Fête de l’Epiphanie, année C, Mt 2,1-12 /
Quelle chance de méditer les textes de cette fête de l’Épiphanie à l’heure où certains peuples voudraient se replier sur eux-mêmes, où certaines tendances religieuses considèrent tous ceux qui ne pensent pas comme elles comme des ennemis, à l’heure encore où la science et la technologie semblent être le seul horizon pour certains… Les mages, qui ne sont ni trois, ni rois, ni Baltazar, ni Melchior, ni Gaspar – dans le texte du moins – nous parlent au contraire d’une humanité à la fois une et plurielle, d’une religiosité humble et curieuse des autres, d’une quête de sens qui n’oppose pas science et foi mais les conjoint dans une même recherche.
Une humanité une et plurielle…
« Les nations marcheront vers ta lumière… Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Epha », « Des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem… » Oui la fête de l’Épiphanie nous parle d’abord de voyage, de migration, de peuples qui vont à la rencontre d’autres peuples. N’est-ce pas saisissant lorsqu’on pense à ces flots de migrants, de réfugiés, non seulement vers l’Europe mais partout dans le monde. Fin 2013, bien avant donc les vagues de migrants de l’année 2015, on parlait de 51 millions de déplacés dans le monde et de 16,7 millions sur les routes de l’exil… L’Europe ayant accueilli 1 million de réfugiés en 2015, nous dit-on. Lorsque les européens envahissaient les Amériques, l’Afrique ou l’Asie et qu’ils se répartissaient allègrement les territoires comme s’ils n’appartenaient à personne avant eux, ils étaient beaucoup moins enclin à dire « chacun chez soi ! » Écoutons encore le prophète Isaïe : « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. » et pensons à ces rafiots déversant sur les côtes de Grèce des milliers de réfugiés : richesses des nations, manœuvres, médecins, artistes, etc… Comment se fait-il, à votre avis, que les terres traditionnelles de migration soient aujourd’hui parmi les nations les plus riches du monde : U.S.A., Canada, Australie, Brésil, Allemagne, France… Prenons donc acte d’abord que l’humanité est une et plurielle, que nos délimitations de territoires sont bien aléatoires et contingentes, que les déplacements de populations sont légitimes et que l’apport de cultures différentes est une richesse. Je ne dis pas qu’il ne faut pas organiser et encadrer ces déplacements, mais certainement pas sur la base du « chacun chez soi », la plupart de nos ancêtres ne sont-ils pas des migrants ?
Une religiosité humble et curieuse des autres…
Comme ils sont fragiles ceux qui ont peur de la rencontre, ceux qui ont peur de voir chez l’autre ce qu’il y a de Bien, de Bon, de Vrai. Les mages nous parlent d’une autre attitude : « Ils demandèrent : ‘Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui’. » Humblement donc ces savants, ces chercheurs de vérité viennent demander à d’autres un éclairage pour leur quête et viennent se prosterner vers un sage d’une autre religion. Croyons-nous vraiment que Dieu est unique, et qu’il est la Vérité comme nous le dit Jésus ? Dans ce cas nous cheminons tous vers la Vérité, nous ne la possédons pas… Notre foi chrétienne nous dit que Jésus Christ est le chemin, la vérité et la vie, mais il n’a rien écrit, nous ne le connaissons qu’à travers ce que nous en ont dit les premiers disciples, avec leurs mots, avec leur culture… Restons donc très humbles dans notre façon de rendre compte de notre foi et reconnaissons que des éléments de la Vérité sont également présents dans les autres cultures et religions (comme l’affirment le concile Vatican II et bien d’autres textes de l’Église avant lui). « La Parole de Dieu qui se manifeste dans les différentes religions est bien la même Parole, mais exprimée de différentes manières… Dans notre dialogue avec les autres religions, nous découvrons également qu’elles peuvent avoir fait l’expérience d’aspects de la Parole que le christianisme n’a pas encore complètement saisis… Si Dieu a, en vérité, parlé aux autres peuples, alors cette Parole-là est pertinente aussi pour nous. » Michaël Amaldoss, S.J. (Consulteur au conseil pontifical pour le dialogue interreligieux)
Une quête de sens qui n’oppose pas science et foi…
Enfin, les mages qui étaient des savants, astrologues, scrutant les étoiles étaient en même temps des chercheurs de sens. Leur science leur permit de faire un bout du chemin, mais ils ont dû demander, une fois arrivés à Jérusalem, des précisions sur le lieu de la naissance du « roi des juifs » et cette précision c’est l’Écriture Sainte qui la leur donna : « car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. » Et humblement, à l’écoute de la Parole, ils reprennent leur route… Quelle belle illustration d’une complémentarité entre la science et la foi. Plusieurs grands chercheurs témoignent aujourd’hui des limites de leur science et de la place de la foi dans leur vie, mais d’autres témoignent aussi de leur arrogance et de leur obscurantisme religieux. Cultivons donc l’humilité de nos capacités humaines…
Quelle belle fête que celle de l’Épiphanie :
Elle nous parle d’une humanité une et plurielle, en pèlerinage sur la Terre…
D’une religiosité humble et curieuse des autres…
De chercheurs de sens ayant autant recours à leur savoir qu’à l’éclairage de la Parole de Dieu…
Un bel itinéraire pour nous aussi, non ?
