Sérénité !

4ème dimanche, année C, Lc 4, 21-30  /

Nous lisons, ce dimanche, la suite de la scène évangélique où Jésus retourne chez les siens à Nazareth. Mais loin de nous relater un temps béni de retrouvailles, c’est de mise à mort dont il s’agit : « Ils le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. » (Lc 4,29) Luc, qui s’adresse principalement à des pagano-chrétiens, nous livre, comme en condensé dans ce passage, la vie dramatique de Jésus, si bien résumée par Jean : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11) Le judaïsme en effet, majoritairement, n’accueillera pas la prédication de Jésus, et cela aboutira à sa mise à mort… Mais mystérieusement ce refus permettra la diffusion de l’Évangile au-delà de toutes frontières… « Nul n’est prophète en son pays ! » (Lc 4, 24) Or, puisque le disciple n’est pas au-dessus de son maître, cette scène n’est-elle pas source d’inspiration dans le contexte de notre difficulté à transmettre la foi à nos familles, à nos enfants, à nos proches ? : Ne pas s’affoler ! Porter du fruit ailleurs ! Faire confiance à l’Esprit !

Ne pas s’affoler !

La foi est éminemment intime et mystérieuse, et il ne manque pas de scènes évangéliques où des contemporains de Jésus, qui ont pourtant la chance de voir le Fils de Dieu face à face et de l’entendre, vont garder le cœur fermé à triple tour à l’annonce de la Bonne Nouvelle ! Pourquoi donc nous croyons-nous capables de transmettre la foi ? Tout au plus, à l’image de Jésus, pouvons-nous annoncer, guérir, libérer… et laisser chacun parcourir son chemin de foi. Lors de la guérison des dix lépreux, un seul est revenu au Christ, et, bien entendu, c’était un Samaritain (Lc17, 12-19) ! Tous ont été guéris, mais un seul est venu à la foi… Le Christ s’affole-t-il de son incapacité à convertir les habitants de Nazareth ? Apparemment pas : « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. » (Lc 4, 30).  Il demeure serein et poursuit sa route. Cette recherche de la paix du cœur dans toute circonstance s’est cristallisée dans la tradition hésychaste du monachisme oriental.  Nos angoisses, notre tristesse de ne pas avoir su transmettre la foi à nos proches ne sont-elles pas signe d’un manque de foi et d’ouverture à la vie ? Dieu agit dans les cœurs et même si extérieurement « nos jeunes » n’ont plus la foi, leur adhésion au Christ n’est peut-être pas moindre que la nôtre puisque « quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. » (1 Jn 4,7) Jésus, en quittant Nazareth, avait-il mis un trait sur le salut de ses compatriotes, ou savait-il que, dans les circonstances, ils ne pouvaient l’accueillir et que Dieu saurait leur ouvrir plus tard les portes du Royaume ? Ne nous affolons donc pas et faisons confiance en Dieu qui est plus grand que notre cœur !

Porter du fruit ailleurs !

L’Évangile de ce jour l’illustre bien, il est particulièrement difficile d’être prophète en son pays. Les raisons en sont évidentes : nos proches pensent nous connaître, connaissent nos travers, n’accepte pas qu’un d’entre eux se place en donneur de leçon, etc. Alors n’hésitons pas : allons porter du fruit ailleurs ! Deux témoignages me reviennent particulièrement à l’esprit : d’abord celui d’une chroniqueuse du Pèlerin, Martine Marie Muller, qui rapportait les propos de son mari : « Tu es plus humaine depuis que tu écris dans Pèlerin… » Ou encore celui de ce couple amis, à qui les enfants, qui ne sont plus pratiquants, dirent : « Depuis que vous fréquentez les assomptionnistes, on vous trouve mieux et plus sereins dans votre foi… » Soyons donc prophètes hors de « notre pays », portons la Bonne Nouvelle là où elle est accueillie et cela peut porter de bons fruits même chez nos proches ! Soyons de plus en plus convaincus qu’ils doivent faire leur propre chemin, et que le Seigneur, par des voies détournées, leur fera rencontrer d’autres prophètes qui réveilleront en eux ce que nous avons semé…

Faire confiance à l’Esprit !

Oui, l’Esprit agit à travers nous, mais rarement à notre manière… Un ami musulman, en proie à diverses difficultés, me disait être réconforté lorsqu’il vient se confier à moi, tout simplement par le calme et l’écoute reçus… Et j’en reviens à cette tradition hésychaste de la quête de sérénité en Dieu : le moine orthodoxe saint Séraphin de Sarov nous en livre l’essentiel :

« Acquiers la paix intérieure et des milliers autour de toi trouveront le salut. »

 Alors ne nous affolons pas, portons du fruit ailleurs et faisons confiance à l’Esprit !

Ce contenu a été publié dans Commentaires de l'évangile dominical. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Sérénité !

  1. Les témoignages cités s’apparentent à celui d’une mère québécoise qui apprécie recevoir régulièrement, via le blogue, un message de paix qui laisse des traces …

    Merci au pédagogue !

    TLV

  2. Daniela et Christian dit :

    Cher Benoit

    Comment te remercier…
    Merci.
    Daniela et Christian

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *