Communier à la joie de Dieu !

9 octobre 2011, 28ème dimanche A, Mt 22,1-14 /

De nouveau une parabole de noces, une parabole du Royaume. Il en va ici bien sûr, dans la perspective de Matthieu, d’une invective contre les premiers invités du Seigneur : « le peuple de l’Alliance » qui refuse l’invitation des noces lancée par Jésus Christ et se voit défait de ses prérogatives au profit de tous ceux qui veulent bien entrer dans la salle du banquet, « les mauvais comme les bons ». Empruntons, si vous le voulez bien, une autre clef de lecture : communier à la joie de Dieu !

Entrer dans la joie d’autrui !

Premièrement, interrogeons-nous sur le pourquoi de ce refus des premiers invités. « Un roi célébrait les noces de son fils » et les invités n’en ont que faire : les uns sont préoccupés de leur champ, les autres de leur commerce, d’autres encore maltraitent et tuent les envoyés. Non seulement ils ne se sentent pas concernés par cette fête, mais plus encore ils se sentent agressés par l’invitation. Cela ne vous rappelle-t-il pas une autre parabole ? Ce fils aîné incapable d’accéder à la fête et de se réjouir comme son père du retour du fils aventureux ? Oui, c’est vrai, nous ne sommes pas toujours au centre de la fête, mais n’est-ce pas une superbe place que de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la fête réussisse et pour entrer dans la joie d’autrui ? Jean-Baptiste nous le dit superbement : « L’époux, c’est celui à qui l’épouse appartient ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé. » (Jn 3,29) Qu’est-ce qui nous retient au seuil de la joie de Dieu ? La jalousie ? Le besoin de reconnaissance ? Mes propres soucis ? L’indifférence à ce qui se vit autour de moi ? Comment entrer dans la joie d’autrui ?

Une joie à recevoir !

« On conçoit souvent la joie comme la récompense de nos efforts, liée, par exemple, à la satisfaction d’un travail bien fait, instant fugace dans une existence riche en soucis »[1]. Or, la joie nous précède, puisqu’elle est d’abord Joie de Dieu pour tout ce qui fait grandir la vie donnée ! Ainsi cette joie nous devance dans chaque rencontre : « l’autre est source de joie, non pas par les satisfactions qu’il peut m’apporter, mais parce qu’il est aimé de Dieu d’une manière unique et qu’il m’est confié par Dieu. Tu es la joie de Dieu, Il veut que tu sois aussi la mienne. »1 Ce désir de Dieu de nous partager sa joie est essentiel ! Alors qu’il n’a plus guère de temps parmi ses disciples, Jésus résume ainsi sa prédication : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. » (Jn 15,11)  Nous n’avons donc pas à créer la joie, qui est Vie et qui nous précède, mais nous avons à l’accueillir, à répondre à l’invitation des noces relancée sans cesse malgré tout nos refus.

Une joie active

L’invité qui ne porte pas le vêtement des noces illustre une autre forme de refus. Tout est prêt pour le banquet, la table est dressée, il accepte l’invitation, mais il ne fait pas le minimum nécessaire pour participer à la joie du festin : il ne revêt pas l’habit de fête. La joie ne peut être passive, elle requiert notre consentement actif. Il est donc significatif de noter le lien qu’opère Jésus dans la citation de Jean mentionnée ci-dessus : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15,11-12) Le vêtement des noces, n’est-ce pas tout simplement ce que nous mettons en œuvre pour transmettre, autour de nous, la joie reçue gratuitement ? Non pas à la manière d’un boutentrain, mais par l’amour partagé, le pauvre relevé, la justice rétablie,la Création valorisée, etc. ?

La phrase finale, enfin, sur les élus peu nombreux, comme toujours dans les Évangiles, n’a pas pour objectif de susciter en nous une curiosité malsaine sur le nombre de sauvés, mais de renvoyer chacun à l’exigence de sa propre vie :

Souhaitons-nous entrer dans la joie d’autrui ?

Voulons-nous accueillir la joie de Dieu qui nous précède ?

Et faire de cette joie une source active pour notre vie ?

Bref, désirons-nous communier à la joie de Dieu ?



[1] Extrait de commentaires de Taizé surla Parole de Dieu

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4 réponses à Communier à la joie de Dieu !

  1. Québec, Canada, en ce jour de l’Action de grâce du 9 octobre 2011,
    Fragilité de l’être !
    Je reconnais que l’envoi d’une force spirituelle, celle d’un certain noviciat, m’a permis de relever un défi, celui de communier davantage à la joie de Dieu afin
    de ne pas manquer le festin …
    TLV

  2. Ping : Frères et sœurs en Assomption | Assomptionnistes en Afrique de l'Ouest

  3. Christian Sacy dit :

    Ma chère Thérèse,

    Le festin est déjà commencé, il ne faut pas attendre le dernier jour de notre vie pour se régaler au banquet. Et comme disait ce matin Fr Édouard les viandes grasses peuvent créer des problèmes pour certains régimes, mais pour ce qui a trait au vin…ça ne peut que faire du bien.

    Daniela et Christian

  4. Rouette, Chantal dit :

    En cette fin de semaine d’Action de grâces au Québec, j’aimerais en faire une (action de grâce) pour cette communion avec nos frères d’Afrique. Continue Benoît à nous informer sur ce que tu vis dans ton nouveau pays d’adoption. Même si nous ne faisons pas de commentaires, tu es lu et nous apprécions les nouvelles de ton pays. Pour ceux qui n’iront jamais en Afrique, c’est une manière de vivre cela par procuration. Nous apprécions aussi grandement tes commentaires bibliques.

    Nous constatons toute la joie qui t’habite, cette joie du banquet auquel nous invite le Christ. Vous avez du pain sur la planche mais les défis à relever sont à ta mesure.

    Communion de prières pour soutenir votre travail pastoral la-bàs et vous, pour soutenir le travail de notre communnauté du Montmartre.

    Bonne continuation et merci (action de grâce)

    Chantal Rouette

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