Aimer comme Dieu !

 

26ème dimanche, année C, Lc 16,19-31 /

« Le pauvre Lazare : auprès d’Abraham… Le riche : en proie à la torture au séjour des morts. » Quel est votre sentiment au sortir de cette lecture : rassuré  d’être un jour consolé par Dieu ou inquiet de la sentence possible rendue par Celui-ci, au soir de votre vie ? Comme toujours, deux clefs de lecture doivent guider notre méditation : l’Évangile est Bonne Nouvelle et tout passage s’éclaire par la vie de Jésus ! Ce texte est une parabole et non le récit d’une rencontre. Il a donc valeur didactique et ne nous parle pas directement de la façon de faire de Jésus… Car, en effet, Jésus rejoindra aussi bien les pauvres que les riches… Il suffit de penser à Mathieu, à Zachée, aux nombreux collecteurs d’impôts qui partageaient sa table, ou encore aux banquets partagés. Encore une fois, ce texte nous invite à aimer comme Dieu : non pas sur la base des mérites, non en dévotions ardentes, mais avec un cœur toujours plus sensible !

Aimer : non pas sur la base des mérites !

En fait, Jésus reprend ici un conte bien connu d’origine égyptienne[1], mais en lui donnant une autre couleur. Car, dans le conte égyptien, on insistait sur les péchés du riche et sur les vertus du pauvre : arrivés dans l’au-delà, les deux passaient sur la balance des bonnes et mauvaises actions et chacun recevait sa récompense, en fonction de ses mérites – le fait qu’il soit pauvre ou riche n’y changeait rien ! Ici, par contre, on ne nous dit pas que le riche est spécialement mauvais  – puisqu’il veut voler au secours de ses frères – mais il est enfermé dans sa richesse, indifférent et aveugle au sort du pauvre. D’autre part on ne nous dit absolument rien sur d’éventuelles vertus du pauvre ! La parabole ne met donc pas l’accent sur la récompense aux mérites, mais sur l’amour gratuit de Dieu qui se laisse toucher par la misère de l’homme : le nom de Lazare ne signifie-t-il pas « Dieu aide » ? Sommes-nous capable d’aimer sans calcul, en nous laissant toucher, particulièrement, par nos frères souffrants ?

Aimer : non pas en dévotions !

Si l’on y regarde de près, cette parabole est une autre version de la parabole du « Bon Samaritain »… Car, on nous dit du riche qu’il était habillé de pourpre et de lin (pas simplement de vêtements luxueux comme le traduit la version liturgique), or le pourpre et le lin renvoient au vêtement du grand prêtre ! De plus, les chiens venant lécher les plaies de Lazare font référence aux païens, et évoquent l’impureté des plaies et des chiens dont le prêtre devait se garder… On retrouve ici tous les ingrédients de la Parabole du Bon Samaritain en d’autres termes : le véritable fils d’Abraham, accueilli en son sein, ce n’est pas le pur, le prêtre, le dévot, mais celui qui montre de la compassion envers son frère. Notre amour de Dieu ne doit donc pas s’abîmer en dévotions mais se concrétiser dans l’amour de nos frères souffrants. Il ne sert à rien de se prétendre chrétien si nos gestes ne suivent pas !

Aimer avec un cœur toujours plus sensible !

Le troisième élément que je retiens de cette parabole c’est que Dieu offre à chacun les moyens de grandir vers Sa ressemblance. Le pauvre Lazare, au portail de l’homme riche, est comme une chance offerte à cet homme pour changer son cœur, une « dernière chance » que Dieu lui envoie pour se convertir à l’amour de ses frères. Donc, lorsque Dieu nous demande  d’aimer notre prochain, il n’y a pas forcément à se creuser trop la tête pour savoir comment faire, mais tout simplement à cultiver la sensibilité de notre cœur pour voir et saisir les occasions que le Seigneur nous donne pour exercer notre amour. Dieu ne nous sollicite pas au-delà de nos forces… Et comme j’aime à le répéter, une Mère Theresa n’a pas du jour au lendemain ouvert des mouroirs, mais a commencé par offrir des savons aux enfants des rues…

Quittons le pays de la dissemblance pour rejoindre celui de la ressemblance, comme dirait saint Augustin…

Aimons comme Dieu, non pas sur la base des mérites,

non pas en dévotions,

mais avec un cœur toujours plus sensible,

semblable à celui de Dieu !



[1] Cf. Marie-Noëlle Thabut, L’intelligence des Ecritures, tome 6, p.347

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