Quelle fidélité ?

 

6ème dimanche de Pâques, année C, Jn 14, 23-29 /

 « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole. » (Jn 14, 23) Comment demeurer fidèles dans la foi ? Aujourd’hui, toutes nos sociétés sont dures et peu tendres avec la vie, que ce soit en Occident ou sous des latitudes plus tropicales : nombreuses sont les personnes qui doivent lutter au quotidien pour maintenir une vie suffisamment digne ; nos sociétés s’inventent sans Dieu ; les valeurs auxquelles nous tenons en tant que croyants sont mises à mal… Aussi la tentation est-elle grande soit de désespérer de Dieu, soit de recourir à la religion comme à une force magique pour tenir dans l’adversité, ou encore de se barricader derrière une religion intransigeante, identitaire, dernier rempart contre un monde de mort… Comment dans ce contexte demeurer fidèles à l’esprit de l’Évangile, un esprit de confiance, d’espérance, de paix, de joie ? Jésus livre ce secret à ses disciples : « Si vous m’aimiez vous seriez dans la joie ! » (Jn 14, 28)  À l’approche de la fête de l’Ascension, où le Christ se fait absent pour notre Terre, il nous invite à la fidélité : une fidélité par amour, une fidélité éclairée, une fidélité source de joie !

Fidèles par amour !

« Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. » (Jn 14, 24) Oui, on peut se donner des tas de raisons pour s’accrocher à la foi chrétienne – défense des valeurs, appartenance rassurante, héritage familial, obligation morale… – mais une seule nous permettra de demeurer vraiment fidèles, nous dit l’Évangile, c’est l’amour que nous portons au Christ ! Or, l’amour consiste justement à ne pas se barricader derrière des principes, des valeurs, des certitudes mais d’être ouverts à la vie, à chaque interpellation qui se présente à nous… N’est-ce pas ce qu’a vécu le Christ, dénonçant les principes des scribes et des pharisiens, qui n’étaient pas mauvais en eux-mêmes, mais qui les rendaient indisponibles au souffle de l’Esprit. Comment alors nourrir,  jour après jour, une relation vivante au Christ, pour ne pas stériliser notre foi dans des formes et des expressions qui pouvaient signifier quelque chose pour nous à un moment de notre vie, mais qui ne font peut-être plus sens aujourd’hui ?  Quelle place donnons-nous à la prière personnelle, à la méditation de la Parole de Dieu, à la contemplation de la vie du Christ pour qu’elles nourrissent notre amour du Christ et donc une fidélité ajustée à sa volonté ?

Fidèles car éclairés !

« L’Esprit Saint… vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 26) Oui, bien sûr, cette « fidélité dynamique » est beaucoup moins confortable qu’une fidélité sclérosée dans des formes fixes. Elle demande un discernement perpétuel sous la mouvance de l’Esprit. Pour aimer le Christ avec justesse, il faut le connaître ! Et, ici encore, il ne s’agit pas d’une connaissance notionnelle, mais d’une connaissance existentielle, relationnelle, aussi, ne nous étonnons pas que cette connaissance nous demande d’être insérés dans une communauté de croyants où l’on puisse s’épauler mutuellement dans la prière, dans la lecture de l’Évangile, dans le discernement des signes de l’Esprit, dans l’engagement au service des frères les plus nécessiteux. Quelle place donnons-nous à l’approfondissement de notre foi, avec d’autres, pour vivre une fidélité éclairée et non pas dévoyée ?

Fidèles donc heureux !

« Si vous m’aimiez vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père ! » (Jn 14, 28) Finalement, un des critères les plus tangibles de cette fidélité à la Parole du Christ, c’est la joie qu’elle suscite en nous. Loin des regrets, loin des nostalgies d’antan, loin des rêves de restauration chrétienne, l’amour du Christ qui ne peut être vrai que s’il se traduit en amour pour nos frères, rend vraiment heureux. Ce n’est pas un hasard si Dominique Lapierre avait intitulé son livre sur les bidonvilles de Calcutta : « La cité de la Joie » … Ce n’est pas un hasard si la rédactrice en chef de Pèlerin note, suite à son voyage au Togo auprès de l’association Vivre dans l’espérance  qui s’occupe de malades et d’orphelins du Sida : « Paradoxalement, je suis donc revenue du Togo avec davantage d’envie d’agir et de confiance en l’avenir que je n’en avais avant de partir. » [1] Ce n’est pas un hasard si le Christ conclut son discours au soir de la Cène en confiant à ses disciples : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie ! » (Jn 15,11)

Alors, s’agit-il de rester fidèle pour rester fidèle, par obligation morale ?

Ou s’agit-il d’inventer une fidélité par amour du Christ… et donc des hommes,

une fidélité dynamique et éclairée,

une fidélité qui soit source de Joie ?



[1] Anne Ponce, Editorial du Pèlerin du 18 avril 2013

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Une réponse à Quelle fidélité ?

  1. En marcheurs que nous sommes, nous retrouvons, enfin, notre guide qui avec ses mots de pédagogue, nous ramène au Psaume 86 (87) :
    «Au registre des peuples (et des internautes), le Seigneur écrit : « Chacun est né là-bas. » Merci ! TLV

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