Des êtres de relation…

Philippe Pozzo di Borgo

Philippe Pozzo di Borgo

         Depuis la nouvelle formule du magazine Panorama, nous avons droit à de très belles « conversations », sous la houlette de François Xavier Maigre. Dans le dernier numéro (qui ne s’est pas perdu dans les méandres de la poste, comme le précédent) l’entretien central est avec Philippe Pozzo di Borgo ce grand patron devenu tétraplégique après un accident de parapente et devenu célèbre par le film « Intouchables ». Lui, l’agnostique en quête d’absolu nous livre de superbes enseignements. J’aimerais vous en partager quelques extraits :

« Vous évoquez ce plafond d’hôpital, que vous comparez à un miroir. Expliquez-nous !

– En scrutant le plafond, c’est vous-même que vous regardez. Vous êtes dans le présent. C’est extraordinaire un plafond. Vous n’avez jamais fait cet exercice ?

À vrai dire, non…

– Prenez le temps d’observer celui de votre chambre. Sous ce plafond, vous êtes vous-même. Tout ce qui frémit dans la pièce, la mouche qui voltige, vous le ressentez. L’infirmière qui s’apprête à pousser la porte, son pas l’annonce. Vous savez exactement où vous êtes. C’est une richesse inestimable que d’apprendre à habiter l’espace et le temps.

– Avant je vivais à 200 à l’heure. Dans ces conditions, il est bien difficile de rencontrer qui que ce soit…

-À mon sens, il est urgent de revenir à ce que nous sommes fondamentalement : des êtres sociaux. Nous n’existons que dans la relation.

– La fragilité peut constituer une véritable pédagogie de vie, y compris pour les êtres valides. Car le plus vulnérable vous désarme. En vous offrant de considérer un être différent de vous-même, il aiguise votre intelligence. Les plus fragiles vous font toucher la diversité du monde. Il me semble essentiel de mettre les plus fables, les humiliés, au centre de notre société.

Qu’avez-vous appris auprès des souffrants ?

– Qu’un homme en fin de vie ne demande pas qu’on le plonge dans un état comateux. Ce qu’il désire, c’est être en relation, en lien. Réciproquement, celui qui vient se pencher à son chevet découvre un apaisement, une réconciliation. Accompagner un mourant, ce n’est pas grave. C’est tout à fait naturel.

« Si nous mettions l’Évangile en œuvre, dites-vous, nos sociétés seraient transformées. »

– Ah, mais c’est évident ! Ce qui caractérise la parole du Christ, c’est le respect de l’humilié, du plus petit. Il n’y a que cette attitude qui permettra la guérison de nos sociétés. Vous parlez de conversion : commençons par la guérison ! La conversion viendra peut-être après.

Vous qui avez appris les vertus de la lenteur, quelle clé de sagesse donneriez-vous aux hyperactifs que nous sommes ?

– Peut-être de s’offrir une pause quotidienne, ne serait-ce que quinze minutes de silence total. Retirez-vous du monde, éteignez tout. Prière ou méditation, appelez cela comme vous voulez. Mais je vous garantis que cela remet la vie en perspective !

Vous évoquez ce grand-père médecin ancien résistant, chef d’entreprise humaniste, ou encore Jean Vanier. D’autres figures vous inspirent ?

– Le Pape François, sans hésiter. Vous devriez voir mon curé, Jean-Claude, dans sa petite église d’Essaouira, souvent clairsemée le dimanche. Il a rajeuni de vingt ans grâce à ce pape. François est très proche de l’Évangile et sa parole frappe même les non chrétiens.

-Des vies, j’ai l’avantage d’en avoir connu deux. Mais je ne voudrais pas que vous pensiez qu’il faut être passé par la case fauteuil pour être capable de percevoir tout cela. On peut très bien tenir debout et accueillir la fragilité. L’accepter nous rend probablement plus proche du  bonheur. »

Alors, n’y a-t-il pas quelques belles leçons de vie, déjà dans ces quelques extraits. Si vous voulez retrouver cet entretien au complet, il faut acquérir le magazine Panorama de juin 2015 ! Et pour aller plus loin le dernier livre de Philippe Pozzo di Borgo : Toi et moi, j’y crois. Bayard, 2015.


La vie par ici…

Rencontre de travail à Ouagadougou

Rencontre de travail à Ouagadougou

Même si l’année de noviciat ne prendra fin que le 22 août, nous sentons déjà un parfum de fin d’année… En effet, nous sommes dans le temps des évaluations et des rapports… Il nous faut déjà envisager les nominations à venir… Évoquer les différentes étapes de premiers vœux, de renouvellement de vœux, de vœux perpétuels… C’est ce qui m’occupe pas mal ces derniers temps, depuis le séjour de nos trois provinciaux fondateurs, jusqu’à la rédaction des 8 rapports sur les novices, en passant par notre commission d’Afrique de l’Ouest la semaine passée et l’accompagnement parfois délicat des jeunes frères en formation.

Quelle responsabilité, exercée toujours à plusieurs, que de se prononcer en vérité sur le désir de consécration au Seigneur de ces jeunes frères dans notre famille religieuse ! Il s’agit de mettre en œuvre  l’art du discernement qui est loin d’être une science exacte, et surtout d’accueillir les appels du Seigneur.

Ainsi, notre petit coin assomptionniste d’Afrique de l’Ouest prend de l’ampleur, en comptant tous les jeunes issus d’Afrique de l’Ouest et déjà dispersés dans divers communautés (Sokodé, Ouagadougou,  Kinshasa, Nairobi, Antananarivo, Lyon, Lille, Paris, Toulouse). :

– 9-10 jeunes viennent d’être admis à l’étape du pré-postulat…

– 8 demandent à entrer au noviciat

– 9 demandent à prononcer leurs premiers vœux

– 19 demandent à renouveler leurs vœux

– 2 prononceront leurs vœux définitifs…

Ce sont donc 48 jeunes en formation, que les formateurs accompagnent dans leur suite du Christ. Avec une responsabilité particulière comme maître des novices et délégué du provincial pour l’Afrique de l’Ouest, c’est bien sûr une grande joie, mais aussi beaucoup de soucis, comme pour un père de famille nombreuse…

[1] Jean-Yves Leloup, Ecrits sur l’hésychasme, Albin Michel, 1990

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