Si tu es fils de Dieu…

 

1er dimanche de carême, année C, Lc 4,1-13  /

Ce récit des tentations de Jésus au désert est terriblement actuel puisqu’il porte sur le lien entre l’être humain et son Créateur ; or, dans nos sociétés « modernes », ce lien est plus que jamais mis à mal ! « Si tu es le Fils de Dieu… » : voilà le cœur des tentations ! Le diable, dont le nom signifie « le diviseur », veut semer le doute dans le cœur de Jésus, veut le désunir de son Père… Certes, Jésus ne succombera pas à la tentation, mais le récit nous renvoie à nos propres doutes sur Dieu : sommes-nous vraiment fils et filles de Dieu ? Existe-t-il ? Ne vaut-il pas mieux se tourner vers d’autres Puissances ? Se soucie-t-il de nous ?  Les trois tentations décrites épuisent toutes les formes de tentation, relatives à notre rapport à Dieu, nous dit l’évangéliste… Effectivement, l’humanité du XXIème siècle peut mettre Dieu sur la touche de trois manières : en niant l’existence de Dieu, ou en se tournant vers d’autres « dieux », ou bien encore en doutant de la bonté de Dieu et de sa bienveillance envers les hommes…

Faire son bonheur par soi-même !

« Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » (Lc 4, 3) La première tentation pourrait donc se traduire ainsi : « Oh !  Homme, tu es assez grand et assez puissant pour faire ton bonheur tout seul, pour combler tes besoins et tes désirs par toi-même ! » N’est-ce pas la tentation la plus répandue dans notre troisième millénaire ? « Libérons-nous de toutes les contraintes morales, libérons-nous de cet obscurantisme des religions, finalement, libérons-nous de Dieu et comblons notre vie par tout ce que nous permet la technique et la technologie : le bonheur est à notre portée ! » Et c’est bien le message que nous distille sans cesse la société de consommation : « votre bonheur sera comblé si vous achetez ceci ou cela ! »… Le plus incroyable c’est que, même si nous ne sommes pas tout à fait dupes face à ces fausses promesses de bonheur, nous succombons tout de même aux sirènes de ces publicitaires toujours plus ingénieux… Or il est écrit : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur ». (Dt 8,3) Autrement dit, ce ne sont pas les biens que l’on possède qui font le bonheur, mais la qualité d’une vie qui se laisse guider par la Parole de Dieu !

Remettre son bonheur entre les mains d’autres dieux !

« Si tu te prosternes devant moi, je te donnerai le pouvoir sur tous les royaumes de la terre ! » (Lc 4,6-7) La seconde tentation consiste à croire que d’autres dieux, d’autres puissances peuvent apporter réponse à nos désirs de réussite et de bonheur. Quelles sont ces idoles modernes ? L’argent, le sexe, la drogue… La tromperie ici est
multiple : d’abord, ces idoles promettent ce qu’elles ne peuvent offrir, éventuellement elles peuvent nous illusionner un temps, mais le réveil sera très douloureux – que l’on pense à un Lance Armstrong par exemple- ! Deuxièmement, ces puissances prétendent qu’il faille passer par elles pour recevoir des biens que Dieu nous offre gratuitement en partage… Nous avons tout ce qu’il nous faut pour vivre, le problème n’est pas du côté de Dieu, mais du côté des hommes qui doivent apprendre à partager les immenses richesses de notre Monde, remises entres les mains de l’humanité entière. Succomber aux promesses du Diviseur, de posséder beaucoup et beaucoup trop, serait justement créer de l’injustice et de la misère autour de nous… Troisième tromperie : alors que le Tentateur promet le bonheur, il engendre le malheur ! Cette tentation est pourtant forte à notre époque lorsque l’on prend conscience que 10% de la population mondiale possède 85% des richesses du monde ou que les 2% les plus riches possèdent plus de la moitié des richesses du monde !… Or il est écrit : « Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c’est lui seul que tu adoreras. »(Jn 4,8) Quelle libération que de remettre sa vie entre les mains du vrai Dieu en comparaison à tous ces faux dieux qui veulent nous posséder !

Douter de la bienveillance de Dieu !

Voyant les échecs de ses tentations, le Diviseur sort sa dernière cartouche : « Bon, tu ne veux pas faire ton bonheur par toi-même ; tu ne veux pas t’en remettre à de faux dieux ; mais considère bien ton Dieu : crois-tu qu’il te sera d’une grande aide dans les épreuves de la vie ? Ne vois-tu pas qu’il ne te sert à rien, qu’il ne te protège pas ? » Cette tentation n’est pas la moindre, car elle s’appuie sur notre foi en Dieu pour la dévoyer… « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ! » (Jn 4,12) Dieu n’est pas un magicien qui viendrait résoudre tous nos problèmes d’ici-bas, Dieu est Celui qui nous accompagne sur le chemin de la Vie, celui qui nous indique la voie à suivre pour qu’à travers les épreuves et la finitude de cette vie, nous trouvions le chemin du bonheur ; et Jésus lui-même nous indique que ce chemin passe nécessairement par une croix, une mort à soi, une mort à une certaine forme de vie pour entrer dans la Vraie Vie !

Le Diviseur veut nous séparer de Dieu…

Et, en contemplant notre époque, nous avons l’impression qu’il réussit pas mal son travail de sape…

Nous laisserons-nous tenter nous aussi ?

Ou témoignerons-nous, contre vents et marrées, que nous sommes les enfants bien-aimés de Dieu ?

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Une réponse à Si tu es fils de Dieu…

  1. Liberté reconnue — on en revient à l’essentiel de la vie chrétienne proposé par Benoît XVI ! TLV

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