Une folle assurance !

32ème dimanche, année B, Mc 12, 38-44 /

 La semaine passée, nous reprenions les mots de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même ! »… Or, l’évangile de ce jour enfonce le même clou, avec Jésus qui montre en exemple la pauvre veuve qui « a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Mc 12, 44) Au-delà de l’aspect pécuniaire, réussissons-nous à entrer dans cette folie du don de nous-mêmes ou préférons-nous, comme les scribes décrits dans l’évangile, garder notre vie pour nous-mêmes ? Qu’est-ce qui nous empêche d’avancer plus avant dans cette offrande ? Ne serait-ce pas une fausse illusion sur la consistance même de notre vie : qu’est-ce qui donne du poids à notre vie ? Où mettons-nous notre assurance ? Méfions-nous des apparences !

Qu’est-ce qui donne du poids à notre vie ?

À propos de certains scribes, Jésus nous dit qu’ils aiment les robes solennelles, les salutations en public, les premiers rangs, les places d’honneur et l’argent, puisqu’ils monnayent cher leurs conseils en dévorant le bien des veuves ! « Oh les vilains ! », pensons-nous spontanément. Et pourtant, ne nous retrouvons-nous pas, en partie, dans ce portrait ? N’en restons-nous pas, nous aussi, bien souvent, aux apparences : les vêtements que nous portons, la maison que nous possédons, le dernier gadget électronique que nous venons d’acquérir, les diplômes que nous encadrons, le bien que l’on dit de nous… ? Qu’est-ce qui donne du poids à notre vie, ce que nous possédons ou ce que nous donnons de nous-mêmes ? Qu’est-ce qui donne de la consistance à notre vie : ce que nous donnons à voir de nous-mêmes –les apparences– ou  ce que nous sommes en profondeur et les relations fraternelles que nous tissons ? Nous connaissons bien la réponse, mais nous en tirons les conséquences parfois trop tard, à l’approche de notre mort. Prémunissons-nous donc, dès maintenant, du « si j’avais su… », en donnant, dès maintenant, du poids à notre vie !

Où mettons-nous notre assurance ?

Forcément, si nous croyons que la qualité de notre vie se mesure à la quantité de ce que nous possédons, ou au nombre d’éloges dont nous bénéficions, nous mettrons beaucoup d’énergie à acquérir ces biens-là et nous mettrons notre assurance dans ce que nous réussissons à accumuler de cet ordre-là. Mais si nous sommes conscients que seul ce qui construit le Royaume de Dieu est vraiment durable, alors nos énergies se réorienteront naturellement et notre assurance-vie prendra un tout autre visage : celui de la pauvre veuve de Sarepta qui partagera ses dernières denrées avec le visiteur de passage ; celui de la veuve du temple qui remettra toute sa vie entre les mains de Dieu. Mettre son assurance uniquement en Dieu, est-ce une folie ? Oui d’une certaine manière, mais ne croyez-vous pas que mettre son assurance dans ces biens ou dans sa notoriété est encore plus insensé ? Parier sur Dieu, sur une vie plus humaine et plus fraternelle n’est-ce pas une folie qui en vaut la peine ?

Enfin, méfions nous des apparences !

« Méfiez-vous des scribes… et fiez-vous à cette pauvre veuve !  » c’est en substance ce que nous dit l’évangile, c’est-à-dire méfiez-vous des apparences. Nous l’avons déjà dit, mais allons un peu plus loin : non seulement celui qui veut paraître n’est que néant, mais encore celui qui ne paraît rien, qui semble insignifiant, peut être porteur, au contraire, d’une richesse insoupçonnée. Les exemples ne manquent pas, je pense spontanément à cette maman d’une jeune fille trisomique, qui réagissait dans un journal aux nouveaux tests, beaucoup plus faciles, de dépistage de la trisomie, avec les conséquences que nous pouvons aisément imaginer. Elle criait, avec tendresse, toute la richesse apportée par sa fille à la vie : des relations beaucoup plus vraies, un amour qui ose se dire, une tendresse à fleur de peau… « Jésus s’était assis… et regardait la foule » et, aiguisant son regard, il distingue, au milieu des riches donateurs du temple, cette pauvre veuve avec ses deux piécettes, en train de donner tout ce qu’elle avait pour vivre ! Puissions-nous, comme lui, prendre le temps de nous asseoir et de regarder le cœur de ceux que nous côtoyons, pour ne plus vivre sur les apparences, ni en ce qui nous concerne ni en ce qui concerne les autres !

Qu’en pensez-vous,

Votre vie a-t-elle du poids au regard de Dieu ?

Où mettez-vous votre assurance ?

Dans les apparences ou dans la folie d’une vie toute donnée ?

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Une réponse à Une folle assurance !

  1. Sans l’assurance du Royaume de Dieu, on est bien peu de chose … C’est ce qui ressort des entrefilets dans nos journaux nous apprenant, le 2 novembre, le décès à l’âge de 95 ans de Han Suyin après avoir mené une double carrière (médecin et écrivain célèbre).

    Que reste-t-il aujourd’hui de ses ouvrages chargés d’histoire, sinon l’assurance d’une éternité via une « vie surnaturelle » ! TLV

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