4ème Dimanche de carême, année B, Jn 3,14-21 /
Alors que notre carême avance, la croix se dresse à l’horizon ! L’évangile de ce jour l’évoque sous la figure du serpent d’airain. Vous connaissez l’histoire : lorsque le peuple errait dans le désert en proie aux morsures de serpents, il vint trouver Moïse et lui dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » (Nb 21,7) Et la réponse de Dieu est étonnante, plutôt que d’éloigner les serpents, il demande à Moïse de faire un serpent de bronze et de l’élever sur un mât afin qu’en le contemplant, les victimes des serpents soient guéries du venin réalisant déjà son œuvre en eux ! N’y voyez-vous pas clairement une métaphore de notre situation de pécheurs ? Pour vaincre le péché, Dieu n’éliminera pas le mal, mais s’offrira lui-même comme victime de ce mal, afin qu’ainsi offert à nos regards sur la croix, nous puissions être sauvés…
Un Dieu qui n’élimine pas le mal !
Pourquoi ces morsures de serpents ? Pourquoi ce mal présent dans nos vies ? Les humains n’ont pas manqué de se poser la question du pourquoi, et de promettre, s’ils avaient été à la place de Dieu, un monde plus réussi… Mais Jésus Christ, la Parole faite chair, ne donnera pas une réponse de l’ordre du pourquoi – une réponse métaphysique-, mais une réponse de l’ordre de l’éthique – une réponse pratique- : il combattra la souffrance, se placera du côté des malheureux et laissera le mal se déchaîner contre lui… Oui, c’est un constat, nos vies sont ambivalentes et marquées par le mal, mais nous pouvons traverser ce mal pour entrer dans la plénitude ! Osons un pas de plus, cette vie ambivalente qui est la nôtre n’est-elle pas finalement nécessaire pour apprendre à aimer ? Le « meilleur des mondes » envisagé par plusieurs auteurs de science fiction, aboutit toujours à un monde totalitaire, déshumanisé et sans amour ! Pour ne pas en rester à nos élucubrations métaphysiques, constatons simplement que, pour réaliser son projet de bonheur pour l’humanité, Dieu a employé ce chemin-là, donc certainement le chemin le meilleur pour accomplir son projet : pour susciter des êtres capables d’entrer dans son amour ! Non il n’a pas supprimé les serpents, ni le péché, ni le mal !!!
Un Dieu qui s’offre lui-même en victime !
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » (Jn 3,16) Voilà la réponse de Dieu à la question du mal : il s’offre lui-même en victime. Quittons, avant tout, nos divagations trop humaines sur le Père qui envoie son Fils au lieu de venir lui-même : nous ne croyons pas en trois dieux, mais bien en un seul Dieu qui se donne lui-même, en son Verbe fait chair… Non pas un Dieu venu pour « juger le monde », mais un Dieu qui se laissera juger par les hommes ! Non pas un Dieu venu châtier les hommes récalcitrants, mais un Dieu qui se laissera flageller et clouer sur une croix comme un malfaiteur… Un Dieu, finalement, qui traversera tout mal, toute opprobre possible, jusqu’à la mort afin que chaque recoin de nos sombres vies humaines soit éclairé par sa lumière, par l’espérance et par la Vie ! Ici encore, n’empruntons pas trop vite le chemin de nos « pourquoi » métaphysiques, et abandonnons nos mises en cause de Dieu, mais constatons humblement que le chemin emprunté par Dieu pour sauver l’humanité, et donc certainement le meilleur possible, fut ce chemin-là : celui d’un Dieu qui s’offre lui-même en victime !
Un Dieu qui se propose à nos regards !
À propos du serpent d’airain, il nous est dit que « quiconque le regardait, vivait » (Nb 21,9) Saint Jean reprend cela, mais en moins magique : « Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. » (Jn 3,14) Tout homme qui croit en ce Dieu élevé sur une croix, c’est-à-dire tout homme qui se tourne vers lui humblement malgré son péché, obtient de lui la vie éternelle. Toutes ces remarques permettent d’éclairer la fin de notre texte : « Tout homme qui fait le mal déteste la lumière… mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière. » (Jn 3, 20-21) Ces versets conclusifs pourraient nous induire en erreur, en nous faisant retomber dans un régime de rétribution des œuvres. Mais la logique du texte ne va pas en ce sens… Si le mal est à traverser pour tout être humain, si les morsures du péché ne nous sont pas évités, si Dieu s’offre lui-même en victime et se propose à nos regards, alors le seul comportement tragique qui mène à notre perte consiste à refuser de voir, à refuser de s’approcher de la lumière et à se complaire dans les ténèbres… Face à cette attitude, Dieu ne peut rien : « Celui qui ne veut pas croire est déjà jugé ! » (Jn 3,18) L’Évangile ne parle pas ici de celui qui ne croit pas ou ne peut pas croire parce qu’il n’a pas vraiment rencontré le Christ. Mais de celui qui, en connaissance de cause, refuse le salut apporté par le Christ et se met hors de portée de sa lumière !
Alors craignez-vous encore les morsures du péché ?
N’est-ce pas grâce à elles que nous nous tournons vers notre Sauveur ?
« Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ! » Rm 5,20
Morsures salutaires ?
