Ne vous est-il pas parfois difficile de vous mettre vraiment en phase avec le rythme imposé par la liturgie ? J’avoue que, pour ma part, la vie africaine de m’y aide guère… Je vous avais déjà partagé que vivre Noël par 30° et sans le décorum habituel de nos villes qui se parent pour les fêtes n’était pas évident, et, dans une moindre mesure, je constate qu’il en va de même pour ces fêtes pascales… sans retour du printemps (même si revient la saison des pluies), ni chocolat… ! De plus, n’étant pas vraiment dans le rythme paroissial, même si j’y rends quelques services, j’ai l’impression d’être propulsé dans ce Triduum Pascal de façon quelque peu artificielle…
Comment alors vivre pleinement ces jours cruciaux pour notre foi ?
Peut-être d’abord en se rappelant que la liturgie ne consiste pas à mimer les évènements du passé comme si nous n’en connaissions pas le dénouement, mais à célébrer les différents accents d’une seule et même réalité, qui se déploie depuis la Création jusqu’à la fin du monde : Dieu donne totalement sa vie pour nous afin de nous faire participer de plus en plus à sa vie ! Les événements de la Passion ne célèbrent rien d’autre que ce don total de Dieu qui s’anéantit pour que l’homme puisse exister ! Si nous sommes conscients de cela, peut-être devient-il alors plus facile de communier à ce que nous célébrons :
– La célébration de la Sainte Cène, n’est-elle pas la célébration de la Création qui marche vers sa Christification ? Et donc la célébration de notre travail quotidien comme participation à cette Transfiguration : du monde, de la matière, des êtres vivants afin qu’ils deviennent Corps et Sang du Christ !
– La célébration de la Passion, n’est-elle pas la célébration de toutes nos misères humaines assumées par le Christ ? Et donc la capacité qui nous est donnée d’assumer toutes nos trahisons, nos violences, nos souffrances, nos morts comme des états passagers dans nos vies, qui ne peuvent nous séparer de l’amour de Dieu !
– La célébration du Samedi Saint, n’est-elle pas la célébration de l’absence de Dieu dans nos vies, qui loin de nous conduire à la désespérance creuse en nous le désir de la rencontre et nous permet d’exister ? Que seraient nos vies si Dieu les envahissait ? Pour que nous existions, pour que nous parcourions notre chemin en pleine liberté, Dieu se retire, se fait discret, comme la maman qui guette de loin les premières expériences d’autonomie de son enfant !
– La célébration du dimanche de Pâque, n’est-elle pas la célébration de la Résurrection en marche depuis ce premier matin pascal ? Et donc, la célébration de tout ce qui a saveur d’éternité dans notre quotidien et qui est recueilli à chaque seconde dans le cœur de Dieu ? Célébration de la Vie victorieuse de toute mort, invitation à choisir jour après jour le chemin de la vie !
Non, le Triduum Pascal n’est pas étranger à notre quotidien ; alors, même si le décorum n’est pas en place, nous pouvons célébrer ces jours saints, non pas en nous faisant violence pour être triste le vendredi Saint, angoissé le samedi saint ou exalté le jour de Pâque, mais en habitant les événements habituels de notre vie dans une plus grande profondeur, de l’ordre de cette Transfiguration de toute chose, de l’ordre de ce regard différent posé à hauteur de Dieu, de l’ordre de la promotion de la Vie sous toutes ses formes !
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La vie par ici…
Bien sûr nous sommes surtout pris en ces jours par les célébrations de la semaine sainte… Mais les activités « extra-ordinaires » ont débuté dès vendredi dernier avec le premier concours des chorales des Collèges et Lycées, une belle activité interculturelle organisée par l’aumônerie des Lycées et Collèges ; mais le concours a commencé beaucoup trop en retard dans la soirée (21h30 au lieu de 19h30)… nous n’avons donc pas pu le suivre dans son intégralité…
Samedi, ce sont tous les évêques du Togo qui s’étaient donné rendez-vous à Sokodé pour célébrer l’année de la foi et surtout l’élection de notre nouveau pape François… Voir l’article sur le blog des AA en Afrique de l’Ouest…
Et lundi saint, messe chrismale à la cathédrale, avec repas fraternel à l’issue de la célébration…
La semaine prochaine sera marquée par le départ des novices en stage apostolique pour trois semaines… Deux d’entre eux à Dapaong, dans l’association de la sœur Marie-Stella qui s’occupe de malades et d’orphelins du Sida; deux à Kolware, non loin d’ici, avec les sœurs de Notre-Dame-des-Apôtres qui y tiennent un centre de soin, avec notamment la prise en charge de mamans, de malades du Sida et de malades de la lèpre ; enfin d’eux d’entre eux se rendront à Lomé pour travailler dans un orphelinat…
Bon temps pascal… À travers votre quotidien…