4e dimanche de l’Avent, année C, Lc 1,39-45 /
Cette scène de la visitation nous parle de la rencontre de deux mamans, de deux femmes enceintes porteuses de vie, de deux femmes à qui l’on a fait miséricorde et qui sont devenues à leur tour miséricordieuses… Pourquoi, me direz-vous, parler de miséricorde dans ce contexte ? N’est-ce pas abuser que de parler de miséricorde à tout bout de champ sous prétexte d’année jubilaire ? Et pourtant… Savez-vous d’où vient le mot miséricorde en hébreux ? D’une racine hébraïque qui signifie le sein maternel, la matrice, les entrailles d’une mère. Dans sa traduction de la Bible, Chouraki qui a cherché à traduire l’hébreu au plus près, traduit ‘pardonner’ par ‘matricier’ ! Contemplons donc ces deux ‘misericordiées’, ces deux miséricordieuses aux entrailles vivantes et laissons-les nous inspirer…
Deux ‘miséricordiées’…
Elisabeth d’abord a bénéficié amplement de la miséricorde du Père. Elle que la stérilité mettait au ban de la société -à l’époque- ; elle qui pourtant, avec son époux Zacharie, « suivaient tous les commandements et observances du Seigneur d’une manière irréprochable » (Lc 1,6) ; elle qui devait s’interroger sur le pourquoi de sa stérilité et dont la confiance en Dieu était éprouvée ; elle enfin, déjà âgée, qui n’avait plus aucune espérance d’enfanter un jour… Voilà que Dieu se penche sur son humble servante et lui fait miséricorde. C’est-à-dire que, de ses entrailles maternelles, Dieu vient en aide aux entrailles stériles d’Elisabeth ! Et d’elle ne naîtra pas n’importe quel enfant, mais celui dont Jésus a dit : « Parmi les hommes, aucun n’est plus grand que Jean ! » (Lc 7,28) En ce qui concerne Marie, c’est en tant qu’aboutissement de l’humanité, en tant que nouvelle Eve, qu’il lui est fait miséricorde, puisqu’elle fut conçue sans péché. Le pape François fait bien ce lien en expliquant pourquoi le choix du 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, pour l’ouverture de l’année jubilaire de la miséricorde : « Après qu’Adam et Eve eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité demeure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (cf. Ep 1,4), pour qu’elle devienne la Mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne. » (Misericordiae Vultus n° 3) Contemplons donc en Elisabeth et Marie la miséricorde de Dieu personnifiée pour chacun de ses enfants, mais aussi sa miséricorde à l’œuvre pour l’humanité entière.
Deux miséricordieuses…
Contemplons maintenant ces deux miséricordieuses, c’est-à-dire ces deux femmes dont les entrailles frémissent, dont la tendresse maternelle s’ouvre à celles et ceux qui croisent leur route. « Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint… » (Lc 1,41) Le ventre d’Elisabeth est plein de vie et cette vie se propage à tout l’être d’Elisabeth. Nous comprenons par là combien la miséricorde qui fait frémir nos entrailles face à telle situation heureuse ou dramatique, ne doit pas rester au niveau des sentiments mais doit mettre en route tout notre être. C’est encore plus vrai pour Marie, la « bénie entre toutes les femmes, et dont le fruit des entrailles est béni ». N’est-ce pas cette miséricorde qui l’anime qui lui fait courir les collines à la rencontre de sa parente Elisabeth, afin de lui venir en aide pour la fin de sa grossesse : « Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays. […] Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle retourna chez elle. » (Lc 1,39.56) On se souvient que l’ange lui avait annoncé qu’Elisabeth en était à son sixième mois, cela signifie que Marie est demeurée avec sa cousine jusqu’à la naissance de Jean. Evidemment cette attitude de disponibilité et de service auprès de sa parente était un signe précurseur de sa miséricorde, de sa tendresse pour tous les hommes et en particulier pour les plus petits. Ses entrailles de mère frémissent aujourd’hui encore pour se réjouir avec ceux qui sont dans la joie et pour consoler ceux qui pleurent. Ce n’est pas pour rien qu’une des plus célèbres hymnes mariales, le Salve Regina, la salue comme Mère de miséricorde.
Et nous ?…
Les figures d’Elisabeth et de Marie nous invitent à reconnaître qu’à nous aussi Dieu fait miséricorde et que nous aussi pouvons avoir des entrailles vivantes, des entrailles miséricordieuses. Et ce qui est encore plus beau dans cette scène de la Visitation, c’est que cette miséricorde se vit à l’occasion d’un évènement joyeux… Comme quoi vivre de la miséricorde de Dieu, la laisser nous traverser n’a rien de dramatique ou de compliqué, cela peut se vivre avec beaucoup de simplicité, dans des situations toutes humaines, comme celle de la rencontre de ces deux cousines….
