Comme chaque année revient la semaine de prière pour l’unité des chrétiens…
Malheureusement elle devient une habitude, au sens où nous sommes encore loin de l’unité ! Certes, cette semaine donne l’occasion d’heureuses rencontres, mais cette démarche peut paraître finalement routinière et peu efficace… Je crois qu’il n’en est rien, mais il faut toute l’énergie de la foi, de l’espérance et de la charité pour desceller année après année, jour après jour, les progrès de l’œcuménisme.
Comme effort pour cette semaine de l’unité des chrétiens je vous propose donc, entre autre, de prendre un peu de temps pour lire quelques articles qui font le point sur l’œcuménisme aujourd’hui :
- Une conférence de février 2010 du P. Michel Mallèvre (Directeur, en France, du Service National pour l’Unité des Chrétiens) sur « L’œcuménisme aujourd’hui. »
- o Dans le cadre du voyage de Benoît XVI en Allemagne : pour la première fois, un pape de l’Église catholique se rend « chez » Luther. Présentation courte du discours d’Erfurt, un texte qui marquera l’histoire de l’œcuménisme ou une présentation plus approfondie.
- Un entretien avec Mgr Gérard Daucourt également sur l’œcuménisme aujourd’hui
Avec toutes les lectures « qui font le point sur l’œcuménisme aujourd’hui » dans le blog de samedi dernier, la question de l’évangile « Que cherchez-vous », mise en évidence par P. Benoît, attrape un sens « actualisé ». Ou du moins, elle m’apparaît, à moi, comme « la » question qu’il faudrait se poser face à tout ce remue-ménage de positions ecclésiales. La question, mais aussi toute l’articulation de la question faite pour nous par P. Benoît. Bien sûr, on pourrait coller à soi et se sonder le cœur. Cela serait d’ailleurs tout à fait fécond. Les questions du premier paragraphe sont en effet un « petit parcours (qui) nous renvoie à notre propre parcours ». Mais je ne sais pas pourquoi, c’est à ces messieurs des conférences oecuméniques de tout poil que j’aimerais poser la question : « Que cherchez-vous ». Et puis aussi cette autre question , « Chercheurs en quoi », m’amènerait à demander : « Chercheurs pour qui ? ». On se réunit, on se « colloque », on se rencontre, mais au fond, il n’est pas vraiment clair pour moi « l’en vue de quoi » de ces meetings de hauts niveaux. Mais, enfin, pour le bien de qui ? Tout art, et toute investigation, et pareillement toute action et tout choix tendent vers quelque bien, disait Aristote. Mais ici, toutes ces recherches de « prise de position », sont en vue de quel bien ? Celui des universitaires qui forment ces divins comités ou celui du pauvre humain qui ne demande qu’à pouvoir vivre selon son cœur ? et qui cherche des sages qui le guideront avec patience ?
Il semble, à la lecture de tous ces textes, que ce qui achoppe, ce sont les principes (cf Le discours d’Erfurt). Mais je crois que des principes, c’est fait pour « achopper » ! C’est la réalité qui est le guide, pas les principes. Tous les principes du monde ne feront pas que j’aime mon voisin, que je le respecte, que je ne le bouscule pas. La loi de mon pays peut me menacer de prison et parce que j’ai peur de la prison, je ne battrai pas mon voisin. Mais la vie en commun, c’est autre chose ; la vie qui a du sens est tout autre chose que la peur de la police !
Bon, se pencher sur la protection de l’environnement, sur l’euthanasie, sur la violence faite aux enfants, la dignité humaine, c’est très bien ; mais cela relève-t-il de la foi ? de la conviction de telle Église plutôt que telle autre ? Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, qu’y disaient, Faudrait pas aujourd’hui, sous prétexte d’oecuménisme, mélanger les genres !
J’aime mieux la formulation de Benoît XVI : « Une foi repensée et vécue d’une façon nouvelle, par laquelle le Christ, et avec Lui, le Dieu vivant, entre dans notre monde. Comme les martyrs de l’époque nazie nous ont conduits les uns vers les autres, et ont suscité la première grande aventure oecuménique, ainsi aujourd’hui encore, la foi, vécue à partir du plus profond de nous-mêmes, dans un monde sécularisé, est la force oecuménique la plus forte qui nous réunit, nous guidant vers l’unité dans l’unique Seigneur. » (Discours d’Erfurt). Comme tous les mots de cet extrait sonnent fort ! Ces martyrs nazis, comme ceux de Tibhirine, n’ont pas attendu des énoncés de principes, n’ont pas demandé : « Qui prie le mieux ? » ; ils se sont jetés dans l’aventure humaine que les situations particulières commandaient. Ou bien le cœur, peut-être…
Vers l’unité …
Pour ma part, je ne puis que rappeler un extrait du Testament de P. Christian, martyr de Tibhrine en Algérie :
Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père
pour contempler avec Lui ses enfants de l’Islam tels qu’il les voit, tout illuminés
de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le Don de l’Esprit dont la
joie secrète sera toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance,
en jouant avec les différences. (P. Christian)
Thérèse Lesage-Vézina