21 septembre 2014, 25ème Dimanche année A, Mt 20,1-16a /
Celui qui n’a travaillé qu’une heure, reçoit le même salaire que celui qui a peiné tout au long du jour ! Faut-il, une fois de plus, se placer du côté des ouvriers de la vigne et nous indigner d’une justice de Dieu qui nous déconcerte ? Je vous propose, aujourd’hui, d’aborder cette parabole par un autre bout : pourquoi ne pas nous placer du côté du maître du domaine et nous laisser inspirer par son attitude ? S’il en va ainsi dans le Royaume de Dieu, qu’attendons-nous pour emboiter le pas au maître du domaine, et mettre en œuvre, entre nous et autour de nous, cette logique du Royaume dès maintenant ? Cette logique ne consiste-t-elle pas à : rendre sa dignité à chacun ; valoriser ceux qui, apparemment, sont les moins méritants, et offrir l’unique récompense qui vaille ?
Rendre sa dignité à chacun !
D’abord, il est remarquable que ce bon maître ne pratique pas une charité condescendante mais offre à chacun un travail. Je pense ici, parmi bien d’autres exemples, aux chiffonniers d’Emmaüs de l’abbé Pierre ! Plutôt que de leur fournir simplement un minimum vital, les communautés d’Emmaüs leur offrent d’abord de regagner leur dignité par un travail et une générosité qu’ils peuvent exercer envers d’autres. Nos sociétés essaient de mettre de telles solutions en place, mais si nous nous en remettons uniquement au pouvoir publique, nous savons bien que la tâche sera impossible. Comment, à notre mesure, offrir un travail, demander un service, solliciter les capacités des uns et des autres pour que chacun puisse se sentir utile sur le chantier du Royaume. Il suffit, parfois, d’un tout petit coup de pouce pour appeler à travailler à la vigne du Seigneur : accompagner quelqu’un dans ses démarches administratives, l’inviter à venir visiter un malade, ou à enlever quelques mauvaises herbes dans la cour…
Valoriser ceux qui, apparemment, sont les moins méritants !
« Les derniers seront premiers… » Je pense ici à un autre texte biblique, celui de Caïn et Abel. Vous vous souvenez : « Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais il détourna son regard de Caïn et de son offrande. » (Gn 4,4-5) Ici aussi, on crie vite à l’injustice ou à l’arbitraire de Dieu, prenant volontiers le parti de Caïn qui s’irrita contre son frère. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, on décèle que Caïn était tout pour sa mère : « J’ai procréé un homme, avec le Seigneur. » (Gn 4,1) s’exclame-t-elle à sa naissance ! Quasiment un fils de Dieu ! Par contre, d’Abel le texte dit : « Elle enfanta encore son frère Abel. » (Gn 4,2) Il n’est plus qualifié de fils, il n’est que le frère de Caïn, pas de parole à son sujet et un nom incroyable : Abel signifie « buée », « presque rien » (l’Ecclésiaste utilise ce mot pour dire « vanité des vanités »). Voici donc un « presque rien » face à un premier-né considéré par sa mère comme son homme et comme un fils de Dieu ! Alors me semble-t-il le choix de Dieu s’éclaire, il n’est plus arbitraire, mais il vient rééquilibrer la balance et faire de cet Abel un homme, lui-aussi, qui a toute sa valeur ! Les situations ne sont-elles pas nombreuses où nous pourrions comme le Seigneur rééquilibrer la balance en faveur des blessés de la vie ! Plutôt que de qualifier de profiteurs, de fainéants, de bons à rien (de presque rien, c’est-à-dire d’Abel) ceux qui sont au bord du chemin, regardons-les plutôt comme des blessés de la vie, et tentons de rétablir l’équilibre par notre option préférentielle pour les pauvres et les petits !
Offrir l’unique récompense qui vaille !
Avec cette histoire de salaire, je pense à ces sommes inimaginables dont on entend parler à propos de certains sportifs ou grands patrons (le patron d’Apple gagnait plus d’1 million de dollars par jour en 2011) comparés aux salaires de misère des autres (au Togo, le salaire minimum, que beaucoup ne perçoivent même pas, correspond à 2,20 $ par jour). Ne voyez-vous pas qu’il est temps de revenir à la logique du Royaume de Dieu et donner à chacun l’unique récompense qui vaille : d’une part, de quoi se nourrir, subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, en luttant contre ces inégalités scandaleuses comme si un homme n’avait pas la même valeur qu’un autre ? Mais, d’autre part, l’unique salaire durable, c’est celui de la vie éternelle… Une vie qui commence, dès ici-bas, lorsque nous vivons selon l’amour de Dieu ! Voilà pourquoi le maître donne un unique salaire à chacun : la vie éternelle, on en reçoit pas une petite ou une grosse portion, elle n’est ni dénombrable ni quantifiable mais unique. Comment, à notre tour, offrir l’unique récompense qui vaille : un salaire juste pour chacun et surtout la capacité pour chacun de donner et de recevoir l’amour de ses frères et de Dieu !
Au lieu de nous offusquer de la logique de Dieu, cherchons à la comprendre et à la faire nôtre :
Rendons à chacun sa dignité !
Valorisons les blessés de la vie !
Et offrons à chacun l’unique salaire qui vaille :
celui de l’amour donné et reçu !
