Il paraît que cette année il n’y a pas beaucoup de pluie ! Qu’est-ce que cela devait être ? Je ne sais pas quelle image vous avez de l’Afrique ? Le soleil et les bananiers… Ce n’est pas faux, mais l’Afrique c’est grand, et les climats sont très variés… Ne serait-ce qu’au Togo -ce petit pays- entre le sud (au bord de l’océan), le centre (plus clément) et le nord (plus sec et plus chaud) il y a bien des différences. Nous sommes donc dans la saison des pluies, qui dure bien six mois dans la région, et des pluies torrentielles qui ne sont pas sans causer de dégâts. Des quartiers de Lomé sont régulièrement inondés, et parfois des ponts ne résistent pas au choc… Mais pour l’instant à Sokodé pas de problème, notre maison tient bon, même s’il y a bien quelques fuites de-ci, de-là. Bizarrement, ces périodes de pluie torrentielle me rappellent le Québec et ses tempêtes de neige : de la même manière la vie se ralentit mais ne s’arrête pas. Ce sont en fait surtout les coupures de courant – qui nous sont offertes « gracieusement et sans compter » par la compagnie électrique – qui sont un peu gênantes, mais on s’organise… et nous n’avons pas de maison à chauffer ! C’est une forme d’entrainement pour le futur noviciat, car étant un peu décentré du centre ville, il se situe dans un nouveau quartier (disons dans des champs où poussent quelques maisons) et du coup il n’y a pas d’électricité. Nous ne savons pas encore comment nous pourrons faire pour résoudre le problème car Togo Electricité nous demande bien trop cher pour tirer une ligne jusque là…
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La vie au Noviciat
Je ne vous ai guère parlé de la retraite de rentrée avec les novices, en voici quelques échos par l’un d’entre eux : « Nous avons passé cinq jours en retrait sans aucune prédication mais plutôt des heures d’oraison (4 par jour) lancées sur des pistes ou orientations communes.
A priori, on pourrait croire que de si longues heures destinées à la prière en solitude seraient fort ennuyeuses et représenteraient des charges si pesantes. Cependant, au fil de l’exercice, nous nous sommes facilement rendu compte de la beauté du « face à face » avec Dieu à travers des passages de Sa Parole. En somme on pourrait dire que nous étions au cours de ces jours de retraite à une grande école d’initiation à l’oraison. C’est plutôt cette passion de rentrer et de se stabiliser dans ce bel acte de prière qui nous donnait l’envie de passer toujours plus de temps au pied du Seigneur avec Sa Parole. En même temps que nous vivions une intense période de prière, nous étions selon moi, à une grande épreuve de responsabilité : c’est-à-dire chacun était maître de son emploi de temps ce qui nous confirmait davantage dans la liberté responsable vécue en présence du Seigneur. » Ces temps d’oraison étaient également relus et accompagnés lors d’une rencontre quotidienne avec le maître des novices…
De retour à la maison, le programme se met en place petit à petit. Avec l’aide des frères, nous assurerons des parcours sur la vie religieuse, sur le P. d’Alzon, sur l’histoire de la congrégation, sur la règle de vie, sur St Augustin, sur les psaumes, sur la prière… Mais l’essentiel est ailleurs : la place faite à l’Oraison, à la prière commune, à la lecture, à l’accompagnement spirituel, pour permettre à chacun de se laisser configurer au Christ ! Petit à petit, d’autres éléments se mettront en place : l’engagement apostolique, des sessions d’inter-noviciat (2 ou 3), des sorties communautaires… Sans oublier ces temps importants pour la vie fraternelle : les repas, les soirées de détente et de jeu, les classes de chants, etc… Une vie, somme toute, bien réglée afin de mieux structurer la vie de chacun sur l’essentiel. Les premières semaines se passent bien et chacun est à son affaire…
Pourquoi ai-je le curieux sentiment que le texte dans l’Accueil est en va-et-vient avec celui du Commentaire de l’évangile dominical ? Comme une sorte de jeu questions-réponses/réponses-questions. La question, par exemple : « Je ne sais pas quelle image vous avez de l’Afrique » est toute répondue… dans l’autre texte : « Là, il nous faut être inventifs et dépenser beaucoup d’énergie… » Et puis, « Le soleil, les bananiers… ce n’est pas faux, mais l’Afrique, c’est grand et…» Moi, je lis : « En Afrique, c’est surtout plein de renoncements, de maîtrise de soi, de renouvellement de son engagement initial ; l’Afrique, c’est grand de surprises, plein de pluie, noir de noirceur… Grand parce qu’il faut s’inventer une âme de défricheur, croire en quelque chose, à l’impossible surtout, chaque jour, chaque jour… Et chaque nuit… ! Tout autant j’admire celui qui va jusqu’au bout de ses rêves, le passionné, le généreux, l’énergique, tout autant je tremble à l’idée d’une joie, d’un « salaire », dont la mort pourrait être à la clé… Un message évangélique comme celui de dimanche, 19 septembre, est stimulant dans la lettre mais ai-je bien lu ? L’Afrique, c’est grand ? Mais oui, on dirait bien. Et à tous points de vue : grand d’imprévus, grand de périls, grand d’angoisses aussi sans doute !
Je passerai probablement pour la femme « de peu de foi » de l’Évangile, mais enfin… ; tout cela me semble… trop. N’est-ce pas « trop » ?