30 novembre 2014, 1er dimanche de l’Avent, année B, Mc 13,33-35 /
Et voici, déjà, une nouvelle année liturgique qui commence avec ce temps de l’Avent, le temps de l’attente ! Nous voici tendus vers Noël et la naissance de l’enfant Jésus, mais la liturgie ne consiste pas à mimer les différentes étapes de la vie du Christ : chaque temps liturgique nous renvoie à une dimension particulière de notre foi. Le temps de l’Avent est donc le temps de l’attente et de la veille : « Veillez ! » nous dit Jésus, mais en vue de quoi ? S’agit-il de préparer notre cœur à la fête de Noël ? S’agit-il d’attendre l’avènement de Dieu dans notre monde, la parousie? S’agit-il d’attendre le Royaume de Dieu ? Ou encore de veiller en vue du jour de notre propre rencontre avec Dieu ? En fait, toutes ces dimensions entrent en jeu car Il est venu, Il vient et Il viendra !
Il est venu : préparons notre cœur à Noël !
Avant de nous torturer pour savoir ce que nous devons faire pour hâter la venue du Seigneur, savourons d’abord la joie de Noël, c’est-à-dire la joie de savoir que notre Créateur s’est fait chair, qu’il a vécu notre condition humaine, qu’il est mort et ressuscité, que le tournant de l’histoire a déjà eu lieu avec la venue du Fils de Dieu dans notre monde. Oui réjouissons-nous : le monde est déjà sauvé ! Ne nous laissons pas voler la joie de l’Évangile par les cyniques, par les commerçants, par les terroristes, par les prophètes de malheur… Et cela, déjà, demande d’être vigilant : comment préparer Noël avec une joie authentique, non faite de paillettes et d’artifices ? Un cadeau modeste fait main… des retrouvailles en famille sans grandes dépenses… une crèche simple et belle pour « ennoëller » notre demeure… une présence fraternelle auprès de celui qui traverse une épreuve, etc. « Ne nous laissons pas voler l’Évangile » (Evangelii Gaudium n°97)
Il vient : travaillons à son avènement dans notre monde !
Le temps de l’Avent consiste également à travailler à l’avènement de Dieu dans notre monde. Certes, le Verbe de Dieu s’est incarné dans le sein de Marie, mais Il veut encore s’incarner en chacun de nous, tous les jours. « Mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. » (Ga 4,19) Il s’agit donc, pour permettre à Dieu d’advenir dans notre monde, de le laisser prendre chair en nous, de faire de nous d’autres christs, afin que nos gestes, nos paroles, notre amour permettent au Règne de Dieu de se répandre autour de nous. Faire advenir le Règne de Dieu en nous et autour de nous, tel est l’héritage spirituel de notre fondateur, le père Emmanuel d’Alzon. Cette veille, active dès maintenant, est évoquée dans l’évangile de ce dimanche à travers l’allusion au reniement de Pierre, au chant du coq : « Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. » (Mc 13,35) On peut également penser à l’épisode du jardin de Gethsémani : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » (Mt 26,40) Veiller au retour du maître, ce n’est donc pas forcément se préparer à la parousie ou à notre mort… Mais il s’agit de veiller dans l’épreuve, dans la souffrance, dans la fatigue des jours, de façon à ne pas se laisser prendre par le découragement, le cynisme, la peur, mais à agir avec patience, confiance et persévérance en union avec le Christ, pour l’avènement de son Règne dans notre monde. « Ne nous laissons pas voler l’enthousiasme missionnaire ! » (Evangelii Gaudium n°80)
Il viendra : cultivons l’espérance d’un bonheur à venir !
Le temps de l’Avent, c’est surtout le temps de l’espérance, du désir, de l’attente… Comment creuser en nous le désir d’un bonheur plénier pour tous ? La naissance d’un enfant nous dit tout le potentiel d’une vie nouvelle : le possible, l’inouï, l’incroyable d’une nouveauté, là où nous pensions la fin d’un monde ! Comment déceler, dans les soubresauts de notre monde, non pas l’agonie d’un âge d’or mais le bourgeonnement d’un monde nouveau : « Voyez le figuier et tous les autres arbres. Dès qu’ils bourgeonnent, vous n’avez qu’à les regarder pour savoir que l’été est déjà proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. » (Lc 21,29-31) Prenons le temps durant ce temps d’Avent de laisser grandir en nous le désir de bonheur, de paix et de joie ; de veiller sur notre espérance ! Cela demande du silence, du retrait, du temps pour notre intériorité. « Ne nous laissons pas voler l’espérance ! » (Evangelii Gaudium n°86)
En ce temps d’Avent, un seul mot d’ordre : Veillez !
Oui, veillons à une joie de Noël authentique !
Veillons à faire advenir le Royaume de Dieu en nous et autour de nous !
Veillons sur notre espérance d’un bonheur plénier pour tous !
En ce temps où l’on entend tellement parler de cruauté, de barbarie…comme il est bon de t’entendre parler d’espérance.
Et moi qui travaille dans un magasin avec les ‘paillettes et les artifices’, c’est un excellent rappel.