La logique du Royaume !
21 septembre 2014, 25ème Dimanche année A, Mt 20,1-16a /
Celui qui n’a travaillé qu’une heure, reçoit le même salaire que celui qui a peiné tout au long du jour ! Faut-il, une fois de plus, se placer du côté des ouvriers de la vigne et nous indigner d’une justice de Dieu qui nous déconcerte ? Je vous propose, aujourd’hui, d’aborder cette parabole par un autre bout : pourquoi ne pas nous placer du côté du maître du domaine et nous laisser inspirer par son attitude ? S’il en va ainsi dans le Royaume de Dieu, qu’attendons-nous pour emboiter le pas au maître du domaine, et mettre en œuvre, entre nous et autour de nous, cette logique du Royaume dès maintenant ? Cette logique ne consiste-t-elle pas à : rendre sa dignité à chacun ; valoriser ceux qui, apparemment, sont les moins méritants, et offrir l’unique récompense qui vaille ?
Rendre sa dignité à chacun !
D’abord, il est remarquable que ce bon maître ne pratique pas une charité condescendante mais offre à chacun un travail. Je pense ici, parmi bien d’autres exemples, aux chiffonniers d’Emmaüs de l’abbé Pierre ! Plutôt que de leur fournir simplement un minimum vital, les communautés d’Emmaüs leur offrent d’abord de regagner leur dignité par un travail et une générosité qu’ils peuvent exercer envers d’autres. Nos sociétés essaient de mettre de telles solutions en place, mais si nous nous en remettons uniquement au pouvoir publique, nous savons bien que la tâche sera impossible. Comment, à notre mesure, offrir un travail, demander un service, solliciter les capacités des uns et des autres pour que chacun puisse se sentir utile sur le chantier du Royaume. Il suffit, parfois, d’un tout petit coup de pouce pour appeler à travailler à la vigne du Seigneur : accompagner quelqu’un dans ses démarches administratives, l’inviter à venir visiter un malade, ou à enlever quelques mauvaises herbes dans la cour…
Valoriser ceux qui, apparemment, sont les moins méritants !
« Les derniers seront premiers… » Je pense ici à un autre texte biblique, celui de Caïn et Abel. Vous vous souvenez : « Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais il détourna son regard de Caïn et de son offrande. » (Gn 4,4-5) Ici aussi, on crie vite à l’injustice ou à l’arbitraire de Dieu, prenant volontiers le parti de Caïn qui s’irrita contre son frère. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, on décèle que Caïn était tout pour sa mère : « J’ai procréé un homme, avec le Seigneur. » (Gn 4,1) s’exclame-t-elle à sa naissance ! Quasiment un fils de Dieu ! Par contre, d’Abel le texte dit : « Elle enfanta encore son frère Abel. » (Gn 4,2) Il n’est plus qualifié de fils, il n’est que le frère de Caïn, pas de parole à son sujet et un nom incroyable : Abel signifie « buée », « presque rien » (l’Ecclésiaste utilise ce mot pour dire « vanité des vanités »). Voici donc un « presque rien » face à un premier-né considéré par sa mère comme son homme et comme un fils de Dieu ! Alors me semble-t-il le choix de Dieu s’éclaire, il n’est plus arbitraire, mais il vient rééquilibrer la balance et faire de cet Abel un homme, lui-aussi, qui a toute sa valeur ! Les situations ne sont-elles pas nombreuses où nous pourrions comme le Seigneur rééquilibrer la balance en faveur des blessés de la vie ! Plutôt que de qualifier de profiteurs, de fainéants, de bons à rien (de presque rien, c’est-à-dire d’Abel) ceux qui sont au bord du chemin, regardons-les plutôt comme des blessés de la vie, et tentons de rétablir l’équilibre par notre option préférentielle pour les pauvres et les petits !
Offrir l’unique récompense qui vaille !
Avec cette histoire de salaire, je pense à ces sommes inimaginables dont on entend parler à propos de certains sportifs ou grands patrons (le patron d’Apple gagnait plus d’1 million de dollars par jour en 2011) comparés aux salaires de misère des autres (au Togo, le salaire minimum, que beaucoup ne perçoivent même pas, correspond à 2,20 $ par jour). Ne voyez-vous pas qu’il est temps de revenir à la logique du Royaume de Dieu et donner à chacun l’unique récompense qui vaille : d’une part, de quoi se nourrir, subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, en luttant contre ces inégalités scandaleuses comme si un homme n’avait pas la même valeur qu’un autre ? Mais, d’autre part, l’unique salaire durable, c’est celui de la vie éternelle… Une vie qui commence, dès ici-bas, lorsque nous vivons selon l’amour de Dieu ! Voilà pourquoi le maître donne un unique salaire à chacun : la vie éternelle, on en reçoit pas une petite ou une grosse portion, elle n’est ni dénombrable ni quantifiable mais unique. Comment, à notre tour, offrir l’unique récompense qui vaille : un salaire juste pour chacun et surtout la capacité pour chacun de donner et de recevoir l’amour de ses frères et de Dieu !
Au lieu de nous offusquer de la logique de Dieu, cherchons à la comprendre et à la faire nôtre :
Rendons à chacun sa dignité !
Valorisons les blessés de la vie !
Et offrons à chacun l’unique salaire qui vaille :
celui de l’amour donné et reçu !