6eme dimanche de Pâques, année B, Jn 15, 9-17 /
« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie.» (Jn 15,11) Voilà un résumé, fort heureux, du but de la prédication de Jésus Christ : Dieu est joie et veut que nous soyons comblés de joie ! Mais quel est donc le secret de cette joie : L’insouciance ? Le culte du plaisir ? L’art de faire la fête ? Tous ces moyens sophistiqués déployés pour vendre du divertissement ? Pas vraiment : « Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! » (Lc 6, 25) Le Christ nous propose une joie profonde, une joie durable, une joie à recevoir !
Une joie profonde !
« Mon commandement le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12) Nous en avons tous fait l’expérience, ce qui nous donne le plus de joie dans la vie, ce sont ces moments précieux où nous mettons en œuvre notre amour, où nous donnons gratuitement de nous-même sans rien attendre en retour : un service rendu, une visite à un malade, la préparation d’un bon repas, l’organisation réussie d’une activité… Dans tous ces cas, notre vie prend pleinement sens, nous nous sentons utile, nous nous sentons vivant ! Remarquez que cet amour n’a pas grand-chose à voir avec un amour passionnel, une affinité naturelle, un sentiment amoureux, il relève plutôt d’un engagement personnel, d’un choix volontaire, d’un don gratuit de soi… Cette remarque est importante pour comprendre le mot « commandement » dans le contexte de l’amour : un amour passionnel, une affinité naturelle, personne ne peut les commander, mais un choix volontaire, un amour oblatif, oui ! Relisons donc notre histoire à partir de ces moments précieux où nous nous sommes sentis pleinement exister et osons faire les pas en avant nécessaires pour vivre de nouveau ce don de nous-même qui fera grandir, en nous, une joie profonde !
Une joie durable !
« Vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne pourra vous la ravir. » (Jn 16,22) Nous le disions la semaine passée, demeurer en Dieu consiste essentiellement à poser des gestes de paix, d’amour, de solidarité, de fraternité, de pardon… Or, tous ces gestes d’amour oblatif, non seulement nous ont déjà apporté une joie profonde ici-bas, mais encore ils nous ont enracinés dans la vie de Dieu, dans son amour, dans sa joie et cette joie-là nul ne pourra nous la ravir ! Voilà encore une Bonne Nouvelle pour notre vie : l’Évangile ne nous invite pas à faire des sacrifices en vue d’une récompense dans l’au-delà, mais à emprunter, jour après jour, le chemin de la joie profonde, de la joie durable, celle que nous vivrons en plénitude à la fin des temps ! D’ailleurs, le concept de « développement durable », fort à la mode ces temps-ci, nous donne un bel éclairage sur la « joie durable », à laquelle nous invite l’Évangile : non pas une joie éphémère, non pas ma joie contre celle des autres, non pas la joie d’un groupe humain au détriment des autres ou des générations à venir, mais une joie qui ne trouvera son aboutissement que lorsque tous seront dans la joie !
Une joie à recevoir !
« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés… Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous… » (Jn 15,9.11) Nous ne le répéterons jamais assez, Dieu ne pose aucune condition pour nous aimer, nous n’avons pas à nous rendre aimable à ses yeux et « même si notre cœur nous condamne : Dieu est plus grand que notre cœur ! » (1Jn 3,20) Voilà encore une Bonne Nouvelle ! Nous n’avons pas à bâtir notre joie à partir de rien, ni à aimer à partir de nos propres forces, mais à accueillir, en nous, l’amour et la joie de Dieu qui dilatent notre cœur ! Dieu trouve sa joie dans l’amour qu’il nous porte, en accueillant sa joie, en la faisant nôtre, nous sommes conduit à une même logique : trouver notre joie dans l’amour que nous semons autour de nous ! Et un cercle vertueux, une farandole de bonheur, se met en place permettant à l’amour et à la joie de Dieu de s’épanouir à la mesure du développement de notre propre amour et notre propre joie qui s’alimentent eux-mêmes, jour après jour, à l’amour et à la joie de Dieu ! Joie et amour donnés, joie et amour à recevoir !
Savourons donc simplement cette farandole des mots « amour » et « joie » dans les textes de ce dimanche, elle nous conduira à la véritable joie :
Une joie profonde !
Une joie durable !
Une joie à recevoir !
Pour savourer pleinement la « farandole d’amour et de joie », je crois qu’il faut s’en tenir à l’essentiel — porteur d’éternité — que l’on retrouve dans la Parole de ce 6e dimanche de Pâques : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
TLV