Nouvelle naissance ?

Nuit de noël 2011, année B, Lc 2,1-14 /

Noël, au cas où nous l’aurions oublié vient du latin natalis qui renvoie à la naissance… L’origine païenne évoquait le jour de naissance du soleil invaincu et, depuis la christianisation de cette fête, nous célébrons le jour de naissance de notre sauveur invaincu Jésus Christ. Mais comment, malgré le retour chaque année de cette fête, la vivre, aujourd’hui encore, comme une nouvelle naissance ?

Un nouveau né ?

Faisons une analogie : les premiers chapitres du livre de la Genèse, nous le savons bien, ne nous parlent pas vraiment des origines historiques de notre monde mais des origines fondamentales de la Création et des êtres humains. Ces récits fondateurs visitent, à nouveau frais, les questions existentielles qui sont celles des êtres humains de tous les temps : D’où venons-nous ? Pourquoi le mal ? Pourquoi la mort ? Comment vivre la différence sexuelle ? Comment vivre la fraternité ? Notre vie a-t-elle un sens ? etc. De même, donc, la fête de Noël ne nous parle pas tant de la naissance de Jésus un 25 décembre, que de la nouvelle naissance de notre monde inaugurée par la naissance, certes, mais aussi la vie, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, il-y-a de cela 2000 ans. Cet enfant nouveau né qui deviendra l’homme pleinement accompli, selon le projet de Dieu, nous parle de chaque nouveau né, de chaque être humain, qui peut devenir, dorénavant, en Jésus Christ, un être humain pleinement accompli, selon le projet de Dieu pour lui ! Et pour cela il n’y a pas d’âge : « « Comment un homme, quand il est déjà vieux, peut-il naître? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère, et naître de nouveau ?  » Jésus répondit :  » En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » » (Jn 3,4-5)

Nouvelle naissance de notre monde ?

Je suis toujours admiratif, dans les récits sur l’enfance de Jésus, non pas de l’aspect pauvre et misérable de cette naissance – je crois que l’on exagère trop cette dimension en oubliant que dans bien des régions, aujourd’hui encore, l’étable est attenante à la maison d’habitation pour profiter notamment de la chaleur des animaux – mais, je suis admiratif, des différents éléments du monde qui participent de la joie de cette nouvelle naissance. D’une certaine manière, non seulement les plus humbles des hommes, mais aussi les différents éléments de la Création semblent les plus disponibles à ce qui est en train de se jouer là : l’étoile, la paille ou l’herbe douce de la mangeoire, les animaux de l’étable, les troupeaux de brebis, les bergers et les anges… Tous ces éléments du règne minéral, végétal, animal, et céleste, habités par le Verbe de Dieu, comme nous le rappelions la semaine dernière, pressentent la nouvelle naissance du monde entrain de se jouer dans la naissance de cet enfant. Cette nouvelle naissance de notre monde est en marche depuis deux milles ans, y serons-nous sensibles durant ces jours ? Le manteau de fête dont nous revêtons le sapin de notre demeure, nous rappelle-t-il aussi que toute la Création est en attente de ce manteau de fête, et que nous avons à l’en revêtir tout au long de l’année, elle qui « gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8,22) ?

Nouvelle naissance pour moi ?

L’Adam, le « Terreux », qui vit en moi, marqué de ses ambigüités, de sa violence, de ses mensonges, de ses inconséquences, de son péché… a été assumé dans cette nouvelle naissance. La généalogie de Jésus, selon Luc, nous le dit superbement : « Il était, à ce qu’on croyait, fils de Joseph, fils d’Héli […] fils de Kaïnam, fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu. » (Lc, 3,23…37) Noël célèbre donc aussi, la renaissance de ce vieil Adam qui est en moi. En Jésus Christ, l’Adam renouvelé, non seulement se redécouvre fils de Dieu mais est rendu capable de vivre pleinement son statut fondamental de fils de Dieu. La naissance du fils de Dieu, me dit qu’il est dorénavant possible pour moi de renaître fils de Dieu. Vais-je célébrer à Noël ma nouvelle naissance, celle de mon frère, de ma sœur, de chaque être humain rendu pleinement capable de vivre en enfant de Dieu ? Bien sûr cela ne se fera pas en un jour, mais de la même manière que l’anniversaire du jour de ma naissance terrestre me rappelle tout le potentiel humain dont j’ai hérité de ma famille, l’anniversaire de ce jour de nouvelle naissance pour l’humanité me rappelle tout le potentiel divin dont j’ai hérité de Jésus Christ ! Ce nouveau né, fils de la Terre et fils de Dieu, que nous célébrons à Noël, c’est Jésus de Nazareth, bien sûr, mais c’est aussi toi, moi, chaque être humain enfant de la Terre et enfant de Dieu !

Alors : Joyeux Noël,

Joyeuse nouvelle naissance,

À toute la Création, à tes frères et à toi !

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Une réponse à Nouvelle naissance ?

  1. « Togo : un pays à réinventer » :
    Cet article de Pierre S. Adjété paru dans la revue «Relations» (no 747 – mars 2011)
    m’intéresse davantage aujourd’hui . . . Attenant au texte, une carte géographique (en noir et blanc) situant Togo entouré des pays voisins, oriente la québécoise que je suis.
    Bonne année 2012 ! TLV

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