Jean : toujours actuel !

15 janvier 2017, 2° dimanche ordinaire, Année A,  Jn 1, 29-34 /

Jean, qui sera nommé plus tard le baptiste, le précurseur, le dernier des prophètes ne cesse d’être une figure toujours actuelle. Certes, cela fait longtemps que lui a rempli sa tâche d’indiquer l’Agneau de Dieu, le Messie, mais chaque époque, chaque génération, chaque contexte culturel a besoin de nouveaux prophètes, de nouveaux précurseurs, de nouveaux témoins. Serons-nous de ceux-là ? Car le Sauveur du monde est loin d’avoir rejoint tous les cœurs… Parmi bien des aspects de la vie de Jean j’en retiens trois qui peuvent encore nous inspirer : Jean l’ascète, Jean le dérangeant, Jean le serviteur effacé…

Jean, l’ascète…

S’il en est un qui ne s’est pas laissé encombré par les soucis matériels et le confort, c’est bien Jean ! « Il portait un vêtement de poil de chameau, et autour de ses reins une ceinture de cuir, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. » (Mt 3,4) Ce n’était pas encore le régime végan, mais pour ce qui concerne les insectes comme source de protéines il était tout à fait à la mode. La sobriété heureuse qui commence à tracer son petit bonhomme de chemin depuis quelques décennies et qui a reçu un appui de taille à travers l’encyclique Laudato Si’ du pape François, était déjà en marche sur les bords du Jourdain il y a deux mille ans. Comment a-t-on pu oublier ces milliers de moines, qui au cours des siècles, ont pris, comme Jean Baptiste le chemin du désert ? De l’Égypte et de la Série du IVe siècle en passant par la Russie du XIVe siècle jusqu’aux ermites d’aujourd’hui… Étrange actualité également que celle de nos grands-mères lavant les langes de nos parents ou sachant trier les déchets bien avant l’heure !  L’ascétisme de Jean revient à la mode ! En fait ce n’est pas une histoire de mode mais la redécouverte, génération après génération, de ce qui fait une vie humaine de qualité ! Si l’ascétisme de Jean vous effraie, ses traductions actuelles semblent tout à fait acceptable : « sobriété heureuse », « simplicité volontaire », « austérité joyeuse »… Serons-nous, comme Jean, les prophètes d’une vie désencombrée du superflu ?

Jean le dérangeant…

« Je suis la voix qui crie dans le désert » (Jn 1,23) Nous le savons Jean dérangeait les consciences trop installées dans la compromission : celle d’Hérode et d’Hérodiade en premier lieu, mais aussi celles de ces hommes et de ces femmes qui se laissèrent toucher par son appel à la conversion… Envers et contre tout il prêchait la vérité, les exigences d’une vie droite et la venue du Messie libérateur ! À l’heure de la pensée unique, des fausses nouvelles colportées par les réseaux sociaux, du populisme instrumentalisé oserons-nous être la voix qui crie dans le désert ? La voix qui essaie de mettre des nuances, de rétablir la vérité, de rappeler les leçons de l’histoire, la sagesse millénaire ; mais aussi la voix porteuse de la Parole de Dieu, non pas une Parole de Dieu instrumentalisée, mais dans toute sa cohérence évangélique ? Saurons-nous annoncer et témoigner de Jésus Christ, le Fils de Dieu, le libérateur, celui qui nous apprends qui est Dieu, qui est l’homme, et comment vivre ? Oserons-nous déranger nos proches, nos amis, nos décideurs ?

Jean le serviteur effacé…

C’est l’aspect le plus marqué dans le passage d’aujourd’hui : « Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. » (Jn 1,30-31) Jean ne travaille pas pour son propre compte, il n’est qu’au service de Celui qui l’a saisi : « Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit… » Jean donne toute son énergie pour le Père qui l’a choisi, pour l’Esprit qui le guide et pour le Fils non encore révélé… Sa tâche accomplie, il pourra s’effacer et le fera bien volontiers : « Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 3,30) Nous décentrer de nous-même, travailler pour l’avènement du Royaume de Dieu, être serviteur, renvoyer toujours au Père, au Fils et à l’Esprit et non pas à nous… Voilà encore le chemin libérateur du véritable prophète, du véritable chrétien, du véritable serviteur des hommes et de Dieu !

Oui Jean le baptiste a rempli sa mission,

Mais sa figure est incontournable si nous voulons à notre tour annoncer le Messie :

Jean l’ascète, Jean le dérangeant, Jean le serviteur effacé :

Toujours actuel !

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