Sous la mouvance de l’Esprit !

8 juin 2014, Pentecôte, année A, Jn 20,19-23/

        Nous sommes habitués, pour la fête de Pentecôte, à méditer le récit des Actes des Apôtres proposé en première lecture, mais arrêtons-nous aujourd’hui sur l’évangile du jour, extrait de l’évangile de Jean au chapitre vingtième.  Nous sommes au soir du premier jour de la semaine – dimanche –  après la mort de Jésus, et voici que le Ressuscité vient à la rencontre de ses disciples pourtant enfermés à double tour. Ce court récit me semble résumer de façon édifiante le cœur de notre foi : de la peur à la joie ; de la joie à la mission ; de la mission à la miséricorde !

D’abord n’êtes-vous pas frappés par la sobriété de ce texte ? Les disciples ont vécu trois années passionnantes de compagnonnage avec Jésus, soulevant tous les espoirs, et puis voilà qu’en quelques jours tout s’écroule avec cette mort dramatique de Jésus en croix… Et au cœur de cette détresse voici que Jésus ressuscité leur apparaît ! J’imagine que la joie devait être immense, que les questions devaient jaillir dans le cœur de chacun : mais comment est-ce possible ? Nous t’avons pourtant vu mort ? Tu es revenu du pays des morts ? Comment était-ce ? Est-ce vrai tout ce que l’on dit sur le séjour des morts ?etc… Bref j’imagine que si nous rencontrions quelqu’un qui revenait du séjour des morts, nous ne manquerions pas de lui poser mille questions… Eh bien rien de tout cela dans le récit de Jean, mais une seule phrase : « Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. » Nous comprenons par là que Jean n’a pas tant le souci de nous raconter les détails de la rencontre que d’écrire un texte catéchétique pour les baptisés d’hier et d’aujourd’hui. Laissons-nous donc interpeller par ce récit :

De la peur à la joie !

Les disciples avaient verrouillé les portes car ils avaient peur… N’est-ce pas bien souvent ce que nous vivons ? Nous sommes, en effet, prompts, à verrouiller : les portes de notre cœur –car nous ne voulons pas nous laisser atteindre par l’autre – ; les portes de nos maisons –car nous avons peur des intrus et même des voisins– ; les portes de nos frontières –car nous avons peur de l’étranger–… Et puis nous avons peur de tout : des microbes, des autres, du mal, de perdre son travail, du non-sens de l’existence, de souffrir, de mourir… « Et il leur dit ‘La paix soit avec vous !’ » L’évangile nous redit, à nous chrétiens, mais ne croyez-vous pas au Christ ressuscité ? Il est vainqueur de tout mal et de toute mort : rien ne peut nous arriver de totalement dramatique car en toute chose nous sommes vainqueurs ! « Ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur ! » (Rm 8, 38-39) C’est donc une Joie profonde à laquelle nous sommes conviés, non pas une Joie que nous avons à construire mais à recevoir sous la mouvance de l’Esprit : « Je vous ai dit tout cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de Joie ! » (Jn 15,11)

De la joie à la mission !

Les disciples furent remplis de joie… et aussitôt Jésus les envoie en mission ! C’est étonnant non ? Comme je l’évoquais plus haut, on s’attendrait plutôt à une grande fête à l’occasion de ces retrouvailles vraiment exceptionnelles, eh bien non… Dans une logique catéchétique, Jean nous signifie que cette Joie, cette Paix profonde qui nous vient de notre foi au Ressuscité, nous ne pouvons la garder pour nous-même, il nous faut la partager, rendre les autres heureux, « rendre compte de cette espérance qui est en nous » (cf. 1P 3,15)… Ce que le Pape François résume en ces termes :  « Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : ‘Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer’ » (Evangelii Gaudium n°164) Et puis la joie n’est vraiment possible qu’en la partageant : on ne peut être heureux tout seul dans son coin, il nous faut convier les autres à partager notre joie. Oui sous la mouvance de l’Esprit le Christ nous envoie pour partager cette joie profonde de croire en Lui !

De la mission à la miséricorde !

Surprise encore, dans ce texte Jésus n’envoie pas d’abord pour baptiser, pour faire des disciples, pour convertir mais pour offrir la miséricorde ! « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » (Jn 20,23) L’Esprit nous est d’abord offert pour partager la miséricorde de Dieu. N’est-ce pas le cœur de la mission de Jésus : réconcilier le monde avec Dieu, faire entrer dans la communion Trinitaire tous les humains ? Bien sûr on évoque ici le sacrement de réconciliation, mais j’y vois surtout une mission pour tous les chrétiens : si vous libérez les gens des liens du péché ils seront libérés, mais si vous ne faites pas l’effort d’aller à la rencontre des pécheurs ils demeureront entravés dans leur péché… Comment ne pas penser ici encore au pape François qui ne cesse de mettre au cœur de ses messages et de ses gestes la Miséricorde du Seigneur à offrir à tous et à chacun et particulièrement aux plus petits. Oui sous la mouvance de l’Esprit offrons sans cesse la miséricorde du Seigneur !

En cette fête de Pentecôte laissons-nous bouger par l’Esprit !

Pour passer :

De la peur à la Joie,

De la Joie à la Mission,

De la Mission à la Miséricorde !

 

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2 réponses à  Sous la mouvance de l’Esprit !

  1. Daniela et Christian Sacy dit :

    Salut Benoît

    Heureux de te retrouver, et surtout de te retrouver en ‘Feux’ en ce dimanche de la Pentecôte. Ton récit de ton séjour, suivi de ta méditation, nous confirme une fois de plus que l’Esprit est bien à l’oeuvre. De l’Europe au Togo, le ‘feu’ s’étend jusqu’à nous.

    Daniela et Christian

  2. Thérèse L.-Vézina dit :

    Bonjour Père Benoît,

    Très contente de retrouver notre « communion électronique » et son passeur…

    De mon côté, des semaines qui ont permis de jeter un regard sur des choses laissées
    en attente. Par exemple, du voyage dit culturel et spirituel de 2007, le Petit guide rapporté du Musée national de Nice sur les œuvres et le Message Biblique de Marc Chagall.

    Dans le texte écrit par l’artiste lui-même, j’avais souligné entre autres : « Si toute la vie va inévitablement vers sa fin , nous devons durant la nôtre, la col0rier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. »

    Voilà bien ce que je retrouve dans le blogue de frère Benoît. Merci !

    Thérèse L.-Vézina

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