3ème Dimanche, année B, Mc 1,14-20 /
Nous sommes, assez souvent, tellement habitués à certains passages de l’Écriture, qui plus est dans l’unique traduction liturgique (forcément simplifiée), qu’un certain nombre d’harmoniques de ces paroles fortes de Jésus nous demeurent cachées. Revisitons-les, si vous le voulez, avec d’autres mots : « Le moment est à saisir… Le Royaume de Dieu s’est approché… Convertissez vous, c’est-à-dire croyez au dessein bienveillant de Dieu.» (Mc 1,15)
Un moment à saisir !
Le texte liturgique nous propose : « Les temps sont accomplis. » Cette traduction met en lumière le tournant de l’histoire qui s’est opéré avec la venue du Christ dans notre monde. Sauf que nous constatons, en-même temps, que rien ne semble avoir changé dans la marche de notre monde depuis « l’affaire Jésus de Nazareth » : la violence est toujours au rendez-vous, les exploiteurs toujours aussi nombreux, et la misère ne faiblit pas ! Le texte grec, quant à lui, met en valeur d’autres harmoniques : « le kairos a été accompli ». Ce terme de kairos est passé en français, pour parler d’un moment à saisir, d’une opportunité pour agir, d’un point de basculement décisif. Contrairement à l’autre terme grec chronos, qui renvoie au temps linéaire, le kairos pourrait être considérée comme une autre dimension du temps créant de la profondeur dans l’instant. Jésus nous dit donc, à travers cette petite phrase, que sa venue ouvre un nouvel espace temps que nous pouvons saisir pour vivre chaque instant de nos vies comme une parcelle d’éternité ! Certaines personnes qui ont approché la mort de plus près ont pu prendre conscience de cette urgence de l’instant à saisir pour vivre de façon plus essentielle… Alors la violence peut laisser place à la paix, la domination à la fraternité et la misère à la solidarité ! En tout cas les disciples Simon, André, Jacques et Jean ont compris cet instant à saisir, puisqu’à l’appel de Jésus, ils laissent tout en plan et « aussitôt le suivirent ».
Le royaume s’est approché !
Second éclairage, la traduction liturgique nous propose ensuite : « Le règne de Dieu est tout proche ». Et peut être cela nous renvoie-t-il à notre responsabilité pour le saisir et pour lui permettre d’advenir en notre monde, et cela n’est pas faux. Mais le texte original est assez différent : « Le Royaume de Dieu s’est approché ! » Jésus Christ affirme donc ici, d’une part, la gratuité de l’initiative de Dieu – le Royaume de Dieu s’est approché de lui-même – et, d’autre part, que cela a déjà eu lieu : il s’est approché. Quelques versets plus haut, Marc ne nous rapportait-il pas que le ciel s’était déchiré au moment du baptême de Jésus. Vous percevez bien ici les nouvelles harmoniques : l’initiative de Dieu est première, le royaume est en marche, il ne dépend pas d’abord de nous, même si nous pouvons et devons contribuer à son avènement, nous sommes donc invités à une contemplation active du Royaume en marche : Quelle joie et quelle libération !
Croyez au dessein bienveillant de Dieu !
Dernier coup de projecteur : « Convertissez-vous et croyez à la BonneNouvelle ! » Nous risquons de trop séparer ces deux affirmations, comme s’il y avait d’une part une conversion des mœurs et d’autre part la foi en l’Évangile. Là encore il nous faut faire appel au grec, le « et » grec pouvant prendre cette double nuance du « et en plus » ou du « c’est-à-dire ». Notre texte devient alors : « Convertissez-vous, c’est-à-dire croyez à la Bonne Nouvelle ! » Notre principal travail de conversion consiste à croire au dessein bienveillant de Dieu, au lieu de faire de lui un rival comme le suggère la parole insidieuse du serpent dans la Genèse : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu »… justifiant ainsi l’interdit, en faisant croire que Dieu voudrait se réserver des prérogatives… Croire au dessein bienveillant de Dieu ; Se retourner vers lui pour découvrir son visage de miséricorde comme le Fils Prodigue ; Croire que son Royaume de justice, de paix et d’amour s’est approché : voilà le chantier de notre conversion… Celle-ci, nourrie de foi et d’espérance, suscitera alors la charité, la mise en œuvre, à chaque instant de notre vie, de ce à quoi nous croyons, de ce que nous espérons, de ce à quoi nous voulons adhérer de tout notre être ! Convertissez-vous, c’est-à-dire croyez et adhérez de tout votre être, au Royaume de Dieu en marche !
Le Royaume s’est approché !
Saisirez-vous chaque instant de votre vie,
pour vous convertir, c’est-à-dire :
pour croire et adhérer au dessein bienveillant de Dieu en marche ?
