Nouvelle évangélisation !

25ème dimanche, année B, Mc 9, 30-37 /

Décidément, le thème est à la mode, me direz-vous ! Est-ce en raison du prochain synode que ce titre s’impose à moi ? Peut-être, mais c’est d’abord la démarche de Jésus dans cette page d’évangile qui me semble exemplaire pour une démarche renouvelée d’évangélisation. Jésus, alors qu’il enseigne le cœur de la foi, est incompris : « Les disciples ne comprenaient pas ces paroles…. » (Mc 9, 32) ; et même pire, ceux-ci semblent indifférents, voire méfiants par rapport à ses propos : « … et ils craignaient de l’interroger » ; et, finalement, ils se soucient de bien autre chose : « Ils s’étaient querellés pour savoir qui était le plus grand. » (Mc 9, 34) N’est-ce pas à l’image de ce qui se passe entre l’Église et nombre de nos contemporains ? Un enseignement incompris… Une proposition de la foi, qui laisse indifférent… Des prises de position dont on se méfie… Et des soucis tout à fait autres… Que fait Jésus dans cette situation ? Il ne change pas le fond de ce qu’il veut transmettre, mais il repart des préoccupations de ces interlocuteurs, il adapte son discours, et il l’illustre par sa vie…

Des préoccupations accueillies…

Une fois encore, si nous lisons attentivement le texte, Jésus est déroutant car, à la préoccupation de savoir qui est le plus grand, il ne répond pas en disant que c’est une vilaine chose que de se poser ce genre de question, mais il indique, au contraire, le chemin pour y parvenir : « Si quelqu’un veut être le premier… » Avant de vouloir transmettre le message de l’Évangile qui risque de glisser comme de l’eau sur les plumes d’un canard, avant de nous placer sur le plan de la morale ou du jugement, prenons le temps d’accueillir les soucis de nos contemporains et d’y répondre : désir d’une vie heureuse, désir d’un travail gratifiant et rémunéré à sa juste valeur, désir d’une relation amoureuse réussie, désir de donner le meilleur à ses enfants, désir de ne pas être oppressé par les soucis du quotidien et de pouvoir souffler et profiter de la vie, etc… Oui, si nous écoutons les préoccupations de nos contemporains, si nous sommes solidaires de leurs joies et de leurs peines, alors peut-être pourrons-nous leur indiquer comment vivre cela à la lumière de l’Évangile…

Un discours adapté…

Loin de moi, l’idée d’une stratégie à développer pour convertir à la manière de certaines sectes… Jésus n’est pas un stratège, mais il est en connexion avec la vérité et la vie. En parlant de discours adapté, je veux dire que l’Esprit nous précède dans l’annonce de l’Évangile, que les questionnements évoqués plus haut portent, en eux-mêmes, le désir de ce que veut leur apporter l’Évangile : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9,35) Ainsi, notre discours adapté pourrait être de cet ordre : « Si quelqu’un veut une relation amoureuse réussie, qu’il commence par apprendre à aimer, non pas sur le mode du sentimentalisme ou pour satisfaire ses besoins, mais sur le mode oblatif, sur le mode du service de l’autre, du décentrement de soi, du désir de faire grandir l’autre… Et alors il découvrira que son véritable plaisir, sa véritable grandeur, c’est de faire plaisir à l’autre et de le voir grandir… » Ne s’agit-il donc pas, grâce à notre parole, de faire surgir les valeurs évangéliques déjà inscrites dans les quêtes de nos interlocuteurs et de les ouvrir à un accomplissement plus grand encore de leur recherche ?

Un témoignage authentique…

Jésus a illustré son propos par un simple geste : un baiser sur le front d’un enfant, pour signifier que le plus petit est paradoxalement le plus grand… Il ne donnait pas là une leçon de morale, mais faisait appel à l’expérience de ses disciples, car ils étaient bien conscients déjà qu’un enfant, un tout petit, est à la fois le dernier, le plus fragile mais, en même temps, le plus grand, le trésor de ses parents et donc que la grandeur d’un être humain n’a rien à voir avec une certaine réussite et reconnaissance sociale. Voilà encore où doit se situer notre témoignage, si nous voulons évangéliser, non pas en nous plaçant en donneurs de leçon, mais en témoignant d’une vie authentique qui donne à penser et renvoie chacun à son propre désir d’une vie plus authentique, plus vraie, plus réussie…

À l’heure où l’on s’interroge sur la nouvelle évangélisation, ce passage d’évangile n’est-il pas éloquent ? Attention à une évangélisation trop déconnectée de la réalité !

Accueillons les préoccupations de nos contemporains !

Adaptons notre discours !

Témoignons d’une vie authentique !

 

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