La première…

assomption15 août 2015, Assomption de la Vierge Marie, année B, Lc 1,39-56 /

Il n’est jamais simple de laisser toute sa place mais rien que sa place à la Vierge Marie dans notre vie chrétienne. De tout temps le magistère de l’Église et les théologiens, ont dû freiner certains élans populaires et cadrer les pratiques dévotionnelles, de façon à ne pas laisser déformer Marie en en faisant une déesse, en la disjoignant de son Fils ou en cultivant une rapport à Marie par trop magique… Une belle expression, joliment mise en musique, résume la place de Marie : « La première en chemin ! » Marie, à travers son rôle unique dans l’histoire, nous parle du rôle de tout chrétien. Elle est la première à avoir enfanté le Christ ; la première à être devenue disciple de son Fils ; la première à partager la vie de Dieu ! Alors, comment cette étoile éclaire-t-elle notre route ?

Comme Marie, enfanter Dieu !

J’en ai plusieurs fois parlé dans d’autres méditations… Marie est la seule à avoir enfanté l’enfant Jésus il y a deux mille ans, mais chaque chrétien doit, à son tour, enfanter le Christ en lui et autour de lui. C’est la longue tradition de ce que l’on nomme « l’incarnation mystique » qui nous rappelle cela : « Marie, choisie de toute éternité, reçoit dans ses chastes entrailles un Dieu qui veut y prendre notre nature. Mais n’ai-je pas reçu, au saint baptême, un germe divin que je dois développer en moi ? […] De même que l’enfant croit sans cesse, par quel esprit de foi et d’amour dois-je développer Jésus Christ en moi et le faire croître ? […] Marie a porté Jésus dans ses chastes entrailles durant neuf mois. Comment dois-je porter Jésus dans mon cœur, lorsqu’il y est descendu par l’Eucharistie ? […] À partir de sa naissance jusqu’à trente ans, la vie de Marie et celle de Jésus ne font qu’un, et c’est là que je dois aller chercher des leçons, je dois me faire instruire par Marie des perfections de Jésus dans sa vie cachée. » (P. Emmanuel d’Alzon, Ecrits spirituels pp. 1026-1027) C’est donc d’abord ce beau titre de Marie, mère de Dieu, qui doit inspirer notre façon de rendre Dieu présent au monde d’aujourd’hui !

Comme Marie, devenir disciple !

« « Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent. » Il leur répond : « Qui est ma mère ? Et mes frères ?  » Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » » (Mc 3,32-34) Parmi d’autres passages, celui-ci nous fait comprendre combien Marie elle-même a dû devenir disciple de son Fils. Ce n’est pas seulement le fait qu’elle ait porté Jésus en son sein qui fait sa grandeur, c’est surtout sa disponibilité à la volonté de Dieu, le fait qu’elle l’ait suivi jusqu’à la croix et qu’elle ait été présente avec la première communauté des disciples rassemblés, bref qu’elle soit la première à être devenue disciple. Marie n’a pas tout compris tout de suite ou d’avance, mais, gardant tous les moments importants dans son cœur, elle a su se mettre à l’école de son Fils qui était aussi celui par qui elle avait été créée : le Verbe de Dieu ! C’est donc ce second titre de Marie : Mère de l’Église, qui doit inspirer notre façon d’être disciple, de nous laisser bousculer dans nos certitudes, surtout religieuses, par celui qui veut nous enseigner et nous convertir !

Comme Marie, entrer dans la communion des sauvés !

La fête de l’Assomption que nous célébrons en ce jour, possède également les deux dimensions évoquées plus haut : elle célèbre une fête unique, celle de l’exaltation de Marie corps et âme… Mais elle célèbre également ce à quoi nous sommes tous appelés : Marie est la première à entrer dans la vie promise à tous les sauvés. En célébrant l’Assomption de Marie, nous célébrons donc ce à quoi nous sommes destinés… Sommes-nous toujours suffisamment conscient que notre vie ici-bas est une préparation pour notre vie en Dieu ? Non pas pour dévaloriser notre vie ici-bas, mais au contraire pour lui donner plus de poids : quel élan et quelle joie de savoir que ce que nous entreprenons ici-bas n’est pas sans valeur ni promis à l’oubli mais prépare le Royaume de Dieu et sera porté à sa plénitude en lui. Ce troisième titre de Marie, Mère de l’humanité, première exaltée, nous oriente et nous rend attentif à la destinée universelle de l’humanité en Dieu.

Oui Marie est

 la première à avoir enfanté le Christ,

la première à être devenue disciple,

la première à partager la vie de Dieu :

N’est-ce pas pour que nous marchions à sa suite ?

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