« Il te renouvellera par son amour ! »

3e dimanche de l’Avent, année C, Lc 3,10-18 /

       gaudete  « Le Seigneur aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie. » (Sophonie 3,17) Ces paroles du prophète Sophonie nous disent de façon concise le cœur de l’espérance chrétienne : Dieu met en nous sa joie et nous renouvelle par son amour. Vous le savez, ce 3ème  dimanche de l’Avent est traditionnellement nommé le dimanche de Gaudete (Réjouissez-vous) et c’est l’un des deux dimanches de l’année où, pour signifier cette joie, l’on peut employer les ornements roses pour la célébration. Cette joie n’est pas superficielle, comme celle que l’on essaie de créer pour les fêtes à grand renfort de boissons, de cadeaux, de bons repas. Non, cette joie est plus profonde et c’est elle que nous avons à partager : « Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : “Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer”. » (Evangelii Gaudium n°164) En fait ce petit passage de Sophonie est bien au cœur de ce que nous sommes en train de vivre et de ce que le pape François met en avant depuis le début de son pontificat : Joie et Miséricorde. En effet l’année jubilaire de la miséricorde que nous inaugurons dans les diocèses aujourd’hui même, est justement un temps privilégié pour se laisser renouveler par l’amour de Dieu. Une des façons d’exprimer la joie profonde qui nous habite, malgré tous les soubresauts de notre monde, consiste à proclamer à temps et à contre temps que notre vie peut être renouvelée, que la vie de l’Église peut être renouvelée, que la vie du monde peut être renouvelée, si nous nous rendons disponibles à la grâce miséricordieuse de Dieu.

Se laisser renouveler personnellement…

       Se laisser renouveler, je dirais que cela ne consiste pas d’abord en une conversion des mœurs, non, mais à laisser naître en nous du nouveau : à retrouver la joie de l’Évangile, la joie d’une vie simple et belle, la joie d’une vie qui est promise à un bonheur en plénitude. Il s’agit donc d’abord de se laisser renouveler dans notre foi, dans notre espérance, dans la qualité de notre vie intérieure et, ensuite, de façon seconde (mais non pas secondaire), cette qualité de vie intérieure rejaillira sur la qualité de nos mœurs, de notre fraternité, de notre solidarité, de notre amour. Comme l’écrivait notre supérieur général dans sa dernière lettre : « Cette lettre [sur l’intériorité] n’est pas une invitation à la fuite du monde, bien au contraire. Il s’agit pour moi de réveiller les sources profondes de notre amour et de nous aider à revenir vers Celui qui est à l’origine de tout bien. Sans vie intérieure solide, il n’y a pas d’apostolat conséquent. » (P. Benoît Grière, « Fortifiez en vous l’homme intérieur ») Dans l’évangile de ce jour, les proches de Jean Baptiste lui demandent ce qu’ils doivent faire, et celui-ci les renvoie d’abord à leur devoir d’état, c’est-à-dire à bien faire ce qu’ils ont à faire. Posons-nous donc tout simplement cette question : de quoi ai-je besoin pour me laisser renouveler, dans ce que j’ai à vivre, par l’amour de Dieu ?

Laisser l’Église être renouvelée…

         Une deuxième dimension de ce renouvellement, consiste à nous interroger collectivement, en tant que communauté de disciples du Christ. Comment, en Église, se laisser renouveler par l’amour de Dieu ? C’est bien ce à quoi s’attèle avec beaucoup d’énergie le pape François. Il désire conduire l’Église vers une Église beaucoup plus fidèle à l’Évangile, beaucoup plus miséricordieuse, qui ne met pas en avant un discours moralisateur mais qui chemine avec tous dans la joie, dans l’épreuve, dans l’espérance : « La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Dans son action pastorale, tout devrait être enveloppé de la tendresse par laquelle on s’adresse aux croyants. […]Il est temps de revenir à l’essentiel pour se charger des faiblesses et des difficultés de nos frères. Le pardon est une force qui ressuscite en vie nouvelle et donne le courage pour regarder l’avenir avec espérance. » (Misericodiae vultus) Posons-nous donc cette question : de quoi mon Église, c’est-à-dire ma paroisse, ma communauté chrétienne de base, mon diocèse et l’Église universelle, a-t-elle besoin pour se laisser renouveler par l’amour de Dieu ? Être plus ouverte, plus missionnaire, plus miséricordieuse, plus fraternelle, plus au service de la vie spirituelle, plus servante…?

Laisser nos sociétés être renouvelées…

        L’Esprit souffle fort ces temps-ci, et ils sont nombreux à réfléchir à un autre type de vie commune : plus respectueuse de la nature, plus sobre, plus naturelle, plus simple, plus solidaire, plus communautaire, plus intergénérationnelle… Regardez bien autour de vous les formidables initiatives qui naissent : des maisons qui produisent de l’énergie, des béguinages réinventés, du recyclage intelligent, du covoiturage, des cultures moins dépendantes des apports chimiques… Mais encore de nouveaux lieux pour apprendre à méditer, de nouvelles façons de célébrer ensemble, des initiatives interreligieuses à différents niveaux, des initiatives internationales pour prendre à bras le corps nos difficultés communes… Sommes-nous disponibles à ce que l’Esprit suscite de nouveau, ou y faisons-nous obstacle ?

Oui Dieu veut nous renouveler par son amour et danser de joie avec nous,

c’est ce que nous célébrerons à Noël !

Sommes-nous prêts à nous laisser renouveler personnellement,

en Église et comme société humaine fraternelle ?

 

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