Ingrid, vous et moi…

Une belle semaine s’achève, avec, qui plus est, le soleil au rendez-vous… Belle semaine à plus d’un titre, dont je voudrais vous partager au moins deux éléments, autour d’un même thème, celui de la relecture de vie…

Ingrid… Même le silence a une fin

Je viens, en effet, d’achever la lecture du livre d’Ingrid Betancourt sur ses six années et demie de captivité dans la jungle amazonienne de Colombie aux mains des FARC. Chapeau bas ! Au long de ces 700 pages, Ingrid nous dévoile, certes, les conditions de ses années de détention, mais elle nous dévoile surtout son âme !

L’admirable ici n’est pas tellement l’aspect héroïque de cette vie, elle ne se présente ni comme une sainte, ni comme une victime à plaindre… L’admirable est plutôt du côté de la mise à nu de son âme, de la lutte pour demeurer humaine, de sa capacité à nous renvoyer à notre propre humanité.

Plusieurs personnes, depuis sa libération, y compris certains de ses codétenus, ont tenté de descendre Ingrid de son piédestal : on l’a présentée comme sournoise et égoïste, on l’a raillée pour sa demande d’indemnisation à l’Etat Colombien… Mais comment peut-on se permettre de poser de tels jugements, face à une femme enchaînée par le cou durant des années, face à une femme humiliée dans toutes les dimensions de son être ! Et quel en est l’intérêt ? Ceux qui veulent la rabaisser pensent-ils que cela va les grandir ?

Rien de cette jalousie, ou de cette amertume, dans le récit d’Ingrid ! Elle nous partage, au contraire, son regard acéré sur ses propres difficultés, celles de ses compagnons de détention, et celles de ses gardes à rester des humains dans des conditions inhumaines… Son livre n’est pas un long gémissement, mais un hymne à la Vie. À longueur de page, elle nous redit qu’elle a finalement accueilli cette épreuve pour apprendre à vivre, pour se convertir à une vie plus humaine, pour redécouvrir ce qui est essentiel dans une vie… Et que, peut-être, elle devait vivre cela…

Rien de l’ordre de la mesquinerie dans le récit d’Ingrid ! Mais un tempérament bien trempé, qui refuse l’injustice, qui refuse de jouer le rôle du coupable, qui prend des risques incroyables pour défendre sa dignité et celle des autres, qui tentera de s’évader cinq fois, avec les mesures de rétorsions qui en découleront… Comportements qui ne manqueront pas de susciter la jalousie, la rancœur, l’humiliation. Bien sûr, il y aura des moments de descente aux enfers, des périodes où la mort rôde alentour, et des moments de répit… Mais c’est surtout le témoignage que la Vie, finalement, réussira à se frayer un chemin, grâce aux autres – il leur arrive d’être des anges- : les messages radio des proches, de sa mère, de ses enfants, tel détenu qui apporte son aide, son amitié, tel gardien dont la compassion se réveille, et tous ceux et celles qui ont travaillé, sans relâche, à la libération des détenus…

Une relecture de vie admirable, où la souffrance, comme les étincelles de joie sont recueillies pour en faire jaillir la Vie !

Relire sa vie…

J’avais déjà eu l’occasion de relire ma vie, d’en rechercher le fil conducteur, c’est-à-dire la grâce de Dieu, qui m’avait conduit jusqu’où j’en suis aujourd’hui. Mais je ne l’avais jamais vécue à cette profondeur… Une fois de plus la session proposée, intitulée « Notre vie affective et son histoire », fut très fructueuse… Je ne peux guère vous en dire trop sur cette expérience, à la fois personnelle, et vécue à plusieurs… Mais vous saurez lire entre les lignes de mon commentaire d’évangile de ce dimanche, et dans le partage de ma lecture du livre d’Ingrid Betancourt, qu’il en va de l’accueil de ses blessures, du consentement à ce qui nous est donné de vivre, du pardon à la vie pour se laisser relever et faire alliance avec la Vie, qui n’est autre que celle de Dieu…

Cela vous parle-t-il ?

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2 réponses à Ingrid, vous et moi…

  1. Monique Grégoire dit :

    Bonjour Benoît,
    Heureux anniversaire pour ces dix années de sacerdoce.
    J’espère que le Québec a été une bonne rampe de lancement dans cette vie consacrée au Christ et à son Église?
    J’apprécie beaucoup tes commentaires de lecture et le partage de tes expériences
    nouvelles et vivifiantes.
    L’adage « Loin des yeux, loin du coeur » ne s’applique pas car avec ce courrier la communication passe et permet de mieux te connaître.
    Dommage que tu ne chantes pas… Ah! Ah!
    Et que dire des photos qui nous font voyager…
    Merci et union de prières.
    Monique

  2. M. Joseph dit :

    Bonjour Benoit
    C’est la première fois que je visite votre blog et j’en suis très contente. Votre blog est intéressant, original. Je voudrais vous dire bonne fête pour vos dix années de sacerdoce. Tout est grâce de Dieu. Je voudrais aussi vous envoyer un mot que j’ai lu dans un feuillet et que je trouve très intéressant :
    Une grande union à Dieu, par la prière et l’écoute de la Parole de Dieu ;
    Participer à la vie de l’Eglise, pour mieux la connaître ;
    Aimer ce monde auquel il est envoyé ;
    Faire confiance à la miséricorde de Dieu, pour soi et pour les autres.

    Union de prières.
    M. Joseph

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