19 avril 2015, 3e dimanche de Pâques, année B, Lc 24,35-48 /
La liturgie nous propose de méditer, ce dimanche, le même évangile que la semaine dernière : l’apparition aux disciples le soir de Pâques, mais dans une autre version, non plus celle de Jean mais celle de Luc. Notons d’emblée les différences : premièrement il n’est plus question de Thomas en particulier qui aurait besoin de voir mais des « onze apôtres et de leurs compagnons » pris en bloc à qui Jésus dit : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez. » (Lc 24,39). Deuxièmement Luc insiste sur la réalité corporelle du Ressuscité : « Un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. » (Lc 24,39) et encore : « Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. » (Lc 24,42-43). Enfin, comme il l’avait fait sur le chemin d’Emmaüs, le Seigneur « ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures ». Ces différents aspects ne nous parlent-ils pas de ce qui nous est nécessaire pour croire à la résurrection du Christ : faire une expérience personnelle de sa présence, croire en la Résurrection de la chair et se laisser instruire par les Écritures.
Une expérience personnelle de sa présence !
Nous pouvons êtes légitimement étonnés de constater la difficulté des disciples pour croire au Ressuscité… Pierre, par exemple, bénéficie d’abord du témoignage des femmes… mais il ne croit pas. Il voit ensuite le tombeau vide… mais il ne croit pas. Jésus lui apparaît avec ses compagnons au cénacle, il peut voir ses plaies et toucher sa chair… mais huit jours plus tard il est toujours enfermé avec ses compagnons au Cénacle et Jésus leur apparaît de nouveau. Sur le bord du lac, c’est de nouveau le disciple bien-aimé qui lui dira « c’est le Seigneur ! » Et il faudra attendre la Pentecôte pour qu’enfin Pierre prenne la parole en public et témoigne de sa foi ! Le témoignage d’autres croyants peut donc, comme pour Pierre, préparer le cœur mais il ne remplacera pas une expérience personnelle du Ressuscité. C’est pourquoi dans la transmission de la foi qui nous tient à cœur il s’agit d’être audacieux mais aussi très humble. De témoigner de notre foi mais surtout de créer les conditions qui permettront une rencontre personnelle du Ressuscité. Pour certain ce sera lors d’un séjour dans un monastère, lors d’un passage à Taizé, lors de Journées Mondiales de la Jeunesse, ou encore lors d’un temps d’adoration… Le témoignage ne suffit pas, la rencontre personnelle est indispensable, nous pouvons imaginer des lieux et des propositions pour la favoriser mais elle ne dépend pas de nous… C’est de l’ordre de la rencontre mystérieuse de deux êtres libres !
Croire en la Résurrection de la chair !
Croire au Ressuscité, ce n’est pas croire, de façon vague, qu’il y a « quelque chose » après la mort, comme le disent certains… Les gens semblent enclins à croire à des esprits qui subsistent, à une immortalité de l’âme, à une réincarnation (qui n’a rien à voir d’ailleurs avec ce dont parlent les religions orientales sur ce sujet) mais quant à croire à la résurrection de la chair, c’est une autre paire de manches ! C’est justement ce que nous rapporte Luc dans les actes, lors du discours à Athènes : « À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois. » » (Ac 17,30) et une note de la TOB précise : « L’idée d’une résurrection corporelle était étrangère à l’hellénisme, qui ne concevait de survie que comme une immortalité spirituelle. » Non, Jésus nous dit : « Je ne suis pas un esprit, je ne suis pas une âme qui se promène, mais je suis de nouveau un être vivant constitué d’un corps, d’un esprit et du souffle de Dieu (d’une âme si vous voulez, mais ce concept est plutôt philosophique que biblique), indissociables et unifiés. » Sur la croix, en même temps que son corps terrestre mourrait, il avait remis son esprit entre les mains du Père… C’est à dire que tout disparaissait de lui, si ce n’est ce qu’il avait déposé entre les mains du Père. Et c’est à partir de ce « dépôt » que le Père a ressuscité sa chair, c’est-à-dire la totalité de ce qui constitue un être humain (ce que signifie entre autre ce poisson grillé partagé avec ses disciples, ou l’image du banquet pour parler du Royaume de Dieu, car que serait une vie humaine sans repas ?).
Se laisser instruire par les Écritures !
Enfin, ce qui va donner sens à l’expérience des disciples avec Jésus, ce sont les Écritures. Et, que ce soit pour les disciples d’Emmaüs ou pour les disciples au Cénacle, Luc insiste sur ce passage indispensable par les Écritures pour accéder à la foi en la Résurrection ! Que faisons-nous, à notre tour, des Écritures ? Prenons-nous le temps de les connaître, de les approfondir, de se constituer une culture biblique ? Pour ne pas errer justement dans des conceptions trop humaines de la vie, de l’être humain, de l’au-delà, de Dieu… Beaucoup peuvent vous partager leur conviction qu’il est parfois difficile, au départ, d’entrer dans les Écritures, mais qu’ensuite un « feu tout brûlant », une passion de la Parole de Dieu nourrira toute votre vie et que le petit effort de départ en vaut vraiment la peine !
Coire en la résurrection de la chair ?
Pas si évident que cela,
cela demande une expérience personnelle du Ressuscité,
un approfondissement de la foi,
et la connaissance des Écritures…
« Sur la croix, en même temps que son corps terrestre mourrait, il avait remis son esprit entre les mains du Père… C’est à dire que tout disparaissait de lui, si ce n’est ce qu’il avait déposé entre les mains du Père. »
Ouf ! Voila ce que nous avons discuté, il y a quelques années, qui m’avait laissé pantoise. Ici, encore reviens mon épreuve d’adhérer à ces assertions d’autant que je ne comprends pas le sens de la phrase citée plus haut. Comment dire autrement ? Jésus était-il deux personnes ? Et le credo m’amène à dire » je crois en la résurrection de la chair ». Ouf ! Quel mystère !
Il n’existe pas de mots humains pour exprimer ce concept qui dépasse complètement notre potentiel de compréhension.
Pourtant, il demeure une émotion concrète à évoquer le mystère de la « résurrection de la chair »; l’émotion ne provient pas de notre espoir de non anéantissement mais, me semble-t-il, d’un sentiment inexplicable qui nous submerge……