Deux ‘miséricordiées’…
Deux miséricordieuses…
Et nous… Nos entrailles sont-elles vivantes ?…
Entrailles vivantes…
4e dimanche de l’Avent, année C, Lc 1,39-45 /
Cette scène de la visitation nous parle de la rencontre de deux mamans, de deux femmes enceintes porteuses de vie, de deux femmes à qui l’on a fait miséricorde et qui sont devenues à leur tour miséricordieuses… Pourquoi, me direz-vous, parler de miséricorde dans ce contexte ? N’est-ce pas abuser que de parler de miséricorde à tout bout de champ sous prétexte d’année jubilaire ? Et pourtant… Savez-vous d’où vient le mot miséricorde en hébreux ? D’une racine hébraïque qui signifie le sein maternel, la matrice, les entrailles d’une mère. Dans sa traduction de la Bible, Chouraki qui a cherché à traduire l’hébreu au plus près, traduit ‘pardonner’ par ‘matricier’ ! Contemplons donc ces deux ‘misericordiées’, ces deux miséricordieuses aux entrailles vivantes et laissons-les nous inspirer…
Deux ‘miséricordiées’…
Elisabeth d’abord a bénéficié amplement de la miséricorde du Père. Elle que la stérilité mettait au ban de la société -à l’époque- ; elle qui pourtant, avec son époux Zacharie, « suivaient tous les commandements et observances du Seigneur d’une manière irréprochable » (Lc 1,6) ; elle qui devait s’interroger sur le pourquoi de sa stérilité et dont la confiance en Dieu était éprouvée ; elle enfin, déjà âgée, qui n’avait plus aucune espérance d’enfanter un jour… Voilà que Dieu se penche sur son humble servante et lui fait miséricorde. C’est-à-dire que, de ses entrailles maternelles, Dieu vient en aide aux entrailles stériles d’Elisabeth ! Et d’elle ne naîtra pas n’importe quel enfant, mais celui dont Jésus a dit : « Parmi les hommes, aucun n’est plus grand que Jean ! » (Lc 7,28) En ce qui concerne Marie, c’est en tant qu’aboutissement de l’humanité, en tant que nouvelle Eve, qu’il lui est fait miséricorde, puisqu’elle fut conçue sans péché. Le pape François fait bien ce lien en expliquant pourquoi le choix du 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, pour l’ouverture de l’année jubilaire de la miséricorde : « Après qu’Adam et Eve eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité demeure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (cf. Ep 1,4), pour qu’elle devienne la Mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne. » (Misericordiae Vultus n° 3) Contemplons donc en Elisabeth et Marie la miséricorde de Dieu personnifiée pour chacun de ses enfants, mais aussi sa miséricorde à l’œuvre pour l’humanité entière.
Deux miséricordieuses…
Contemplons maintenant ces deux miséricordieuses, c’est-à-dire ces deux femmes dont les entrailles frémissent, dont la tendresse maternelle s’ouvre à celles et ceux qui croisent leur route. « Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint… » (Lc 1,41) Le ventre d’Elisabeth est plein de vie et cette vie se propage à tout l’être d’Elisabeth. Nous comprenons par là combien la miséricorde qui fait frémir nos entrailles face à telle situation heureuse ou dramatique, ne doit pas rester au niveau des sentiments mais doit mettre en route tout notre être. C’est encore plus vrai pour Marie, la « bénie entre toutes les femmes, et dont le fruit des entrailles est béni ». N’est-ce pas cette miséricorde qui l’anime qui lui fait courir les collines à la rencontre de sa parente Elisabeth, afin de lui venir en aide pour la fin de sa grossesse : « Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays. […] Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle retourna chez elle. » (Lc 1,39.56) On se souvient que l’ange lui avait annoncé qu’Elisabeth en était à son sixième mois, cela signifie que Marie est demeurée avec sa cousine jusqu’à la naissance de Jean. Evidemment cette attitude de disponibilité et de service auprès de sa parente était un signe précurseur de sa miséricorde, de sa tendresse pour tous les hommes et en particulier pour les plus petits. Ses entrailles de mère frémissent aujourd’hui encore pour se réjouir avec ceux qui sont dans la joie et pour consoler ceux qui pleurent. Ce n’est pas pour rien qu’une des plus célèbres hymnes mariales, le Salve Regina, la salue comme Mère de miséricorde.
Et nous ?…
Les figures d’Elisabeth et de Marie nous invitent à reconnaître qu’à nous aussi Dieu fait miséricorde et que nous aussi pouvons avoir des entrailles vivantes, des entrailles miséricordieuses. Et ce qui est encore plus beau dans cette scène de la Visitation, c’est que cette miséricorde se vit à l’occasion d’un évènement joyeux… Comme quoi vivre de la miséricorde de Dieu, la laisser nous traverser n’a rien de dramatique ou de compliqué, cela peut se vivre avec beaucoup de simplicité, dans des situations toutes humaines, comme celle de la rencontre de ces deux cousines….
Deux ‘miséricordiées’…
Deux miséricordieuses…
Et nous… Nos entrailles sont-elles vivantes ?…