27 septembre 2015, 26ème dimanche, année B, Mc 9,38…48 /
Ce dimanche deux petits passages qui n’ont pas vraiment de lien entre eux sont proposés à notre méditation. Le premier nous invite à cultiver l’œcuménisme et un esprit non sectaire, le second nous demande de prendre souci de notre âme, de notre « vraie vie », avant tout. Ce sont, finalement, deux aspects terriblement actuels de notre vie chrétienne. À l’heure des peurs islamistes, des replis identitaires, de la vigueur des Églises du réveil, réentendons la parole de Moïse : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11,29). D’autre part, face à une société toujours plus envahie par la technologie, l’hédonisme, la consommation, le culte du corps, Jésus nous redit « mais ne savez-vous pas que votre vie ici-bas est faite pour prendre soin de votre âme, de votre « vraie vie », de cette vie qui se poursuivra après la disparition de votre corps de chair ? » À quel œcuménisme, à quel dialogue, à quelle jalousie, sommes-nous invités ?
Quel œcuménisme ?
« Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. » (Mc 9,39-41). Je note plusieurs points de repère dans cette réponse de Jésus à ses disciples, jaloux de leurs prérogatives de disciples. D’abord, qu’au-delà de tous nos cercles d’appartenance il s’agit de voir le Bien, là où il se trouve : là où s’opèrent des miracles, des œuvres, des écoles, des hôpitaux, des maisons d’accueil, des aides aux prisonniers, aux immigrés, aux réfugiés, aux malades, aux affamés, etc., là se trouve le Christ : « ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Deuxième critère : reconnaître ceux qui agissent « au nom de Jésus ». C’est bien là que l’on parle d’œcuménisme, au sens strict, c’est-à-dire entre chrétiens. Comment grandir dans une reconnaissance, dans une complicité, dans une prière, dans une action, communes avec nos frères chrétiens ? Certainement, déjà, en ne qualifiant pas de « secte » tout ce qui n’est pas catholique ! Troisième critère : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». C’est un excellent critère lorsqu’on s’intéresse à la nébuleuse des Églises du réveil : qu’en est-il de leur position par rapport aux autres chrétiens ? Cherchent-elles le dialogue et l’unité ou diabolisent-elles les autres Églises et en particulier les catholiques ?
Quel dialogue ?
Ce troisième critère nous ouvre encore à un espace plus large que le cercle chrétien : « qui n’est pas contre nous est pour nous ». Cela inclut les membres des autres religions, les agnostiques et les athées… Ceux que l’Église catholique aime appeler les « hommes de bonne volonté »… Ici nous entrons dans la sphère du dialogue interreligieux, du dialogue avec l’athéisme, du dialogue avec la modernité. Comment travailler ensemble à un monde plus juste, plus fraternel, plus respectueux de « notre maison commune », de notre unique planète ? C’est ici qu’intervient encore un quatrième critère : « celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ » (9,41) Il en va ici de l’hospitalité envers Dieu et envers ses représentants : « qui vous accueille, m’accueille. » On peut donc être bien accueilli au nom de notre appartenance au Christ, et j’en fais l’expérience chaque jour, en particulier en terre africaine : comme prêtres, reconnus comme « hommes de Dieu », nous sommes bien accueillis partout avec respect, par des personnes de toutes appartenances religieuses. Mais les principaux représentants de Dieu, ce sont les pauvres. Celui qui leur offre un verre d’eau, le gîte, l’accueil, au nom de sa dignité d’être humain et donc de frère du Christ, ne restera pas sans récompense…
Quelle jalousie ?
« Serais-tu jaloux pour moi ? » (Nb 11,29) Devrions-nous être jaloux que d’autres fassent du Bien ? Que d’autres fassent connaître le nom de Jésus ou le nom de Dieu ? C’est peut-être ici que l’on peut faire un lien avec la dernière partie de notre passage évangélique. Ce dont nous devrions être jaloux, c’est de veiller sans cesse sur la qualité de notre « vraie vie ». « Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux mains dans la géhenne.» (Mc 9,43) et idem à propos du pied et de l’œil. Il va s’en dire que Jésus ne nous invite pas à nous mutiler, il dit ailleurs que rien de ce qui est extérieur à l’homme ne rend l’homme impur mais que, c’est ce qui sort du cœur de l’homme qui le rend impur. Cela ne sert donc à rien de couper nos membres, ce ne sont pas eux qui nous font chuter mais notre convoitise, notre désir dévoyé, notre regard mauvais. Jésus veut donc simplement nous dire par là qu’il faut veiller jalousement sur la qualité de notre âme, de notre vie spirituelle, plutôt que de n’être préoccupé que de choses passagères y compris notre propre corps de chair… Ici aussi nous sommes donc invité à élargir nos cercles de préoccupation, pas seulement nos soucis du quotidien et de ce qui nous saute aux yeux, mais d’abord le souci d’une vie d’amour de Dieu, de tous les hommes, et en particulier des plus petits. Soyons-donc jaloux de la qualité de notre âme ou de notre cœur si vous préférez…
Oui, le Seigneur nous demande d’élargir nos cœurs :
À quel œcuménisme, à quel dialogue, à quelle jalousie,
Nous sentons-nous appelés ?
« … un peuple de prophètes » (Nb 11,29)
avec un guide de la trempe du pape François,
et le présent blogue de frère Benoît nous invitant à mettre les pendules à l’heure afin de se rendre à l’évidence que « Le Royaume avance … »