4ème Dimanche de carême, année B, Jn 3,14-21 /
Alors que notre carême avance, la croix se dresse à l’horizon ! L’évangile de ce jour l’évoque sous la figure du serpent d’airain. Vous connaissez l’histoire : lorsque le peuple errait dans le désert en proie aux morsures de serpents, il vint trouver Moïse et lui dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » (Nb 21,7) Et la réponse de Dieu est étonnante, plutôt que d’éloigner les serpents, il demande à Moïse de faire un serpent de bronze et de l’élever sur un mât afin qu’en le contemplant, les victimes des serpents soient guéries du venin réalisant déjà son œuvre en eux ! N’y voyez-vous pas clairement une métaphore de notre situation de pécheurs ? Pour vaincre le péché, Dieu n’éliminera pas le mal, mais s’offrira lui-même comme victime de ce mal, afin qu’ainsi offert à nos regards sur la croix, nous puissions être sauvés…
Un Dieu qui n’élimine pas le mal !
Pourquoi ces morsures de serpents ? Pourquoi ce mal présent dans nos vies ? Les humains n’ont pas manqué de se poser la question du pourquoi, et de promettre, s’ils avaient été à la place de Dieu, un monde plus réussi… Mais Jésus Christ, la Parole faite chair, ne donnera pas une réponse de l’ordre du pourquoi – une réponse métaphysique-, mais une réponse de l’ordre de l’éthique – une réponse pratique- : il combattra la souffrance, se placera du côté des malheureux et laissera le mal se déchaîner contre lui… Oui, c’est un constat, nos vies sont ambivalentes et marquées par le mal, mais nous pouvons traverser ce mal pour entrer dans la plénitude ! Osons un pas de plus, cette vie ambivalente qui est la nôtre n’est-elle pas finalement nécessaire pour apprendre à aimer ? Le « meilleur des mondes » envisagé par plusieurs auteurs de science fiction, aboutit toujours à un monde totalitaire, déshumanisé et sans amour ! Pour ne pas en rester à nos élucubrations métaphysiques, constatons simplement que, pour réaliser son projet de bonheur pour l’humanité, Dieu a employé ce chemin-là, donc certainement le chemin le meilleur pour accomplir son projet : pour susciter des êtres capables d’entrer dans son amour ! Non il n’a pas supprimé les serpents, ni le péché, ni le mal !!!
Un Dieu qui s’offre lui-même en victime !
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » (Jn 3,16) Voilà la réponse de Dieu à la question du mal : il s’offre lui-même en victime. Quittons, avant tout, nos divagations trop humaines sur le Père qui envoie son Fils au lieu de venir lui-même : nous ne croyons pas en trois dieux, mais bien en un seul Dieu qui se donne lui-même, en son Verbe fait chair… Non pas un Dieu venu pour « juger le monde », mais un Dieu qui se laissera juger par les hommes ! Non pas un Dieu venu châtier les hommes récalcitrants, mais un Dieu qui se laissera flageller et clouer sur une croix comme un malfaiteur… Un Dieu, finalement, qui traversera tout mal, toute opprobre possible, jusqu’à la mort afin que chaque recoin de nos sombres vies humaines soit éclairé par sa lumière, par l’espérance et par la Vie ! Ici encore, n’empruntons pas trop vite le chemin de nos « pourquoi » métaphysiques, et abandonnons nos mises en cause de Dieu, mais constatons humblement que le chemin emprunté par Dieu pour sauver l’humanité, et donc certainement le meilleur possible, fut ce chemin-là : celui d’un Dieu qui s’offre lui-même en victime !
Un Dieu qui se propose à nos regards !
À propos du serpent d’airain, il nous est dit que « quiconque le regardait, vivait » (Nb 21,9) Saint Jean reprend cela, mais en moins magique : « Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. » (Jn 3,14) Tout homme qui croit en ce Dieu élevé sur une croix, c’est-à-dire tout homme qui se tourne vers lui humblement malgré son péché, obtient de lui la vie éternelle. Toutes ces remarques permettent d’éclairer la fin de notre texte : « Tout homme qui fait le mal déteste la lumière… mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière. » (Jn 3, 20-21) Ces versets conclusifs pourraient nous induire en erreur, en nous faisant retomber dans un régime de rétribution des œuvres. Mais la logique du texte ne va pas en ce sens… Si le mal est à traverser pour tout être humain, si les morsures du péché ne nous sont pas évités, si Dieu s’offre lui-même en victime et se propose à nos regards, alors le seul comportement tragique qui mène à notre perte consiste à refuser de voir, à refuser de s’approcher de la lumière et à se complaire dans les ténèbres… Face à cette attitude, Dieu ne peut rien : « Celui qui ne veut pas croire est déjà jugé ! » (Jn 3,18) L’Évangile ne parle pas ici de celui qui ne croit pas ou ne peut pas croire parce qu’il n’a pas vraiment rencontré le Christ. Mais de celui qui, en connaissance de cause, refuse le salut apporté par le Christ et se met hors de portée de sa lumière !
Alors craignez-vous encore les morsures du péché ?
N’est-ce pas grâce à elles que nous nous tournons vers notre Sauveur ?
« Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ! » Rm 5,20