Le Royaume de Dieu s’est approché.
3ème Dimanche, année B, Mc 1,14-20 /
Nous sommes, assez souvent, tellement habitués à certains passages de l’Écriture, qui plus est dans l’unique traduction liturgique (forcément simplifiée), qu’un certain nombre d’harmoniques de ces paroles fortes de Jésus nous demeurent cachées. Revisitons-les, si vous le voulez, avec d’autres mots : « Le moment est à saisir… Le Royaume de Dieu s’est approché… Convertissez vous, c’est-à-dire croyez au dessein bienveillant de Dieu.» (Mc 1,15)
Un moment à saisir !
Le texte liturgique nous propose : « Les temps sont accomplis. » Cette traduction met en lumière le tournant de l’histoire qui s’est opéré avec la venue du Christ dans notre monde. Sauf que nous constatons, en-même temps, que rien ne semble avoir changé dans la marche de notre monde depuis « l’affaire Jésus de Nazareth » : la violence est toujours au rendez-vous, les exploiteurs toujours aussi nombreux, et la misère ne faiblit pas ! Le texte grec, quant à lui, met en valeur d’autres harmoniques : « le kairos a été accompli ». Ce terme de kairos est passé en français, pour parler d’un moment à saisir, d’une opportunité pour agir, d’un point de basculement décisif. Contrairement à l’autre terme grec chronos, qui renvoie au temps linéaire, le kairos pourrait être considérée comme une autre dimension du temps créant de la profondeur dans l’instant. Jésus nous dit donc, à travers cette petite phrase, que sa venue ouvre un nouvel espace temps que nous pouvons saisir pour vivre chaque instant de nos vies comme une parcelle d’éternité ! Certaines personnes qui ont approché la mort de plus près ont pu prendre conscience de cette urgence de l’instant à saisir pour vivre de façon plus essentielle… Alors la violence peut laisser place à la paix, la domination à la fraternité et la misère à la solidarité ! En tout cas les disciples Simon, André, Jacques et Jean ont compris cet instant à saisir, puisqu’à l’appel de Jésus, ils laissent tout en plan et « aussitôt le suivirent ».
Le royaume s’est approché !
Second éclairage, la traduction liturgique nous propose ensuite : « Le règne de Dieu est tout proche ». Et peut être cela nous renvoie-t-il à notre responsabilité pour le saisir et pour lui permettre d’advenir en notre monde, et cela n’est pas faux. Mais le texte original est assez différent : « Le Royaume de Dieu s’est approché ! » Jésus Christ affirme donc ici, d’une part, la gratuité de l’initiative de Dieu – le Royaume de Dieu s’est approché de lui-même – et, d’autre part, que cela a déjà eu lieu : il s’est approché. Quelques versets plus haut, Marc ne nous rapportait-il pas que le ciel s’était déchiré au moment du baptême de Jésus. Vous percevez bien ici les nouvelles harmoniques : l’initiative de Dieu est première, le royaume est en marche, il ne dépend pas d’abord de nous, même si nous pouvons et devons contribuer à son avènement, nous sommes donc invités à une contemplation active du Royaume en marche : Quelle joie et quelle libération !
Croyez au dessein bienveillant de Dieu !
Dernier coup de projecteur : « Convertissez-vous et croyez à la BonneNouvelle ! » Nous risquons de trop séparer ces deux affirmations, comme s’il y avait d’une part une conversion des mœurs et d’autre part la foi en l’Évangile. Là encore il nous faut faire appel au grec, le « et » grec pouvant prendre cette double nuance du « et en plus » ou du « c’est-à-dire ». Notre texte devient alors : « Convertissez-vous, c’est-à-dire croyez à la Bonne Nouvelle ! » Notre principal travail de conversion consiste à croire au dessein bienveillant de Dieu, au lieu de faire de lui un rival comme le suggère la parole insidieuse du serpent dans la Genèse : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu »… justifiant ainsi l’interdit, en faisant croire que Dieu voudrait se réserver des prérogatives… Croire au dessein bienveillant de Dieu ; Se retourner vers lui pour découvrir son visage de miséricorde comme le Fils Prodigue ; Croire que son Royaume de justice, de paix et d’amour s’est approché : voilà le chantier de notre conversion… Celle-ci, nourrie de foi et d’espérance, suscitera alors la charité, la mise en œuvre, à chaque instant de notre vie, de ce à quoi nous croyons, de ce que nous espérons, de ce à quoi nous voulons adhérer de tout notre être ! Convertissez-vous, c’est-à-dire croyez et adhérez de tout votre être, au Royaume de Dieu en marche !
Le Royaume s’est approché !
Saisirez-vous chaque instant de votre vie,
pour vous convertir, c’est-à-dire :
pour croire et adhérer au dessein bienveillant de Dieu en marche ?