Une humanité, une et plurielle, en quête de sens !
Fête de l’Epiphanie, année C, Mt 2,1-12 /
Quelle chance de méditer les textes de cette fête de l’Épiphanie à l’heure où certains peuples voudraient se replier sur eux-mêmes, où certaines tendances religieuses considèrent tous ceux qui ne pensent pas comme elles comme des ennemis, à l’heure encore où la science et la technologie semblent être le seul horizon pour certains… Les mages, qui ne sont ni trois, ni rois, ni Baltazar, ni Melchior, ni Gaspar – dans le texte du moins – nous parlent au contraire d’une humanité à la fois une et plurielle, d’une religiosité humble et curieuse des autres, d’une quête de sens qui n’oppose pas science et foi mais les conjoint dans une même recherche.
Une humanité une et plurielle…
« Les nations marcheront vers ta lumière… Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Epha », « Des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem… » Oui la fête de l’Épiphanie nous parle d’abord de voyage, de migration, de peuples qui vont à la rencontre d’autres peuples. N’est-ce pas saisissant lorsqu’on pense à ces flots de migrants, de réfugiés, non seulement vers l’Europe mais partout dans le monde. Fin 2013, bien avant donc les vagues de migrants de l’année 2015, on parlait de 51 millions de déplacés dans le monde et de 16,7 millions sur les routes de l’exil… L’Europe ayant accueilli 1 million de réfugiés en 2015, nous dit-on. Lorsque les européens envahissaient les Amériques, l’Afrique ou l’Asie et qu’ils se répartissaient allègrement les territoires comme s’ils n’appartenaient à personne avant eux, ils étaient beaucoup moins enclin à dire « chacun chez soi ! » Écoutons encore le prophète Isaïe : « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. » et pensons à ces rafiots déversant sur les côtes de Grèce des milliers de réfugiés : richesses des nations, manœuvres, médecins, artistes, etc… Comment se fait-il, à votre avis, que les terres traditionnelles de migration soient aujourd’hui parmi les nations les plus riches du monde : U.S.A., Canada, Australie, Brésil, Allemagne, France… Prenons donc acte d’abord que l’humanité est une et plurielle, que nos délimitations de territoires sont bien aléatoires et contingentes, que les déplacements de populations sont légitimes et que l’apport de cultures différentes est une richesse. Je ne dis pas qu’il ne faut pas organiser et encadrer ces déplacements, mais certainement pas sur la base du « chacun chez soi », la plupart de nos ancêtres ne sont-ils pas des migrants ?
Une religiosité humble et curieuse des autres…
Comme ils sont fragiles ceux qui ont peur de la rencontre, ceux qui ont peur de voir chez l’autre ce qu’il y a de Bien, de Bon, de Vrai. Les mages nous parlent d’une autre attitude : « Ils demandèrent : ‘Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui’. » Humblement donc ces savants, ces chercheurs de vérité viennent demander à d’autres un éclairage pour leur quête et viennent se prosterner vers un sage d’une autre religion. Croyons-nous vraiment que Dieu est unique, et qu’il est la Vérité comme nous le dit Jésus ? Dans ce cas nous cheminons tous vers la Vérité, nous ne la possédons pas… Notre foi chrétienne nous dit que Jésus Christ est le chemin, la vérité et la vie, mais il n’a rien écrit, nous ne le connaissons qu’à travers ce que nous en ont dit les premiers disciples, avec leurs mots, avec leur culture… Restons donc très humbles dans notre façon de rendre compte de notre foi et reconnaissons que des éléments de la Vérité sont également présents dans les autres cultures et religions (comme l’affirment le concile Vatican II et bien d’autres textes de l’Église avant lui). « La Parole de Dieu qui se manifeste dans les différentes religions est bien la même Parole, mais exprimée de différentes manières… Dans notre dialogue avec les autres religions, nous découvrons également qu’elles peuvent avoir fait l’expérience d’aspects de la Parole que le christianisme n’a pas encore complètement saisis… Si Dieu a, en vérité, parlé aux autres peuples, alors cette Parole-là est pertinente aussi pour nous. » Michaël Amaldoss, S.J. (Consulteur au conseil pontifical pour le dialogue interreligieux)
Une quête de sens qui n’oppose pas science et foi…
Enfin, les mages qui étaient des savants, astrologues, scrutant les étoiles étaient en même temps des chercheurs de sens. Leur science leur permit de faire un bout du chemin, mais ils ont dû demander, une fois arrivés à Jérusalem, des précisions sur le lieu de la naissance du « roi des juifs » et cette précision c’est l’Écriture Sainte qui la leur donna : « car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. » Et humblement, à l’écoute de la Parole, ils reprennent leur route… Quelle belle illustration d’une complémentarité entre la science et la foi. Plusieurs grands chercheurs témoignent aujourd’hui des limites de leur science et de la place de la foi dans leur vie, mais d’autres témoignent aussi de leur arrogance et de leur obscurantisme religieux. Cultivons donc l’humilité de nos capacités humaines…
Quelle belle fête que celle de l’Épiphanie :
Elle nous parle d’une humanité une et plurielle, en pèlerinage sur la Terre…
D’une religiosité humble et curieuse des autres…
De chercheurs de sens ayant autant recours à leur savoir qu’à l’éclairage de la Parole de Dieu…
Un bel itinéraire pour nous aussi, non ?