Un espace de dialogue…

3° Dimanche de l’Avent, composition florale du Fr. Didier de Tamié

La Parole, ce propre de l’être humain –lieutenant du Verbe de Dieu–, n’advient pas sans efforts… Quelles sont nombreuses les blessures des non-dits, des insinuations, des vociférations !

Mais nous avons la chance, au Noviciat, d’ouvrir de vrais espaces à la parole : celui de l’accompagnement, bien-sûr, où petit à petit on arrive à se dire, mais aussi celui de la rencontre interpersonnelle comme celle vécue lors de notre courte récollection d’Avent. Parfois des frères, des sœurs, peuvent vivre des mois, des années, sous le même toit communautaire sans trouver les moyens de se dire certaines choses, alors qu’un simple espace offert pourrait remédier à cela… C’est ainsi que, pour la récollection d’Avent des novices, je leur ai proposé de se retrouver deux à deux, avec chacun de leurs confrères novices, autour de trois pistes : pouvoir éventuellement se demander pardon, partager ce que l’on apprécie chez l’autre, et lui faire l’une ou l’autre remarque qui nous tient à cœur… Dépassant la surprise et l’interrogation liées à l’utilité d’un tel exercice alors « qu’on se parle » chaque jour, les novices ont spontanément rendu grâce, après coup, pour ce temps vraiment unique ou une parole vraie a pu être échangée : « Je ne savais pas que j’étais ainsi, ou que je faisais tel effet à mon frère… » ; « J’ai enfin pu dire à mon frère ce que je n’avais pas osé lui dire jusqu’alors » ; « Je me suis découvert grâce à ce que mes frères ont dit sur moi… » ; « Des nœuds se sont défaits et notre relation est bien meilleure maintenant… », etc.

Je ne cesse de rendre grâce sur les bienfaits du cadre offert dans la vie religieuse. Nous ne sommes vraiment pas meilleurs que les autres, mais nous avons la chance d’avoir choisi un cadre pour nous soutenir, jour après jour, dans notre marche à la suite du Christ…. Mes paresses, mes lâchetés, mes tiédeurs pourraient vite engloutir mon désir de vivre l’Évangile mais, en communauté, je sais que des frères m’attendent pour la prière… et je me lève ! J’aimerais fuir certains défis, mais mes frères me disent qu’ensemble on peut faire quelque chose pour changer cela… et on y va !  J’aimerais ne pas m’approcher de certains frères, mais mon supérieur m’incite, au contraire, à prendre du temps avec lui pour lui parler cœur à cœur… et le nœud se défait ! Au tout début de ma vie religieuse, un frère aîné m’a confié une définition mémorable de la vie religieuse : « Certes on veut suivre le Christ quand on est un jeune chrétien enthousiaste, mais après avoir fait deux pas en avant, on fait trois pas en arrière… Eh bien, la vie religieuse c’est le frère qui est là pour te mettre un coup de pied au derrière quand tu voudrais reculer ! » Voilà le cadre porteur de la vie religieuse bien résumé…

Je ne vous partage pas cela, pour mettre sur un piédestal la vie religieuse, mais pour ouvrir peut-être des pistes dans le cadre de votre propre vie… Se donner un espace, pour dire à son conjoint, sa conjointe, son proche, son collègue, etc. une parole vraie, ce n’est pas si compliqué… Se donner un cadre avec d’autres pour s’arrêter, ou pour s’épauler dans notre marche à la suite du Christ, ce n’est pas si compliqué… Mais si l’on ne se donne pas de moyens concrets cela peut prendre des années… Alors, pourquoi ne pas saisir ce temps de l’Avent ou celui de Noël pour ouvrir un espace au dialogue ?

 

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