Embauchez !

18 septembre 2011, 25ème dimanche A, Mt 20,1-16a /

« Personne ne nous a embauchés. » (Mt 20,7) Voilà bien le malheur d’un grand nombre de personnes, et en particulier des plus jeunes. La générosité et l’énergie sont bien au rendez-vous de chaque génération, mais n’est-ce pas la cause mobilisatrice, l’exigence des aînés, l’embauche qui fait défaut ? Et fondamentalement, n’est-ce pas l’appel de Dieu qui n’est plus relayé ? Car, nous en sommes témoins, quel bonheur que de travailler à l’avènement du Royaume de Dieu. Alors embauchez, donnez sens à la vie, indiquez le vrai salaire !

Embauchez !

Nous le savons bien, il n’y a pas de recette miracle pour mettre en branle la générosité, parfois enfouie, chez un jeune. Il y a tellement de sollicitations et de gadgets pour détourner les énergies vers de petits bonheurs superficiels. Mais n’en doutons pas, derrière tous les dénis il y a bien ce désir profond de servir, d’aider, de se rendre utile. Jésus Christ nous le dit clairement, il faut embaucher à temps et à contretemps, et cela demande, de notre part aussi, de l’énergie, ce même dynamisme que nous souhaitons raviver chez les jeunes. Le passage de ce dimanche nous dit que par cinq fois le maître du domaine sortit – de son domaine (de nos églises, de nos milieux…) – pour aller embaucher : quelle ténacité ! Certains répondront tout de suite à l’appel, d’autres uniquement au soir de la journée, au soir de leur vie. Je pense à un exemple, parmi d’autres, de cette énergie déployée pour l’appel. Depuis plus de vingt ans, les frères assomptionnistes de France organisent des camps d’été « anglais, prière et solidarité » pour de jeunes adultes. Trois semaines, entièrement aux frais des participants, pour repeindre des bâtiments avec des sans domiciles, pour couper des oignons dans une soupe populaire, ou livrer des repas à des malades du Sida. Comme le résumait, avec humour, un de nos confrères aînés : « Que d’énergie déployée pour aller laver des vitres à New-York ou à Londres !… » Depuis plus de vingt ans, à la première, à la troisième, à la cinquième heure, nous partons à l’embauche et la générosité des jeunes y répond… Certains depuis sont devenu religieux, chez nous ou ailleurs, d’autres sont engagés comme laïcs de l’Assomption, bon nombre d’entre eux demeurent des chrétiens engagés mais d’autres ne répondront peut-être qu’au soir de leur vie à ce qui fut semé à ce moment-là ! Oui, il nous faut être inventif et dépenser beaucoup d’énergie pour embaucher à la vigne du Seigneur !

Donnez sens à la vie !

Le ressort puissant de l’appel du Seigneur, c’est ce sens plénier qu’il peut donner à une vie ! Et, vue sous un certain angle, l’époque est plutôt bonne pour relayer cet appel car il n’y a guère de concurrents qui puissent donner vraiment sens à une vie ! En effet, mettre en œuvre sa générosité pour un monde plus juste, plus fraternel, plus respectueux de la création, en sachant que ce monde avance, non pas vers le néant mais est en train de devenir ce à quoi il est appelé depuis sa fondation : quelle source de joie ! Donner de soi-même en constatant, jour après jour, que l’on reçoit bien plus que l’on donne : quel bonheur ! Donner sens à sa vie, à l’histoire du monde qui se déploie – et même à la mort -, dans un projet d’amour de Dieu pour l’humanité : quelle paix ! Alors cet appel à travailler au champ du Seigneur que nous avons à relayer, ce n’est pas pour augmenter le nombre des disciples, ou pour nous conforter sur notre chemin, mais bien pour donner du sens et apporter la joie, le bonheur, la paix à celle, à celui, que nous appelons.

Indiquez le vrai salaire !

Quant au salaire à proposer, il est unique : une pièce d’argent, c’est-à-dire, la vie en plénitude ! Un salaire, non pas différé, comme une récompense à venir, mais un salaire payé, dès maintenant, en monnaie sonnante et trébuchante : la joie, le bonheur, la paix d’une vie pleine de sens, d’une vie fructueuse et généreuse. Mettons-nous bien d’accord sur le salaire pour ne pas faire de mécontent : « Mon ami, je ne te fais aucun tort. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour une pièce d’argent ? » (Mt 20,13) Certes, non, nous ne recevrons pas les honneurs, ni une vie facile, ni une bonne situation, ni le confort d’une vie douillette, nous ne serons pas payés proportionnellement à l’énergie dépensée, mais cette pièce d’argent nous est promise : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite… Et votre joie, nul ne pourra vous la ravir ! » (Jn 15,11 ; 16,22)… Même pas la mort !

Alors n’hésitez-plus :

Embauchez ! Donnez sens à la vie ! Indiquez le vrai salaire !

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6 réponses à Embauchez !

  1. Christian et Daniela dit :

    Cher Benoit,
    S’il y a une personne qu’on n’ aurait jamais soupçonnée de pouvoir nous émouvoir, c’est bien toi. Et tu le sais bien, car ce n’est vraiment pas ça que tu cherches en annonçant l’Évangile. Pourtant c’est bien ce qui se produit quand on lit tes commentaires. Ta lecture de l’Évangile propulse notre regard vers des horizons de plus en plus amples. On a l’impression de respirer Dieu à pleins poumons.

  2. Louise dit :

    Que ce billet est stimulant pour notre vie de foi! Un regard nouveau sur cet évangile pas facile à prendre…. Agir comme Dieu, embaucher pour le bonheur, la joie !
    Merci!…

  3. Raymonde dit :

    Par cinq fois, dit l’évangile, le maître sortit de son domaine (et tu ajoutes de nos églises, de nos milieux) pour aller embaucher. Lytta Basset, lors d’une conférence donnée au Montmartre début septembre, rejoint tes propos: elle a parlé de nombreux prophètes qui se sont levés pour dire: «  »arrêter avec vos discours, vos exhortations, vos célébrations. Levez-vous et faites advenir la justice, protégez les gens qui sont dans le dénuement, venez en aide aux veuves et aux orphelins. Dans la Bible l’amour est d’abord un acte. Ce n’est pas un message, un sentiment, c’est un acte. C’est très concret. L’autre a besoin de quelque chose, je lui donne. Je viens à son secours car il a vraiment besoin. Et c’est très libérateur parce qu’on se dit: oh là là, il n’y a pas beaucoup d’amour dans mon coeur. En faisant un acte concret, on ne s’occupe plus de ses étâts d’âme, on le fait. « J’étais en prison et tu es venu me voir » tu ne savais pas mais c’était moi. Ce sont des actes très très concrets. «  »

    Merci Benoit.

  4. De Québeec (Canada) :
    En ce jour de mon 85e anniversaire de naissance, je formule le souhait que la «générosité et l’énergie» du Noviciat de Togo (Maître et élèves) se retrouvent en ma demeure ! Amen. Thérèse L.-V.

  5. Vos voeux pour mon anniverssaire m’ont fait chaud au coeur. Merci !
    Thérèsse L.-Vézina

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