Besoin de Salut ?

 

21ème dimanche, année C, Lc 13,22-30 /

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » (Lc 13,22) Vous posez-vous la question ? Et surtout, nos contemporains se posent-ils la question ? Le risque des chrétiens, dans notre monde postmoderne, n’est-il pas de vouloir apporter des réponses à des questions que les hommes de notre temps ne se posent plus ? Nous voulons annoncer une voie de Salut, mais la question du Salut hante-t-elle encore l’homme d’aujourd’hui ? L’évangile de ce jour nous invite alors à une triple urgence : Ouvrir des espaces de questionnement avant qu’il ne soit trop tard ; Rechercher, à temps et à contre temps, les chemins d’une vie bonne ; Inviter à la confiance…

Ouvrir des espaces de questionnement !

Nos contemporains ne se posent peut-être pas la question du Salut, mais ils sont certainement en quête de bonheur… Or, l’horizon du bonheur visé est souvent trop restreint, trop terre à terre, sans illusion… Ne faut-il pas, au contraire, ré-enchanter le monde, redonner le goût d’un bonheur plénier, d’un bonheur possible ? L’attrait renouvelé pour le spirituel sous des formes parfois déconcertantes, la fréquentation des monastères, des chemins de pèlerinage, des religions venues d’ailleurs et même des séries télévisées surfant sur la vague du fantastique, ne sont-ils pas de puissants signes que l’horizon purement terrestre, pragmatique, consumériste dans lequel on veut enfermer l’être humain ne peut le satisfaire ? Offrons donc aux hommes des espaces de questionnement existentiel, partageons-leur la richesse de notre tradition spirituelle à travers des lieux de silence, d’accompagnement spirituel, de fréquentation des grands témoins de notre histoire, d’ouverture à la beauté… Ainsi, ils pourront chercher, dès maintenant, à franchir les portes d’une vie éternelle et non pas quand il sera trop tard : « Seigneur, ouvre-nous »… « Je ne sais pas d’où vous êtes. » (Lc 13,25)

Rechercher les chemins d’une vie bonne !

 « Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. » (Lc 13,27) Dans le contexte de l’époque, et surtout avec la fin du passage très explicite, Jésus vise ici ceux qui, parmi les juifs, prétendraient avoir droit au salut en raison de leur statut de peuple élu. Mais l’avertissement vaut pour toutes les époques et pour toutes les appartenances dont on peut se prévaloir… Ce n’est pas au nom de notre titre de chrétien, de notre baptême, ou même de choses grandioses que l’on aura faites au nom de Dieu que nous serons accueillis dans le Royaume de Dieu… La version de Matthieu, à ce titre, est d’ailleurs bien plus explicite : « Beaucoup me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? En ton nom que nous avons chassé les démons? En ton nom que nous avons fait bien des miracles ? Alors je leur dirai en face: Jamais je ne vous ai connus; écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. » (Mt 7,22-23) Nous serons tous jugés, ou plutôt, nous ne nous serons rendus disponibles à entrer dans la vie de Dieu, offerte gratuitement, qu’en fonction du bien que nous aurons fait ! Que nous soyons juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes, hindous… païens ou athées. Il y a donc urgence à rechercher sans cesse, avec tous les hommes de bonne volonté, les chemins d’une vie bonne. Et pour cela, nulle recette toute faite, nul dogmatisme simpliste, mais un Homme-Dieu pour nous éclairer par sa vie, par ses paroles, par son compagnonnage sur nos routes humaines.

Inviter à la confiance !

Nous voudrions des gages, des chiffres sur le nombre de sauvés, des recettes à suivre… Mais la seule confiance à suivre est celle du Christ en croix : « Entre tes mains je remets mon esprit ! » Cette confiance lui vient de sa vie accomplie à faire la volonté de son Père et de sa relation intime avec lui, et non pas d’un quelconque calcul sur l’au-delà. Cultivons donc, nous aussi, une plus grande proximité avec le cœur de Dieu, rendons notre vie belle et fructueuse, expérimentons jour après jour sa miséricorde, alors notre « récompense » dans l’au-delà ne sera plus un souci ! Alors nous pourrons inviter tout homme de bonne volonté à la confiance au Dieu d’amour…

À ceux qui se posent ou non la question du Salut :

Ouvrons des espaces de questionnement,

Recherchons, avec eux, les chemins d’une vie bonne,

Invitons-les à la confiance !

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2 réponses à Besoin de Salut ?

  1. Monique dit :

    C’est un évangile choquant, déjà. Et votre commentaire, P. Benoît, arrive à peine à me réconcilier. D’un autre côté, plus je retourne ça dans ma tête depuis samedi dernier, plus je sais qu’il me faut en venir à bout. 1. j’ai d’abord trouvé très choquantes les paroles par lesquelles le Maître rejettera ceux qui frappent à sa porte et contre lesquels il en a ; 2. puis je me suis dit qu’aucun père, aucune mère rejetterait comme ça ses enfants qui se seraient mal comportés, même à leur égard ; 3. ensuite j’ai pensé que ma réaction était peut-être « childish » en ce sens que plusieurs d’entre nous désirons suivre nos fantaisies égoïstes, paresseuses, orgueilleuses, en pensant que personne ne nous demandera des comptes…

    C’est alors que ma réflexion a pris un autre tournant : si Dieu est Père, va-t-il nous demander des comptes ? On ne fait même pas ça avec nos amis. Pourquoi alors est-ce que je prends cet évangile comme quelque chose de choquant ? En rédigeant ma conférence sur le corps pour les Assises, il m’est venu ceci : je crois que je fais la même erreur que dénonce Pascal dans les Pensées où il dit que nous, les « terriens », êtres composés de corps et d’âme, faisons la plupart du temps l’erreur de confondre les choses : on se représente les choses spirituelles dans un lieu, alors que ce caractère appartient au corps, et les choses corporelles dotées de la pensées, des sentiments, d’une volonté, etc., choses qui appartiennent à l’âme.

    Ainsi, l’évangile de Luc, avec tout son souci de frapper la vue et l’imagination par des détails sensibles (peut-être en effet, pour les juifs du temps) m’a complètement caché l’essentiel. Tellement, en fait, que je ne vois toujours pas… Et votre invitation à « inviter » nos prochains à désirer faire une vie bonne : « Offrons donc aux hommes des espaces de questionnement existentiel, partageons-leur la richesse de notre tradition spirituelle à travers des lieux de silence, d’accompagnement spirituel, de fréquentation des grands témoins de notre histoire, d’ouverture à la beauté… », est déjà sur le simple plan de l’éducation devenue quelque chose de quasi impossible, alors quand il s’agit de la vie spirituelle…

    En somme, ma question demeure – celle qui m’a d’ailleurs hantée tout l’été (ça fait La Fontaine, non ?) – : comment enseigner le désir ?

  2. Thérèse L.-Vézina dit :

    . . . sur les chemins de tous les hommes de bonne volonté :

    Quoique vous fassiez . . .
    faites-le de tout votre cœur. (Confusius)

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