Dieu ne peut que donner son amour !

4ème dimanche de carême, année C, Lc 15,1…32  /

 « Dieu ne peut que donner son amour, notre Dieu est tendresse ! » Cette belle formulation, inspirée du psaume 102, et mise en musique par la communauté de Taizé est peut être le plus beau et le plus simple commentaire de la parabole du « fils prodigue » proposée à notre méditation en ce jour. Car en effet, que nous nous retrouvions dans la figure du jeune fils qui a pris ses distances par rapport à l’Église, ou dans la figure du fils aîné, le pratiquant fidèle, resté sagement dans la maison du Père, nous sommes invités à une même conversion : changer nos idées sur Dieu et l’accueillir tel qu’il se révèle, un Dieu de tendresse et d’amour qui ne peut que donner son amour. Vous allez peut-être me dire que cette image de Dieu est évidente pour vous… Mais en êtes-vous bien sûr ?  Si c’était si évident, nous n’aurions pas eu besoin de la venue du Verbe de Dieu pour nous révéler, par sa vie, le vrai visage de Dieu. Ne traîne-t-il pas au fond de nous de la peur, de la suspicion, des désirs infantiles projetés en Dieu ?

Quelques fausses images habituelles…

Nos fausses images sur Dieu sont de trois ordres : un Dieu d’une toute puissance arbitraire, un Dieu justicier qui nous attendrait au tournant, et un Dieu distant qui se suffirait à lui-même… L’excellent livre du frère Emmanuel de Taizé, Un amour méconnu  [1], reprend très justement ces trois « projections inconscientes » sur Dieu, avant d’ouvrir à la découverte d’un Dieu de tendresse.

Lorsque nous attendons une réponse magique de la part de Dieu à nos prières, lorsque nous l’accusons des maux qui nous affligent, lorsque nous estimons qu’à sa place nous aurions mieux réussi la Création, c’est cette image de toute puissance arbitraire qui fonctionne en nous, et qui n’est rien d’autre que la projection, en Dieu, de nos désirs infantiles de toute puissance… Lorsque nous avons peur des représailles de la part de Dieu –comme le jeune fils–, lorsque nous voudrions qu’il élimine les méchants et récompense les justes –comme le fils aîné–, lorsque notre cœur nous condamne et que nous n’arrivons pas à accueillir la miséricorde de Dieu –alors que « Dieu est plus grand que notre cœur » (1Jn 3,20)-, c’est cette image du Dieu justicier qui domine en nous. Or, elle ne correspond nullement à la vérité mais à la projection en Dieu de notre subconscient, notre gendarme intérieur… Lorsqu’enfin, nous imaginons un Dieu distant, autosuffisant, qui n’aurait nullement besoin des humains : un grand horloger, un principe premier, ou encore du divin impersonnel, comme nombre de mouvements new-age le laissent entendre, c’est ce sentiment divin archaïque de l’homo-religiosus qui traîne au fond de nous… Sommes-nous tout à fait libérés de ce fond religieux présent en chaque être humain et qui nous vient notamment des méandres du psychisme humain ?

Dieu ne peut que donner son amour…

Pour nous libérer de toutes ces images, il ne fallait pas moins que la venue du Verbe de Dieu en notre monde! Il n’est pas venu annoncer l’existence de Dieu –à son époque tout le monde croyait en Dieu– ! Il n’est pas venu pour effacer la Création mauvaise, ni pour juger les pécheurs, ni pour résoudre les problèmes d’un coup de baguette magique… Il n’est venu qu’en raison de son amour insatiable, indestructible et tenace ! Être de communion et d’amour, Dieu ne pouvait que donner son amour, même si cela l’a conduit sur une croix ! C’est bien ce qu’illustre la parabole du fils prodigue : le don indéfectible de l’amour du Père, le désir d’une réponse amoureuse à son propre amour, l’annonce de la joie suprême celle d’une tendresse partagée : « Mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. » (Lc 15,23-24)

Oui, nous pouvons nous attarder à la figure du jeune fils ou à celle du fils aîné et en tirer quelques leçons de morale… Mais n’est-il pas plus évangélique de s’attarder à la figure du Père et de contempler ce Dieu de tendresse qui ne peut que donner son amour…

Cela finira bien par nous convertir, non ?



[1] Frère Emmanuel, de Taizé, Un amour méconnu, Au-delà des représentations spontanées de Dieu, Bayard, 2008, 250 p.

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Une réponse à Dieu ne peut que donner son amour !

  1. rk dit :

    « … mise en musique par la communauté de Taizé … »

    Il serait plus exacte de dire :  » … mise en musique par le père Joseph Gelineau pour la communauté de Taizé »

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