Franchir le seuil du tombeau vide…

Resurrection_24Dimanche de Pâque, année C, Jn 20,1-9 /

Joie pascale, joie du Christ ressuscité, joie de la victoire définitive sur la mort ! Certes… mais comment entrer dans cette joie, sinon en franchissant le seuil du tombeau vide ? Car on ne peut appréhender la résurrection du Christ si l’on s’en tient au seuil, si l’on en reste à une analyse raisonnable ou si on se situe de façon extérieure à ce mystère. Comme le dit notre règle de vie à propos de la vie fraternelle : « Nul ne peut goûter la joie de cette vie sans y engager toute sa personne. » (RV n°7), il en va de même pour la joie pascale : nul ne peut goûter la joie de la Résurrection sans y engager toute sa personne ! Un saut nécessaire… Une résurrection à construire… Franchir le seuil du tombeau vide…

Un saut nécessaire !

Une pierre tombale déplacée, un tombeau vide, quelques bandelettes roulées « à leur place », ce ne sont pas vraiment des preuves, mais des signes ténus, interprétables de bien des manières… Marie-Madeleine, par exemple, pense qu’on a enlevé la dépouille du Seigneur… Il en va toujours de même aujourd’hui : certains s’accrochent au linceul de Turin, d’autres voudraient que l’archéologie leur donne des preuves, ou que l’enquête historique résolve la question ! Mais quand donc comprendront-ils que les preuves tuent la foi ! La foi en la résurrection est d’une autre nature, il en va d’un saut dans la confiance, d’une conviction intime qui se nourrit d’une relation personnelle tissée avec le Christ. Croire en la résurrection, c’est comme croire à la vie religieuse ou au mariage : on ne peut croire au mariage ou vivre la joie du mariage en théorie ou de l’extérieur, mais uniquement dans une aventure réelle avec une ou un partenaire… On n’a aucune preuve quant à la réussite de notre union… On ne sait pas d’avance ce que le chemin emprunté à deux donnera… Mais c’est par ce saut dans la confiance, sur la base du chemin déjà parcouru ensemble, que le mariage pourra donner de bons fruits… Oui, croire en la résurrection demande un saut, un engagement nécessaire envers le Ressuscité : on ne peut rester sur le seuil !

Une résurrection à construire !

N’avez-vous jamais remarqué que le Christ ressuscité n’apparaît qu’à ses disciples[1], c’est-à-dire qu’il restaure avec eux la relation établie de son vivant, manifestant ainsi que la mort n’a aucun pouvoir sur cette relation nouée avec le Christ : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. » (Rm 8,38-39) Oui, la Résurrection est la restauration, en Dieu, des liens d’amour  tissés ici-bas ! Tout ce qui dans nos vie participe de l’amour, de la fraternité, de l’amitié, de la paix, de la justice, a déjà saveur d’éternité, participe déjà de la vie de Dieu, et Dieu « re-suscitera » ces liens que nul ne peut détruire, pas même la mort ! Nous pouvons donc goûter, dès maintenant, la joie de la résurrection, si nous ne considérons pas celle-ci comme une récompense à venir, mais comme  un accomplissement de ce que nous vivons déjà ! Pour entrer dans la joie de la résurrection, faisons donc mémoire de tous les beaux moments de notre vie, de toutes les parcelles d’éternité de notre vie et rendons grâce au Seigneur qui nous les rendra au centuple…

Franchir le seuil du tombeau vide…

Pour entrer dans la joie pascale, ne restons donc pas sur le seuil du tombeau vide, n’attendons pas des preuves, ni même une récompense à venir, mais, comme Jean, faisons un pas de plus, engageons-nous dans cette vie de ressuscité. Alors, comme ce disciple bien-aimé, nous pourrons « voir et croire » à la vie du Ressuscité en nous et autour de nous !

« Vous êtes ressuscités avec le Christ…

recherchez donc les réalités d’en haut ! » (Col 3,1)

Alléluia !



[1]L’apparition à Paul est d’une autre nature, il s’agit plus d’une expérience mystique que le partage d’un repas avec le Ressuscité, comme ce fut le cas pour les apôtres.

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3 réponses à Franchir le seuil du tombeau vide…

  1. Monique dit :

    « Les preuves tuent la foi », écrivez-vous Père Benoît. Voici donc ce que cela m’amène à penser : C’est la jouissance de l’homme de la modernité que de s’inventer un point de vue sur le monde (Benasayag), lui en étant le centre indubitable et de droit. La conséquence, c’est que cet homme, cette femme de la modernité a besoin de construire, « rationnellement », ce que ses yeux corporels ne voient pas : l’amour, la fraternité, l’amitié, la paix, la justice, par exemple. Et Dieu. On se demande bien pourquoi d’ailleurs : Dieu pour l’espoir ? Dieu pour le sens ? Dieu dans l’espoir peut-être vain qu’il n’y ait pas véritablement rien ? Dieu en attendant Godot… ? Mais surtout, que ce Dieu soit « notre » création, un Dieu selon « notre » point de vue ! Or la Modernité est la tonalité (ou la sensibilité) de notre culture occidentale. Ce qui veut dire que nous sommes convaincus qu’au-delà de cette bulle culturelle, il n’y a, non seulement pour nous, mais objectivement, rien. Pour le « saut » que vous proposez, Père Benoît, se pourrait-il qu’il faille combattre le feu par le feu en montrant « rationnellement » à la femme et à l’homme moderne que quelque chose comme un Au-delà existe « réellement » et objectivement ? Se pourrait-il qu’une telle démonstration rationnelle puisse engendrer chez certains heureux un réveil, une lueur, un espoir, une admiration : un « saut » ? Le grain ne germe pas sur la terre sèche ; ne faut-il pas à cette terre aride ou du hasard – la pluie -, ou des jardiniers ? Comme le demandait Saint-Exupéry : « Mais y a-t-il des jardiniers pour les âmes ? » J’ajouterais : quelle expérience, quel savoir, quel art, quel doigté, quelle sagesse, devraient avoir les jardiniers des âmes de la Modernité rationnelle (cartésienne) ? Certains demandent des preuves et les preuves tuent la foi… Et si le mot « preuve » faisait partie de ces mots qui se disent de multiples façons, comme les mots être, avoir, vérité, bien, mal, ici, maintenant, calme, et tous les autres… ?

    • Monique dit :

      Il aurait fallu écrire « à la femme et à l’homme modernes » avec un « s » ; la grammaire ferait-elle relâche en cette fin de semaine de Pâques ? Hmm…

  2. Francoise dit :

    « Grâce à une maladie » grave et chronique qui, selon les médecins, devrait m’empêcher de travailler, -mais je n’ai jamais voulu accepter ce verdict-, j’offre depuis plus de trente ans, chaque matin , chacune de mes journées à Dieu, et je suis une preuve vivante que je suis « accompagnée tous les jours jusqu’à la fin du monde », car , en trente ans, je n’ai jamais craqué, et j’ai toujours pu travailler… Je fais même une brillante carrière . C’est la rencontre quasi constante et continuelle avec « Jésus-qui-guérit « qui me fait dire qu’Il est forcément ressuscité. Si j’ose dire, aucun dogme , aucun rite un peu difficile à comprendre ne me fera douter de Sa Présence. La preuve, c’est « moi dans Lui » et « avec Lui », tous les jours. Merci, Frère Benoît, pour votre blog et votre article sur l’ambition, qui m’a fait réaliser que je pouvais demander un poste prestigieux, pour aller en Christ aider « les pauvres riches » du centre-ville , qui ont aussi leurs misères .

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