28 septembre 2014, 26ème Dimanche année A, Mt 21,28-32 /
La semaine dernière, dans la parabole des ouvriers de la dernière heure, Jésus interpellait scribes, pharisiens et nous autres, « chrétiens de souche », en nous signifiant que ce n’est pas notre prétention à être des ouvriers de la première heure qui nous garantit un traitement de faveur… Dans la parabole de ce dimanche, Jésus va plus loin, c’est comme s’il nous disait : « mais finalement, êtes-vous sûrs de travailler à ma vigne ? Vous dites que oui vous êtes chrétiens, mais vos actes confirment-ils cela ? Regardez bien autour de vous : des personnes que vous tenez en mauvaise estime et qui n’ont pas l’étiquette chrétienne sur le front sont peut-être plus chrétiennes que vous dans leurs actes ! » Mais encore faut-il équilibrer ce propos, car beaucoup de personnes qui se tiennent à distance de l’Église, utilisent ce genre d’argument pour juger un peu vite leurs frères et sœurs pratiquants et s’auto-justifier dans leur rejet de la pratique chrétienne…
Dire « oui » et faire « non » ?
Qu’est-ce qui permet de donner le label « vrai chrétien » ? Spontanément on nous dira que le vrai chrétien ce n’est pas la grenouille de bénitier mais celui qui met en œuvre l’amour du prochain. Cette réponse n’est certainement pas fausse mais peut-être pas tout à fait juste ! Le résumé de la Loi n’est-il pas : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit: voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes.» (Mt 22,37-40) N’oublions donc pas l’amour du Seigneur tout en sachant que celui-ci passe par l’amour du prochain ! De même, le nouveau commandement de Jésus n’est pas « Aimez-vous les uns les autres ! » mais « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34) c’est-à-dire, « non seulement selon mon exemple, mais en puisant votre amour dans l’amour dont je vous ai aimés… dans l’amour de Dieu ! » Je reviens donc à ma question : qu’est-ce qui permet de donner le label « vrai chrétien » ? Je crois que ce n’est pas simplement celui qui aime son prochain, mais celui qui vit comme le Christ. Car Jésus de Nazareth fut serviteur des hommes et, en particulier, des plus petits, mais il fut aussi celui qui prit le temps de cultiver son intimité avec son Père du Ciel, qui rassembla autour de lui une communauté, qui fit preuve de miséricorde, qui annonça la Parole de Dieu à temps et à contretemps, qui rechercha sans cesse à accomplir la volonté de Dieu, etc.
Dire « non » et faire « oui » ?
« Les publicains et les prostituées vous précédent dans le royaume de Dieu. » (Mt 21,31) Lisons bien l’évangile : quand Jésus prend en exemple les publicains et les prostituées, ce n’est pas pour l’exemple de leur conduite, mais « parce qu’ils ont cru à la parole de Jean Baptiste » (cf. Mt 21,32) une parole qui annonçait la venue du Messie et offrait un baptême de conversion ! Jésus dit aux chefs des prêtres et aux anciens anciens que les publicains et les prostituées les précèdent parce qu’ils se sont convertis à la parole de Jean Baptiste alors qu’eux ne se sont pas convertis et ne Le reconnaissent pas comme l’envoyé de Dieu ! Donc n’instrumentalisons pas trop cette page d’évangile : elle ne dit pas qu’il suffit d’aimer son prochain pour être un bon chrétien, mais qu’il faut toujours rechercher la conversion et se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, quel que soit notre point de départ : chrétien pratiquant, chrétien sociologique, non-chrétien , prêtre, prostituée, cadre ou employé…
Dire « oui » et faire « oui » ?
Entre le premier fils qui dit « non » mais qui, finalement, va travailler à la vigne du Père et le second fils qui dit « oui » et ne se met pas au travail, le Seigneur ne nous indique-t-il pas une troisième voie possible, celle d’un fils qui dirait « oui » et se mettrait au travail avec empressement ? L’Évangile n’est pas là pour culpabiliser les chrétiens pratiquants, ni pour servir d’excuse à ceux qui rejettent la pratique mais pour inviter chacun à tendre, toujours plus, vers l’idéal chrétien : une vie configurée à celle du Christ ! C’est bien Lui, le Fils, qui a dit oui au Seigneur et a fait de toute sa vie un oui à la volonté du Père… Et c’est bien en Lui que pouvons devenir de véritables fils dans le Fils. Recherchons donc sans cesse à nourrir notre intimité avec le Fils de Dieu alors nous trouverons l’unique chemin pour accorder nos prétentions à nos actes !
Dire oui et faire non ? Dire non et faire oui ?
Auquel va-t-on donner le label « Vrai chrétien » ?
N’est-ce pas plutôt à celui qui cherche sans cesse à configurer sa vie au Christ
pour qu’elle devienne tout entière un Oui au Seigneur ?
Le chrétien doit choisir à chaque jour de suivre son coeuur, son coeur unifié à celui du Christ. Que nos gestes sachent traduire l’amour reçu, l’amour à être partagé, l’amour à donner. Si j’ai rencontré Dieu intimement dans sa miséricorde je me dois d’être Visage de Lui dans ce monde par la simplicité de ma vie en m’ouvrant au besoin des autres.
L’important c’est de OUI et aller sur ce chemin qu’est Don de soi…
Voilà mon credo…