Jour après jour, nos écrans témoignent, sans répit, des situations de guerre, de conflit, de violence, de rivalité politique, comme si les rapports humains étaient perpétuellement embrasés… Certes il ne s’agit pas de rester sourd au mal qui sévit, mais reconnaissez avec moi que la grande majorité des humains recherchent la sérénité, l’harmonie, la paix, qui sont inscrites en profondeur au cœur de l’homme et que la plupart des médias produisent, comme à travers un miroir déformant, une image de notre monde bien plus catastrophique que ce qui se vit en réalité…
Pour ne pas en rester à des propos généraux, j’aimerais témoigner que, vivant dans la ville la plus islamisée du Togo, personne ne s’est laissé prendre au jeu de ceux qui veulent instrumentaliser les religions et qu’aucune manifestation n’eut lieu contre le film « L’innocence des musulmans », cette « vidéo islamophobe… navet d’une abyssale stupidité, qui n’aurait jamais dû connaître le moindre début de notoriété. » (Cf. Editorial d’Anne Ponce dans le Pèlerin du 20 septembre 2012) L’accès à internet, loin d’être facile pour tous ici, explique peut-être en partie le calme de Sokodé… Mais je crois surtout que le partage des joies et des peines du quotidien entre voisins, entre amis, entre collègues de différentes religions, nous préservent des généralités, des clichés et des relations virtuelles entre religions !
Au noviciat, il nous arrive plusieurs fois par jour, à l’heure de la prière, de se souhaiter « bonne prière ! », et tandis que la communauté se rend à la chapelle, nos employés déroulent leur natte à quelques mètres pour rendre grâce à Dieu… Un jeune employé musulman, qui aime partager avec moi ses joies et ses peines, m’a demandé l’autre jour, au sortir de la chapelle, si j’avais prié pour lui… et comme je lui répondais, en toute franchise, que cette fois-ci je l’avais oublié dans ma prière, il me répondit, un peu déçu, que lui, en tout cas, ne m’avait pas oublié dans la sienne ! Croyez-vous que l’on puisse se laisser aller après cela à des généralités et à des caricatures sur les religions ?
Puisse Dieu vous gratifier de telles rencontres, de telles amitiés… Et je ne résiste pas à l’envie de vous partager quelques extraits de discours de Benoît XVI au palais présidentiel libanais :
« Aujourd’hui, les différences culturelles, sociales, religieuses, doivent aboutir à vivre un nouveau type de fraternité, où justement ce qui unit est le sens commun de la grandeur de toute personne, et le don qu’elle est à elle-même, aux autres et à l’humanité. Là se trouve la voie de la paix ! […] L’éducation, dans la famille ou à l’école, doit être avant tout l’éducation aux valeurs spirituelles qui donnent à la transmission du savoir et des traditions d’une culture, leur sens et leur force. […] L’esprit humain a le goût inné du beau, du bien et du vrai. C’est le sceau du divin, la marque de Dieu en lui ! […] La tâche de l’éducation est d’accompagner la maturation de la capacité à faire des choix libres et justes, qui peuvent aller à contre-courant des opinions répandues, des modes, des idéologies politiques et religieuses. […] Sans l’ouverture au transcendant qui permet de trouver des réponses aux interrogations de son cœur sur le sens de la vie et sur la manière de vivre de façon morale, l’homme devient incapable d’agir selon la justice et de s’engager pour la paix. La liberté religieuse a une dimension sociale et politique indispensable à la paix ! »
Pour lire l’ensemble du discours, sur le site du Vatican, cliquez ici