La grâce de la fragilité !

 

Frère Guillaume Jedrzejczak

Nous venons de vivre notre chapitre local qui, comme à l’habitude, a débuté par un bon temps de partage de nos parcours respectifs… Je suis toujours émerveillé devant le fait que chaque vie se présente comme une histoire sacrée avec ses mystères, les épreuves traversées, les chemins de traverse, la famille qui a essayé de faire de son mieux, les rencontres marquantes etc… Et c’est tout cela qui donne des êtres humains, non pas des êtres parfaits, mais des êtres qui, grâce à leur histoire et à leurs fragilités, sont rendus capables d’aimer… Lorsque nous arrivons à consentir à notre histoire, non pas sous le mode de la résignation, mais en rendant grâce pour ce que nous sommes aujourd’hui en raison de tout ce que nous avons traversé de beau et de moins beau, alors nous devenons capables d’aimer nos frères pour ce qu’ils sont et non pour ce que nous voudrions qu’ils soient…

C’est bien en cela que se situe l’apprentissage de la vie fraternelle, au service d’une vie toujours plus ouverte à la rencontre, d’une fraternité devenue possible envers tous celles et ceux que le Seigneur nous donne de croiser sur notre chemin, grâce à ce regard d’amour posé sur l’histoire sacrée de chaque être humain. Ces convictions j’essaie de les transmettre dans ma tâche de formateur et je les résume ainsi : il s’agit de voir, toujours plus, l’autre avec le regard de Dieu !

Alors que je venais justement de parler à un novice de ce travail de consentement à ses faiblesses, je suis tombé sur un entretien avec le Frère Guillaume Jedrzejczak, ancien abbé du monastère trappiste du Mont des Cats. Entretien que j’ai lu avec d’autant plus d’attention que j’ai rencontré, à quelques reprises, le frère Guillaume au début de son mandat et notamment lors de son ordination et de sa bénédiction abbatiale au Mont des Cats… Je voulais vous en partager un extrait :

« Qu’est-ce qui s’est modifié en vous après trente années de vie monastique ?

–        La façon que j’ai de percevoir ma fragilité. Auparavant, je voulais la combattre, la solutionner ou la combler pour l’éviter. Maintenant je me rends compte qu’elle n’est pas un défaut mais une grâce. Le lieu où Dieu m’attend. Et où les autres avec qui je vis m’attendent aussi. La fragilité qu’on a n’est pas celle que l’on confesse, mais celle à laquelle on consent : celle qui est présente, persistante et qu’on a beaucoup de mal à accepter. Au fond, elle est inacceptable. Eh bien ! Je crois que c’est dans cette conversion à l’inacceptable, qui est en soi, que se trouve le cœur de l’expérience monastique ! Peu à peu on finit par accepter, par aimer ce que l’on est.

L’estime de soi est donc indispensable pour vivre en communauté ?

–        Oui, car sinon comment apprendre à aimer vraiment les autres ? et pas seulement le reflet qu’ils vous renvoient d’eux-mêmes ! En communauté, on est confronté chaque jour au mystère de l’autre, qui est son voisin de table au réfectoire, ou de stalle à l’église, pendant les offices. On lui est confronté d’abord en soi. C’est par cette confrontation en soi que l’on perçoit aussi son existence chez l’autre…. » (Entretien avec Michel Cool, 50 clés pour comprendre la vie monastique, hors série du Pèlerin, p.7)

Avez-vous eu l’occasion de revoir votre vie à partir de cette clé de lecture ? : « Notre fragilité n’est pas un défaut mais une grâce. Le lieu où Dieu m’attend. »

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