Vers une vie eucharistique !

detaillavementdespiedsJeudi Saint, année C, Jn13, 1-15 /

Première célébration du Triduum Pascal, la célébration de la Sainte Cène nous replace au cœur de notre vie chrétienne. L’eucharistie, en effet, n’est pas uniquement le mémorial du dernier repas du Christ avec ses disciples, elle n’est pas seulement le sommet de l’activité liturgique de l’Église, ni même exclusivement  le sacrement suprême dont découle tous les autres… L’eucharistie est tout cela, mais elle est surtout la cristallisation en un instant fulgurant de ce que fut la vie du Christ et de ce que doit être notre vie de disciple : Une vie toute donnée, une vie toute reçue, une vie de communion !

Une vie toute donnée !

C’est peut-être ce qui nous apparaît le plus clairement, à travers ce récit du lavement des pieds, qui remplace, dans l’évangile de Jean, le récit de l’institution de la Cène. On voit bien que ce geste est symbolique, comme dans nos célébrations du jeudi saint, mais ce geste n’a de poids et de sens que parce qu’il couronne une vie toute donnée depuis l’Incarnation jusqu’à la croix : « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. » (Ph 2,6-8) La vie du disciple ne peut être différente de celle du maître, mais notre difficulté vient peut-être du fait que nous voulons imiter le Christ en commençant pas la fin. À Pierre qui annonce à Jésus qu’il le suivra jusqu’au bout –alors que dans quelques heures il va le renier–  Jésus répond : « Où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant; mais tu me suivras plus tard. » (Jn 13, 36) Jésus, lui-même, n’a pas commencé à donner sa vie, en commençant pas la croix, mais en annonçant en acte et en parole la Bonne Nouvelle ! Pour que notre vie soit comme celle du Christ toute donnée, empruntons l’humble chemin du service, à notre mesure, et avec les talents que le Seigneur nous a confiés… Et alors, comme le Christ, comme Pierre, comme les saints, notre capacité à nous donner grandira certainement jour après jour…

Une vie toute reçue !

Nous ne pouvons donner notre vie que parce que nous la recevons d’un Autre ! Nous en faisons déjà l’expérience humaine car, contrairement à nos fantasmes, nous ne sommes pas à l’origine de nous-mêmes, mais sommes le fruit de l’amour de nos parents… Et c’est cet amour qui nous lance sur le chemin de la vie… À contrario, nous ne savons que trop combien les carences en amour handicapent sérieusement notre propre capacité à aimer. Alors, à fortiori, nous faut-il prendre conscience que notre origine remonte au-delà de nos parents, jusqu’à la source de la Vie, Dieu notre Père et Créateur : et que c’est cet amour reconnu et reçu qui peut nous permettre d’aimer toujours plus : « Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est venu de Dieu et qu’il retourne à Dieu, se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge. » (Jn 13,3-4) N’êtes-vous pas surpris par cet enchaînement ? C’est de recevoir pleinement sa vie de Dieu qui permet à Jésus d’affronter la dernière heure ! Comme la parole de son père : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour.» (Mt 1,11) l’avait lancé en avant au début sa vie publique. L’eucharistie est donc aussi ce temps où il nous faut, sans cesse, recevoir la Parole et la Vie même de Dieu pour nous permettre d’avancer sur le chemin de l’amour ! « Comme je vous ai aimés… [puisque je vous ai aimés]… aimez-vous les uns les autres ! » (Jn 13,34)

Une vie de communion !

Une vie eucharistique est donc une vie qui respire Dieu : qui inspire en Dieu le souffle de l’amour afin de pouvoir expirer cet amour autour d’elle et construire la communion universelle de l’humanité entière avec Dieu ! Vous voyez bien alors que l’eucharistie n’a rien à voir avec une affaire privée entre moi et mon Dieu… Lorsque je manque l’eucharistie, je manque à ma communauté, et plus fondamentalement, je manque à la construction du Corps du Christ ! N’oublions jamais que le salut, c’est le partage de la vie divine, que le but de la Création c’est cette communion de tous les êtres dans la communion d’amour et de vie de la Sainte Trinité ! Voilà pourquoi l’eucharistie, sacrement de la communion qui fait de nous le Corps du Christ, est le sommet de tous les sacrements ! Voilà pourquoi le but de toute vie chrétienne est de construire la communion, l’unité, la paix, la réconciliation entre les hommes et avec Dieu !

En ce Jeudi Saint remettons-nous face à l’essentiel de notre vie :

Pour entrer dans le bonheur de Dieu, une seule voie :

Faire, comme le Christ, de notre vie une vie eucharistique…

…une vie toute donnée, une vie toute reçue, une vie de communion !

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