Action de grâce !

C’est d’abord une action de grâce que j’aimerais vous partager, celle de l’engagement des six novices dimanche dernier à Sokodé. Leur joie était communicative… Car il est vrai que pour un jeune qui cherche sa voie dans le monde et dans l’Église depuis des années, pouvoir enfin s’engager clairement dans un lieu, avec des frères, pour un bel idéal de vie : quelle Joie, et quel soulagement aussi… Certaines questions peuvent être mises à distance, pour un temps du moins, dans la joie de l’action. Souhaitons-nous d’être ensemble à la hauteur de ce que nous désirons vivre : hommes de communion, proposant la foi et solidaires des pauvres !…Pour retrouver des photos de cette fête cliquer ici !

 Tous novices

 Tout en étant novice en bien des domaines, me voici donc en charge d’accompagner de jeunes novices vers  la vie religieuse. Je suis en effet tout à fait novice dans cette nouvelle charge qui plus est dans une nouvelle culture et un nouveau pays, avec de nouveaux frères et dans une nouvelle charge de supérieur… Ayant reçu tout cela dans l’obéissance religieuse, c’est en fait, avec une grande confiance que j’aborde cette année. Si le Seigneur me demande de vivre cela –via mes supérieurs-, c’est qu’il m’en juge capable et sera à mes côtés pour l’accomplir.

Nous serons donc sept en communauté : un père malgache, un père roumain, quatre novices et moi-même. La communauté n’est pas encore tout à fait constituée, cela prendra encore quelques jours. Pour l’instant j’accompagne les novices dans leur retraite de lancement d’année, un temps fondateur pour l’année à venir. Après quelques jours d’aménagements dans notre maison nous avons donc déjà pris nos sacs, pour vivre ce temps de retrait chez les sœurs de Ste Catherine qui ont une belle maison d’accueil à Sokodé. Voici donc une semaine que le Noviciat est commencé et pour l’instant cela se passe bien… À suivre…

Ce contenu a été publié dans Accueil. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à Action de grâce !

  1. Monique dit :

    Former des âmes, n’est-ce pas un privilège ? J’ai toujours pensé qu’enseigner EST un privilège. Pas un travail, pas une fonction, mais un privilège, c’est-à-dire un cadeau ; non ? Vous avez raison, P. Benoît, d’aborder cette responsabilité avec « grande confiance » car c’est un cadeau du Ciel, alors…

    Alors, je crois qu’il faut se rendre disponible tout simplement . Certains disent qu’il faut « s’atteler à la tâche », mais je crois que ce n’est pas comme ça qu’il faut le voir ; ce qu’il faut, c’est « être disponible » et laisser agir chaque fois, à travers nous, plus grand que soi ; autrement, comment pourrions-nous dire « ce qui ne se dit pas » ? Vous le voyez aussi comme ça, non ? Autrement, comment nos mots, de simples sons de voix à toute fin pratique, pourraient-ils atteindre le silence intérieur des âmes… ?

    • Frère Benoît dit :

      En consonance je crois avec ce que tu évoques, voici quelques belles perles recueillies chez Adolphe Gesché :

      «De l’incernable, de l’incompréhensible habite en nous… et cela est même constitutif de notre être. […] L’énigme fait partie de notre vie. Elle n’est pas un résidu misérable, et qu’il conviendrait d’abolir entièrement.  » Donnez-nous des énigmes pour nous comprendre  » ; ainsi s’exprimaient des jeunes auprès de leur professeur, comme il m’a été un jour rapporté. Cette énigme n’est pas un malheur. Bien au contraire, et sans elle la rationalité est un leurre. Tout être humain devra de plus en plus apprendre, pour être homme, à vivre l’énigme. Celle-ci ne peut être abolie : ni par la rationalité (celle-ci ne sature pas toute question existentielle) ; ni par la foi (Dieu ne doit pas servir à résoudre nos énigmes); ni par l’affectivité (mythe de l’amour fusionnel) ; ni par l’action (illusion des idéologies) ; ni pas la technique (désespérance de la consommation). […] Homme, tu te détruirais si tu croyais arriver au bout de ta bienheureuse et salutaire énigme.

      […] Le danger de toute formation est de donner l’illusion de réponses saturantes, que ce soit dans le domaine de la rationalité, de l’affectivité, de la morale ou du divin… Les trois grands interdits, de l’inceste, du meurtre et de l’idolâtrie expriment souverainement cette limite énigmatique de notre être et de notre agir, hors de quoi nous nous détruisons. Que sont-ils, sinon l’impossibilité qui nous est signifiée de croire que nous pouvons supprimer toute énigme ? L’énigme de l’affectivité… l’énigme de l’autre… l’énigme du sacré… l’énigme de la connaissance…

       » Le maître n’énonce ni ne cache : il signifie  » (Héraclite) Il n’énonce pas, comme s’il prononçait des paroles définitives, qui bloquent tout avenir et toute liberté. Il ne se tait pas non plus, autre démission, comme s’il n’avait rien à donner. Il signifie, il fait signe, c’est-à-dire qu’il indique, montre ce qui existe déjà, pistes et chemins, et en même temps invite le « nouveau venu » à entreprendre le déchiffrement de sa propre et nouvelle voie. Y aurait-il plus bel emblème de notre mission ?

      […] Enseigner, c’est initier ; et initier c’est recourir aux signes et aux symboles… Car telle est l’étymologie de ce mot (qui en devient superbe) : in-signare, c’est-à-dire faire signe, être porteur et donneur de signes, de clefs et de symboles. L’enseignant est quelqu’un qui, tel l’enseigne sur son vaisseau, désigne aux plus jeunes l’horizon. Comme aussi leur transmet les souvenirs et les légendes (legendum : quelque chose qui est à lire) qui nous ont faits, et les munit des mythes et des histoires qui donnent sens et signifient. »

      Extraits du premier chapitre « L’homme et son énigme » dans : Adolphe Gesché, L’Homme, collection Dieu pour penser, Cerf, Paris, 1993, p. 15-30

      • Monique dit :

        Quels beaux et riches extraits ! ! Je fais tout à fait mienne cette doctrine du sens du signe qu’Adolphe Gesché exprime admirablement. Tant d’excellents auteurs ont écrit aussi sur le même sujet qu’il serait téméraire de notre part de ne pas y prêter toute notre attention. Et encore plus si c’est possible. Gesché développe très bien et avec finesse ; merci, P. Benoît, de nous l’avoir rappelé et transcrit ces lignes. On ne pourrait mieux exprimer le caractère profondément inédit de notre être à nous, les humains. Toutefois, prendre au sérieux, vraiment au sérieux, ce que l’auteur énonce là fait généralement peur… par l’immensité qui y est ouverte… Je pense à cet autre auteur qui écrivait, il y a quelques années : « Certaines personnes ne veulent pas regarder l’invisible de peur d’y voir quelque chose… ! »

        – Détail amusant : j’avais mis le fragment d’Héraclite cité par Gesché en exergue au premier chapitre de mon mémoire de Maîtrise, il y a plusieurs années maintenant !

  2. Ping : De la liberté par consentement… | Le blog de frère Benoît

Répondre à Monique Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *