Invention ?

Sainte Trinité, année C, Jn 16,12-15 /

Décidément non, la foi chrétienne n’est pas une invention des hommes ! Un Dieu unique en trois personnes, cela ne satisfait nullement notre intelligence humaine. Depuis les temps immémoriaux, les hommes ont perçu « du divin », et ont tenté de se le représenter, d’entrer en contact avec lui, de s’attirer ses bonnes grâces, d’expliquer, par lui, les questions existentielles qui les taraudaient. Aussi ont-ils mis en place des panthéons aux dieux multiples, avec leurs rivalités, leurs amours, leurs lubies permettant de rendre compte de bien des misères de notre condition humaine. Mais, dans un même mouvement, l’humanité a senti le besoin d’un Dieu au-dessus des autres dieux qui s’imposa, finalement, comme Le Dieu unique, exténuant la consistance des autres dieux devenus des sous-dieux ou des faux dieux. Oui un Dieu unique, principe de toutes choses, omnipotent, justicier, maître de l’univers, voilà qui satisfait notre intelligence humaine. Mais alors, franchement, un Dieu trinitaire, que l’on dit unique et à la fois trine, on ne pouvait pas l’inventer !

Se laisser bousculer !

Loin de moi l’idée de dénigrer les recherches spirituelles des individus et des peuples, mais certainement nous faut-il repérer avec acuité le moment, le tournant, le phénomène psychologique qui fait que l’on passe de simples formulations laborieuses, imprécises, transitoires à des dogmes intangibles ! Que ce soit au sein des diverses religions du monde ou au sein même du christianisme, il nous faut sans cesse nous laisser bousculer par Dieu lui-même ; ne pas croire que l’on a tout compris du mystère de Dieu : « Pourquoi donc l’imagination humaine, pourquoi l’esprit volage cherche-t-il à se représenter Dieu et se fabrique-t-il une idole dans son cœur ? Pourquoi se le figure-t-il comme son imagination se le peut former, et non comme il a mérité de le posséder ? Est-ce là Dieu ? Non ! » (St Augustin, sermon 34) « Trouver Dieu, c’est le chercher sans cesse. En effet, chercher ici, n’est pas une chose, et trouver une autre. Mais le gain de la recherche, c’est de chercher encore. Le désir de l’âme est comblé par là-même qu’il demeure insatiable. C’est-à-dire que c’est là proprement voir Dieu que de n’être jamais rassasié de le désirer. » (Grégoire de Nysse)… Le polythéisme convenait bien aux hommes, le monothéisme monolithique (du Judaïsme ou de l’Islam) répond bien à notre intelligence, l’athéisme est satisfaisant pour d’autres encore… Mais justement, n’est-ce pas cette satisfaction à bon compte que l’on doit soupçonner ? Croire au Dieu trinitaire c’est, au contraire, croire à un mystère et accepter d’entrer dans une vérité non pas intellectuelle mais relationnelle : « Je suis le chemin, la vérité et la vie… » nous dit le Christ !

Entrer dans une connaissance relationnelle

Accéder au Dieu trinitaire ne peut donc se faire par une démarche purement intellectuelle, il s’agit d’accepter d’entrer en relation, en communion avec ce Dieu qui n’est que relation et communion. Voilà pourquoi dès que quelqu’un essaie de juger la foi chrétienne, en se situant à l’extérieur de celle-ci, son jugement est forcément faussé. Notre Dieu Trinitaire est amour, notre Dieu est relation, notre Dieu n’est pas refermé sur lui-même comme une sphère parfaite. Il est parce qu’il est trine, autrement dit il est parce qu’il aime ! « Donne-moi un homme qui sache aimer, et il saura de quoi je parle. Donne-moi un homme de désir, qui a faim et qui a soif, voyageur ici-bas, qui aspire à la patrie éternelle… et il me comprendra. Mais si c’est un cœur froid, il ne pourra pas me comprendre… » (St Augustin com. Jean 26.4-5)

Connaître sous l’ombre de l’Esprit

Le passage d’évangile de ce dimanche nous dit, par trois fois, que l’Esprit nous fera connaître tout ce qui vient du Christ : « Il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (cf. Jn 16,13.14.16) …pour nous le faire connaître en nous faisant ni plus ni moins qu’entrer dans l’intimité trinitaire… Nous n’avons donc pas à inventer Dieu, mais à nous laisser prendre sous l’ombre de l’Esprit pour agir et aimer à la manière de Dieu et ainsi le connaître de l’intérieur…

Alors croyez-vous que l’on puisse balayer la foi trinitaire d’un revers de main ?

Croyez-vous que les hommes auraient inventé une réponse si mystérieuse à leurs angoisses ?

Ou êtes-vous prêt à vous laisser sans cesse bousculer dans vos certitudes ?

À entrer dans une connaissance relationnelle ?

Bref à connaître, uniquement, sous l’ombre de l’Esprit ?

 

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