15 février 2015, 6e dimanche ordinaire, année B, Mc 1,40-45 /
Faut-il être pur pour s’approcher de Dieu ? Et, plus encore, Dieu a-t-il besoin que nous soyons purs pour s’approcher de nous ? Voilà bien les questions à l’arrière-plan de ce récit de guérison d’un lépreux… L’actualisation n’est guère difficile. Il suffit de penser au débat sur l’accueil en Église des personnes en situation matrimoniale irrégulière, une question largement évoquée lors du synode des évêques sur la famille. Certaines chrétiennes, certains chrétiens se sentent exclus par l’Église et l’interrogent : les sacrements sont-ils réservés aux purs ? Celle-ci, jusqu’à maintenant, essaie de dire que ne pas avoir accès aux sacrements, n’est pas à vivre comme une exclusion et qu’il existe d’autres modes d’appartenance possibles… Regardons donc, de plus près, ce que nous propose l’Évangile de ce dimanche : Pour plus de vie, transgresser l’interdit… Pour plus de vie, purifier nos idées sur Dieu… Pour plus de vie, se laisser purifier…
Pour plus de vie, transgresser l’interdit…
Dans la logique du livre du Lévitique, le peuple d’Israël est tenu à un très grand nombre de règles de pureté pour que le Très Saint puisse venir à la rencontre de son peuple. Remarquons d’emblée que cette pureté n’est, en général, pas de l’ordre d’une conduite morale pure, mais que, tout simplement, certains éléments de la vie humaine, considérés comme ayant à voir avec la mort ou la non-vie, sont incompatibles avec la présence de Celui qui est source de vie : pertes de sang, pertes séminales, contact avec un cadavre, lèpre des humains, « lèpre des maisons » ou « lèpre des vêtements » (cf. Lv 11-15) Le lépreux, se sachant impur, n’aurait jamais dû approcher Jésus. De même, Jésus, pour se prémunir de l’impureté, n’aurait jamais dû toucher le lépreux. Or, tous deux transgressent l’interdit et, étonnamment, au lieu que cela « produise » de la mort et de l’impureté, cela « produit » de la Vie ! N’oublions donc jamais que toutes les règles que nous nous donnons doivent être au service d’un surcroit de vie, non seulement pour moi, mais pour l’autre et pour la société. Lorsqu’elles ne remplissent plus leur rôle, ne doivent-elles pas être transgressées ?
Pour plus de vie, purifier nos idées sur Dieu…
S’il y a bien quelque chose à purifier ce sont nos fausses idées sur Dieu ! Jésus a passé sa vie à nous révéler le vrai visage de Dieu, au-delà de nos représentations. Or justement cette idée d’un Dieu de vie qui ne pourrait s’approcher de la mort, fut totalement battue en brèche par la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Dieu ne disparaît pas en présence de la mort ou de ce qui lui est apparenté, il n’a pas peur de s’approcher de l’impur ou du pécheur… Au contraire, sa puissance de vie va permettre de purifier, de libérer, de guérir celui que l’on tenait à distance. Il ne s’agit donc pas d’être pur pour approcher le Seigneur puisque c’est lui qui purifie. Une fois pour toutes, convertissons nos idées sur Dieu qui est un Dieu d’amour et non pas celui qui tiendrait le compte de nos bonnes ou mauvaises actions.
Pour plus de vie se laisser purifier…
Oui le Seigneur s’approche de l’impur, non pas pour le maintenir dans sa situation mais pour le libérer : « Je le veux, sois purifié. » Encore une fois, ne nous trompons pas de sens. Il ne s’agit pas de devenir des purs ou des parfaits en un sens moral – comme le signifiait le mot « cathare » – mais d’être remis sur le chemin de la vie, d’être rétablis dans notre relation à Dieu et aux autres. C’est bien ce qui est signifié dans tous les récits de guérison ou d’exorcisme au long des évangiles. Alors, si nous, chrétiens, participons vraiment à la vie du Christ, nous devrions être capables de nous approcher, comme lui, de tous les exclus, les parias, les impurs pour les faire entrer dans la vie. Je n’ose énumérer ici les exclus de nos sociétés ou de nos églises, mais cela va (suivant les lieux), des malades du sida aux personnes homosexuelles, en passant par les chrétiens divorcés remariés ou en union libre, les immigrants, les différents, les nomades et même les extrémistes… Comment s’approcher de tous, n’exclure personne -surtout pas au nom de Dieu- et replacer chacun sur le chemin de la vie ?
Sans perdre patience, le Seigneur veut nous purifier, c’est-à-dire, nous offrir sa vie !
Serons-nous les relais de ce surcroit de vie pour nos frères et sœurs ?
Pour cela, sommes-nous prêts à transgresser l’interdit,
à purifier nos idées sur Dieu,
à nous laisser purifier par lui,
…pour plus de vie !
Je crois qu’il est bon d’ouvrir son coeur pour que Dieu puisse se dire à nous … Cette attitude permet de nous accepter tel que nous sommes malgré tout jugements du monde et des idées aussi pures soient-elles. C’est une nouvelle naissance qui permet d’accepter les autres comme ils sont avec le même regard que Dieu a posé sur nous…
Se permettre d’aimer, oser aimer sans condition tout simplement…
Oh là là ! P. Benoît, je crains que vous ne soyez jamais nommé évêque… ! !
Benoît est un ‘bergolien’. pure-laine Monique.
Ce qui nous manque le plus dans notre vie de’chrétien joyeux’, c’est la ‘communion’ avec les autres, le pire c’est qu’on s’ habitue à cette carence de communion sans même s’en rendre compte. La peur de l’autre, l’étranger, le barbu etc…nous poussent à juger et à nous en éloigner, à vouloir les ‘désarmer’.( Ce qui est peut-être très légitime en ces temps de terreur). Par conséquent, nous devenons des ‘chrétiens anxieux’ La ville de Shawinigan suite aux pressions de sa population a refusé la construction d’une mosquée cette semaine…
Quelle surprise, Christian ! D’abord, tu es plus savant que moi, je ne savais pas ce que voulait dire le mot « bergolien ». Je ne savais pas non plus – recherches faites -, que le pape François s’appelle Bergoglio ! Tu vois ma naïveté ! Moi, j’ai vu un Benoît « bigardien » ! Les paroles de son billet m’ont fait dire spontanément : tout Benoît est là ! ! Et puis, j’ai pensé à « la frêle silhouette de Nazareth » qui animait tant le P. Christian ; c’est elle, cette silhouette que l’on retrouve dans le billet de Benoît ! J’ai pensé aussi à la devise du fondateur des augustins de l’Assomption, le Père d’Alzon. Qu’est-ce que c’est déjà… ?
Voilà, Christian, ce qui a motivé ma phrase amusée mais en même temps hyper sérieuse et admirative. Merci de m’avoir répondu.
« Il est venu marcher — nous apprendre à aimer et vaincre la haine »