l’autre, mais dans l’objectif de construire un projet de vie ensemble. Il en va de même dans la foi. Marie ne connaissait pas d’avance tous les glaives qui transperceraient son cœur de mère : un enfant qui sera d’abord « aux affaires de son Père » (Lc 3,49) ; un enfant qui revendiquera une famille universelle : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » (Mt 12,48) ; un enfant, enfin, qui sera crucifié comme un bandit… À travers ces épreuves, Marie passera de son statut de mère à celui de disciple, mais elle savait bien, dès le départ, que son oui ne consistait pas à écrire une histoire individuelle avec Dieu, mais l’ouvrait à l’horizon large du projet de Dieu pour le monde. Son Magnificat en témoigne admirablement : « tous les âges me diront bienheureuse… son amour s’étend d’âge en âge… il disperse les superbes… il élève les humbles… il se souvient de la promesse faite à nos pères… ». Sommes-nous prêts, comme Marie, à devenir croyants, à entrer dans le projet de Dieu, même si nous ne savons pas jusqu’où cela nous engagera ?

Comme Marie, entrer dans la vie de Dieu !

Revenons au cœur de notre fête : si Marie est élevée dans la gloire de Dieu, c’est parce qu’elle s’est laissée habiter par l’Esprit, c’est parce qu’elle est devenue croyante… comme de nombreux autres saints ou martyrs. Cette vie en Dieu, n’est pas une récompense, elle était déjà en œuvre de son vivant. Et c’est ce à quoi tout disciple est appelé ! Contrairement à une certaine croyance, le dogme de l’Assomption ne dit pas que Marie n’est pas morte (même Jésus est mort !), mais il implique que son corps n’a pas connu la corruption, ce dont nous avons une idée par l’exemple de plusieurs saints dont le corps est demeuré intact. Il y a donc bien là une spécificité mais non pas une sortie de notre condition humaine : Marie, simplement, nous précède ! Peut-être quelques-uns d’entre vous bénéficieront-ils de cette incorruptibilité du corps… mais tous nous sommes appelés, comme la mère de Jésus, à entrer dans la vie de Dieu, dans la famille de Dieu, car il nous l’assure : « ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique ! » (Lc 8,21)

Comme Marie ?

[1] Marie-Noëlle Thabut, L’intelligence des Écritures, Tome 2, page 269

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