Temps ordinaire…

 

J’apprécie toujours le retour au temps ordinaire : après le cycle de l’Avent et de Noël, suivi assez rapidement du long cycle de Carême et de Pâques, nous revenons cette semaine au temps ordinaire, c’est-à-dire à ce temps qui est foncièrement le nôtre, où il s’agit d’inventer notre suite du Christ au quotidien de nos jours.arcabas_pentecote

L’ordinaire chez nous, c’est celui des petits combats à mener au quotidien pour l’accès notamment aux sources d’énergie : l’électricité, vous connaissez la situation et je n’ose plus en parler ; l’eau, quand la pompe n’est pas en panne cela fonctionne ; les bouteilles de gaz c’est tout un roman, il faut souvent attendre un mois entre chaque livraison de gaz sur la ville et si vous ratez l’arrivée c’est tout un problème ; sans parler de l’essence (pour les véhicules) et du gasoil (pour le groupe), pour lesquels nous devons aussi faire face à des pénuries (de courtes durées pour l’instant)… Mais, à travers tout, cela ne sommes-nous pas invités à expérimenter la précarité de notre vie ici bas, et à mieux orienter nos préoccupations vers le plus essentiel ?

L’ordinaire, c’est aussi l’enchaînement des activités et les semaines qui défilent… Vous connaissez, certainement mieux que moi, cette course en avant qui laisse l’impression de ne pas vivre vraiment ce que nous avons à vivre ici et maintenant… Dieu merci, nous avons tout de même dans la vie religieuse, et en particulier au noviciat, un rythme qui nous permet de nous arrêter au long des jours et des semaines : l’oraison à 6h suivie des laudes et de l’eucharistie, ce qui nous donne 1h30 de prière matinale… Les 10-15 min d’office du milieu du jour… L’oraison du soir et les vêpres pour 50 min de prière… Et les complies pour 10 min de prière avant de se retirer dans nos chambres respectives… Chaque semaine également, plusieurs temps précieux nous permettent de nous arrêter : la soirée jeu du lundi soir pour la joie de la fraternité, la réunion communautaire du jeudi soir pour relire notre vie, le temps du chapelet le jeudi après-midi, le partage contemplatif de l’évangile dominical chaque vendredi après-midi et, bien sûr, l’eucharistie dominicale !… Je reconnais la chance d’avoir ces rendez-vous, ou plutôt la joie d’avoir fait ce choix de vie mais, chacun à votre manière, quels rendez-vous précieux vous donnez-vous avec le Seigneur et avec vos proches ?

L’ordinaire enfin ce sont les rencontres, les joies et les difficultés relationnelles à vivre au quotidien… Mais qu’il est parfois difficile d’aimer et de se laisser aimer pour ce que l’on est tout simplement ! Nous voudrions plus, la jalousie nous hante, nous souhaiterions être au centre du monde, ou au contraire passer inaperçus, nos blessures relationnelles se réveillent à la moindre anicroche… Nous sommes loin d’être préservés de cela dans la vie religieuse, car vivre ensemble au quotidien, en devant partager un même champ d’apostolat, ne manque pas de susciter des occasions de conflits… Mais le plus important ce ne sont pas forcément les conflits, inévitables, mais notre façon de savoir les traverser, de savoir se parler, se pardonner et recevoir toujours d’un Autre notre fraternité…

Oui, que le temps ordinaire est dense, que le temps ordinaire est exigeant, si nous ne nous satisfaisons pas de pis-aller, mais décidons d’avancer sans cesse à la suite du Christ, sur le chemin de la fraternité entre nous et de la communion avec Dieu !

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Une réponse à Temps ordinaire…

  1. Monique dit :

    Votre lettre de cette semaine est troublante, P. Benoît. Vous semblez l’avoir écrite, bien sûr, avec un gant de velours… mais qui dissimulait une sorte de main de fer. Votre description de votre « temps ordinaire », je l’admire mais en même temps, je ne comprends pas. Par exemple cette phrase que vous écrivez en vous adressant à nous, vos lecteurs, comme une sorte d’invitation en même temps : « Mais, chacun à votre manière, quels rendez-vous précieux vous donnez-vous avec le Seigneur et avec vos proches ? » Cette phrase, comme je la lis – mais peut-être que je fais erreur -, traduit bien votre message en entier et c’est pourquoi je la prends comme témoin. Ce qui me fait peur c’est l’ordre que vous y mettez. J’aurais vu, plutôt : «Mais, chacun à votre manière, quels rendez-vous précieux vous donnez-vous avec vos proches et avec le Seigneur ? » Je dis « l’ordre que vous y mettez » parce que vous mettez la rencontre avec Dieu en premier alors que tout en étant le plus aimable par soi, il est le plus éloigné de nous dans tous les sens du terme. Les proches, sont justement proches de nous, de notre expérience humaine, sensible, passionnée, etc., et moins « aimables » par cela même. Notre défi n’est-il pas d’aimer d’abord ce prochain moins aimable, irritant, encombrant et fragile « pour l’amour de Dieu ? » N’y a-t-il pas quelque chose d’enivrant à vouloir aimer Dieu en premier ? N’est-ce pas un peu dangereux en ce sens ?

    Tout au long de votre lettre vous faites état de la difficulté des proches, c’est pourquoi cette phrase que je retiens ici m’a surprise. Soyez donc assuré, cher P. Benoît, que je ne critique pas (dit-elle en critiquant !), je dialogue, je m’adonne à une petite dialectique, je cherche un lieu de vérification… ; je dialogue, en somme !

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