Épiphanie du Seigneur, année B, Mt 2,1-12 /
La fête de l’Épiphanie – c’est-à-dire de la manifestation du Seigneur – nous renvoie à la question de l’universalité de notre foi en Jésus Christ. Le christianisme ne relève pas de notre petite sphère privée, comme on nous le répète constamment, mais est réponse à la quête universelle de sens et de bonheur, comme nous le signifie la figure des Mages. Mais comment, sans arrogance, être étoile pour les nations ? L’étoile n’est qu’un signe… L’étoile ne se contemple pas elle-même…
Une étoile pour les nations !
« Les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière… » (Is 60,2-3 première lecture) Israël, par la voix des prophètes, avait bien perçu que sa relation privilégiée avec le Seigneur, son « élection », n’était pas pour s’auto-glorifier mais pour témoigner du Dieu Vivant à la face des Nations ; pour être signe, pour tous les peuples, d’une vie selon la volonté de Dieu. On pourrait dire que ce rôle d’Israël fut particulièrement accompli dans ce récit de l’Épiphanie : les Mages, représentant les Nations, sont conduits à Jérusalem et, après consultation de l’Écriture – le véritable trésor d’Israël – Hérode va, bien malgré lui, remplir sa fonction prophétique qui consiste à indiquer où trouver le Dieu vivant, c’est-à-dire à Bethléem ! Remarquez bien que ce n’est qu’après cela que l’étoile prend vie et précède les Mages sur le chemin : « Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait. » (Mt 2,9) La véritable étoile de ce récit c’est donc Israël, selon la promesse d’Isaïe. Aujourd’hui, tout en affirmant à la suite de saint Paul que la seconde Alliance n’a pas supprimé la première, car « les dons de Dieu sont sans repentance » (Rm 11, 29), l’Église, Nouvelle Jérusalem, bénéficiaire de la plénitude de la révélation en Jésus Christ, doit être un signe éclatant : une étoile pour les nations ! Même si la réalité n’est pas toujours à la hauteur de la mission, comment puis-je personnellement contribuer à ce que moi-même et ma communauté chrétienne soyons une étoile brillante au service de tous les chercheurs de sens et de bonheur ?
L’étoile n’est qu’un signe !
Reprenons la question de l’arrogance de cette prétention à être étoile pour les Nations. Premièrement, ne confondons pas la luminosité de l’Église avec la lumière resplendissante du Seigneur : « Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie… et quand ils virent l’enfant avec Marie sa mère, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. » (Mt 2, 10-11) Les Mages ne se sont pas prosternés devant l’étoile, celle-ci n’est qu’un signe ! Le rôle de l’Église n’est pas d’abord d’agréger à elle, mais d’indiquer le Seigneur et Sauveur du monde, de proposer le chemin de l’Évangile, d’être « experte en humanité » (selon l’expression de Jean-Paul II) au service de tous les peuples et de toutes les nations. De plus, il suffit de contempler la vie de Jésus de Nazareth, lui qui est la véritable « lumière du monde » (Jn 8,12), pour se rendre compte que sa façon d’être La lumière n’a rien d’une prétention arrogante. Désirons-nous être lumière pour le monde à la manière de Jésus de Nazareth et en renvoyant toujours à la source de notre lumière : Jésus Christ ?
L’étoile ne se contemple pas elle-même !
Les Mages « offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » (Mt 2,11) C’est-à-dire qu’à leur tour ils deviennent prophètes en reconnaissant, en ce petit enfant, le Roi (l’or), le Grand Prêtre (l’encens) et le Ressuscité d’entre les morts (la myrrhe), alors qu’Hérode n’y percevait qu’un rival. Ce qu’il y a de merveilleux lorsque l’on entre en dialogue avec des personnes qui sont loin de l’Église ou de la foi, c’est qu’ils peuvent avoir un regard étonnant et édifiant sur l’Église ou sur la personne du Christ. Trop pris par le jargon chrétien, par nos codes habituels, par nos sensibilités, par nos rivalités internes, nous en arrivons parfois à ne plus percevoir l’essentiel de notre foi et de notre mission. Ne nous soucions donc pas trop de paraître, de briller, au risque de vouloir nous contempler nous-même, mais ayons à cœur d’être authentiques et centrés sur l’essentiel : la foi, l’espérance et la charité ! Alors nos frères et sœurs pourront percevoir, selon l’étape de leur propre quête, ce qui leur sera nécessaire pour poursuivre leur route… Et peut-être même nous révéleront-ils la profondeur, insoupçonnée par nous-même, de ce que nous vivons !
Individuellement, mais surtout communautairement, replaçons-nous face à notre mission :
Être une étoile pour les nations,
sans arrogance,
un humble signe,
qui ne se contemple pas lui-même !
Dire Dieu par ce que je suis…je suis ce que j’ai laissé naître de Dieu en moi pour son monde.Je crois que je suis étoile par sa lumière si je le laisse advenir par moi pour mieux être à son service pour un monde plus beau…Voici humblement mon crédo!
Étoile des nations !
Se souvenir de l’amour partagé du temps des fêtes — et poursuivre la route du « temps ordinaire » centré sur l’Essentiel faisant aussi l’objet du secret du renard dans « Le Petit Prince » : On ne voir bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
TLV
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