Avent sous les tropiques…

Récolte du mil dans le champ voisin

Voici donc revenu ce temps d’attente et de préparation aux fêtes de fin d’année… Sous les tropiques, nous nous acheminons comme vous vers Noël, mais c’est sûr qu’ici l’Avent n’a pas le même charme qu’au Québec ou qu’en Europe… Imaginez simplement ce temps sous un grand soleil, à trente degrés, sans décorations, ni sapins, ni neige bien-sûr, ni supermarchés aux musiques lancinantes de Noël, mais avec le chant des grillons, les scorpions visiteurs, le vent sablonneux, l’appel du Muézine, et la pâte de maïs aux repas, et vous aurez une idée de l’ambiance de Noël à Sokodé… Cela fait partie des petites nostalgies du missionnaire…

Comme chaque semaine, nous prenons, le vendredi après-midi, un temps de « partage contemplatif » de l’évangile du dimanche… Lors de cette méditation, une expression a retenu mon attention : « Jésus parlait de sa venue… » et non de son retour, et cela nous ouvre tout un champ d’interprétation de ces textes pas toujours évidents sur la fin des temps. Puisque Jésus parle de sa venue, alors qu’il est déjà là, cela signifie qu’il n’y a pas à situer cela de façon chronologique, mais plutôt comme un évènement qui est en marche depuis la Création du monde. En effet « au commencement était le Verbe »… « Tout fut par lui »… cela signifie que la venue du Fils de l’homme se réalise depuis la Création du monde, son Verbe qui travaille le monde comme un ferment, s’est incarné en Jésus de Nazareth et cette incarnation se poursuivra jusqu’à la fin du monde, jusqu’à ce que Tout soit mené à son achèvement en Jésus Christ. C’est la fameuse Christification du monde dont parlait Teilhard de Chardin ! Du coup, les catastrophes et les signes dont parlent les textes apocalyptiques ne sont pas tant à situer dans le futur qu’à toute époque. Les tremblements de terre, les tempêtes, les signes dans le ciel etc. tout cela existe depuis la Création du monde, ils sont signes que notre monde est éphémère, ambivalent, marqué par la finitude et qu’il chemine vers sa plénitude… Comme le dit si bien saint Paul : « Le monde gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8) Il n’y a donc pas à avoir peur de catastrophes à venir, elles accompagnent la vie des hommes depuis toujours, mais à convertir notre regard sur ces événements : « Relevez la tête car votre rédemption approche… » Un nouveau monde est en train de naître ! Voici donc ce à quoi nous appelle ce temps d’Avent : à convertir notre intelligence et notre cœur pour voir le monde avec les yeux de Dieu, et donc être des semeurs d’espérance, tournés vers cette assurance que la Christification du monde est en train d’advenir !

 

La vie par ici…

 

Retour des zébus

La saison sèche est bien installée, la nature verte fait place aux herbes desséchées, aux troupeaux de zébus qui peuvent maintenant librement circuler dans les champs récoltés et aux scorpions qui cherchent un peu de fraîcheur dans la maison…

La vie au noviciat se poursuit : déjà trois mois d’écoulés pour la nouvelle promotion : mise en place du rythme, des activités, des cours, puis des engagements apostoliques, et, au moment d’entrer dans la monotonie, les différentes sessions viennent apporter un surcroît de vie… En fait les novices ne se plaignent pas de monotonie, car le temps passe vite et les « choses » se mettent en place, petit à petit… Cependant malgré le rythme soutenu, nous avons la chance, au noviciat, de ne pas courir d’un évènement à l’autre comme j’en avais l’impression parfois à Québec… Ce rythme permet l’intériorité, une certaine rupture avec la vie ordinaire, la descente en soi, toutes choses fort nécessaires au moment de fonder sa vie sur le Christ et de s’engager à sa suite, de façon bien spécifique, à travers la vie religieuse.

Ce soir nous nous retrouverons autour du père René Mihigo, pour un au revoir fraternel après 6 ans de présence au Togo. Avec son départ, c’est le dernier membre de l’équipe fondatrice qui quitte le Togo : une génération a semé, une autre récolte… Nous le remercions fortement pour ce qu’il a été et tout ce qu’il a fait en ces terres ouest-africaines, dont les nombreuses sessions et retraites prêchées. Tout cela a rendu la figure de René bien connue au-delà des frontières de Sokodé et du Togo, et les sœurs seront nombreuses à regretter ses services… Mais la vie religieuse nous appelle à avancer de commencement en commencement, nous prierons beaucoup pour lui car il est nommé dans la nouvelle communauté de Goma au Nord Kivu, une ville dont on entend trop parler aujourd’hui dans les média en raison de la situation de guerre incessante dans la région…

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