Bienveillance !

Cultiver la Bienveillance !

Cultiver la Bienveillance !

Voilà un mot que j’apprécie particulièrement ! Bienveillance : vouloir le bien de l’autre, veiller au bien de l’autre et croire que l’autre me veut du bien ! Dans le contexte africain quel défi !

Grandir dans la bienveillance n’est certes pas un défi propre à l’Afrique, pour preuve les séminaires et associations qui fleurissent autour de la communication non violente : voir par exemple le blog de « Communiquer avec bienveillance », avec les méthodes de Jacques Salomé, Marshall Rosenberg…

Mais, à mon humble jugement, le défi est particulièrement important dans le contexte des rumeurs et des malveillances africaines… Un ami togolais me répète régulièrement : « Une des différences entre vous les blancs et nous autres africains, c’est que lorsque quelqu’un fait des choses bonnes et réussit dans sa vie, vous l’encouragez et le soutenez, alors que nous, on cherche à le casser et à le bloquer ! » Bien sûr j’ai essayé de démentir ses illusions sur les blancs et ses généralisations sur les africains, mais il parlait de sa propre et pénible expérience et il se trouve qu’il est loin, par ici, d’être le seul à subir la malveillance de son entourage. Le contexte de la polygamie y est pour beaucoup, mais ce n’est pas le seul facteur… Il arrive, trop souvent, que les coépouses se jalousent, se mettent des bâtons dans les roues, et surtout fassent porter tout cela sur les épaules des enfants des autres épouses, à grand recours de sorcellerie, empoisonnement et autres réjouissances. Par ailleurs, la notion de respect de l’autonomie de chacun n’est pas du tout comparable à nos sociétés occidentales : chacun appartient à un clan, à une famille, il fait partie de ses « biens patrimoniaux » et lui est redevable. Ce n’est pas tant le bien de l’individu que l’on recherche que le bien du groupe, quitte à bloquer, manipuler, sacrifier les projets des uns et des autres.

Même dans l’Église, je ressens fortement ce manque de respect des individus, au nom de je ne sais quels principes supérieurs. Par exemple, à propos des jeunes en formation, puisqu’ils sont nombreux, on n’hésite pas, pour des peccadilles, à renvoyer des séminaristes ou des religieux même s’ils ont déjà fait 3, 5 ou 8 ans de séminaire ou de vie religieuse ! Certains renvois sont justifiés, mais d’autres non ! Pour preuve : lorsque certains de ces jeunes se portent candidats chez nous, ou d’autres congrégations, et lorsqu’on demande (de façon systématique) à leurs précédents formateurs les raisons de leur renvoi et ce qu’ils pensent d’une poursuite de leur vocation, neuf fois sur dix, ceux-ci nous répondent que leurs départs était dû à un concours de circonstances et qu’ils ne voient pas d’inconvénient à ce que ces jeunes poursuivent leur parcours dans la vie religieuse !

Un dernier aspect, qui a motivé d’ailleurs cette réflexion, c’est la force des rumeurs. Dans une culture orale, les rumeurs sont terribles. Elles anéantissent des parcours, entretiennent le soupçon, la malveillance, le mensonge et la peur. Encore tout récemment, des rumeurs folles ont circulé sur la paroisse et pour remonter la pente : que c’est difficile ! Il ne manquera pas de personnes pour vous dire que, de toute façon, « Il n’y a pas de fumée sans feu ! »… J’ai déjà évoqué sur ce blog les trois filtres (ou les trois tamis) de Socrate, mais je ne peux m’empêcher de les citer de nouveau, comme je l’ai fait la semaine dernière à l’homélie dominicale :

Les trois filtres

Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute opinion de la sagesse. Quelqu’un vient un jour trouver le grand philosophe et lui dit :

« – Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami?

– Un instant, répondit Socrate. Avant que   tu me racontes, j’aimerais te faire passer un test, celui des 3 filtres :

– Les 3 filtres?

– Mais oui, reprit Socrate. Avant de me raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des 3 filtres. Le premier filtre est celui de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai?

– Non. J’en ai simplement entendu parler…

– Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Essayons de filtrer autrement en utilisant un deuxième filtre, celui de la bonté. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?

– Ah non ! Au contraire.

– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es même pas certain si elles sont vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste un filtre, celui de l’utilité. Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?

– Non. Pas vraiment. Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? »

Quelle leçon de bienveillance, n’est-ce pas ? Je vous laisse sur ces réflexions avec un petit passage de saint Paul :

«  On sait bien à quelles actions mène la chair [remarque : le péché, et non le corps] : débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme,  rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. » (Ga 5, 19-22)

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