Défendre les droits de l’homme et défendre les droits de Dieu !

121C26 octobre 2014, 30ème Dimanche année A, Mt 22,34-40 /

Voilà un passage de l’Évangile qui nous est bien connu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit… Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22,37-39) Que dire de plus ? Rien, mais cependant trois interrogations surgissent à mon esprit. Que signifie, pour moi, aimer ? Ces deux commandements sont-ils identiques ? Pourquoi Jésus nous donnera-t-il un commandement nouveau ?

Que signifie aimer ?

Quand j’étais jeune, en entendant ces commandements, je me disais : « Mais j’aime Dieu, et j’aime tout le monde – ou, pour le moins, je ne veux de mal à personne –, que m’est-il demandé de plus ? » Jusqu’au jour où je me suis traduit ces commandements par : « Tu feras exister Dieu (dans ta vie et dans la vie du monde) et tu feras exister ton prochain ! » Cela m’a paru beaucoup plus exigeant et beaucoup plus clair. Aimer Dieu et son prochain ne consiste pas à cultiver de bons sentiments, mais à s’engager au service de Dieu et de son prochain. Notre fondateur, le P. Emmanuel d’Alzon, dans le contexte du XIXème siècle postrévolutionnaire, parlait de défendre les droits de Dieu ! La révolution française, en effet, avait promulgué les droits de l’Homme et du citoyen en combattant la religion jusqu’à faire disparaître le jour du Seigneur, en massacrant le patrimoine religieux et en offrant le martyre à plusieurs centaines de  milliers de chrétiens ! Défendre les droits de Dieu et défendre les droits de l’Homme, voilà encore une autre façon – plus virile, peut-être–  de traduire ces commandements de l’amour ! Aujourd’hui notre règle de vie formule cela de façon moins belliqueuse mais tout aussi chevaleresque en nous invitant à nous porter là où Dieu est menacé en l’Homme et là où l’Homme est menacé comme image de Dieu ! Et vous, comment vous traduisez-vous ces deux commandements de l’amour ?

Ces deux commandements sont-ils identiques ?

Tous les commentateurs bibliques nous disent que Jésus n’invente rien en citant ces deux commandements, mais que son originalité tient dans leur rapprochement. Cependant il n’en fait pas un unique commandement, ni ne dit qu’ils sont identiques, mais plutôt semblables : « Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable. » (Mt 22,38-39) Si je fais cette remarque c’est pour souligner qu’on ne peut, comme le font pourtant bon nombre de nos contemporains, nous dédouaner de l’un ou de l’autre de ces deux commandement. On ne peut, en effet, dire qu’il suffit d’aimer son prochain, sans se soucier de savoir si Dieu existe… Car Dieu est la source d’un amour vrai et authentique. Et l’homme, aussi bon soit-il, ne peut vivre uniquement sur le mode de la charité… Il a, aussi, besoin d’espérance et de foi pour nourrir son agir. À l’opposé, on ne peut, bien sûr, prétendre aimer Dieu sans aimer son prochain, mais de cela tout le monde aujourd’hui en est conscient.

Pourquoi un commandement nouveau ?

Contrairement à ce que nous avons parfois en tête, ces deux commandements ne résument pas l’Évangile, mais la Loi de l’Ancienne Alliance ! Le commandement nouveau donné par le Christ c’est : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! » La grande différence tient dans la référence au Christ, et non plus à un Dieu lointain. Non pas un Dieu qui réclamerait son dû, mais un Dieu qui, en Jésus Christ, nous a manifesté jusqu’où pouvait aller son amour : jusqu’à se laisser juger par les hommes et tuer sur une croix ! L’amour de tous les humains, et même de nos ennemis, devient possible, non seulement parce que le Christ nous en a montré l’exemple, mais parce que c’est alimentés à son amour que nous pouvons alors aimer à notre tour. Le nouveau commandement n’est plus un ordre impossible, donné de l’extérieur, mais un encouragement à réaliser ce qui est déjà à l’œuvre en nous, par l’action de Jésus Christ et de son Esprit !

Oui, ces deux commandements, nous les connaissons bien.

Mais comment nous les traduisons-nous ?

Et en qui puisons-nous la force de les mettre en œuvre ?

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Une réponse à Défendre les droits de l’homme et défendre les droits de Dieu !

  1. Thérèse L.-Vézina dit :

    En méditant sur la teneur du discours du pape François à la fin des travaux du synode sur la famille, ce 18 octobre 2014, discours diffusé par le journal La Croix (avec Radio Vatican).

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