Le secret du bonheur !

19 mars 2017, 3e dimanche de Carême, Année A,  Jn 4,5-42 /

Voici une page d’évangile bien connue mais longue et complexe, il en va : du rapport entre Juifs et Samaritains ; d’eau morte et d’eau vive ; de maris multiples et du véritable époux ; de divers lieux de cultes concurrentiels et d’une adoration en esprit et en vérité ; de nourritures terrestres et de la véritable nourriture ; d’histoires qu’on se raconte sur sa vie et de Celui qui nous connait en vérité ; de tous ceux qui prétendent nous apporter le bonheur et du seul Sauveur ; etc. ! Nous pouvons donc aborder ce texte par bien des angles, mais l’idée centrale est la même. En effet, ne sommes-nous pas tous, comme la Samaritaine ou les disciples de Jésus, à la recherche de ce qui va véritablement combler notre désir profond, à la recherche du bonheur ?  Cette quête peut s’exprimer sous différentes images, mais c’est toujours la même quête : recherche de l’Amour de notre vie ; désir d’une eau vive pour étancher notre soif ; aspiration à la véritable nourriture qui pourra nous rassasier une fois pour toute ?

Recherche de l’Amour de notre vie ?

Nous avons tous besoin d’amour, mais trouver le véritable amour est-il possible ici-bas ? La Samaritaine, en tout cas, ère d’hommes en hommes qui ne sont pas ses époux… Dans notre société actuelle, beaucoup de couples avancent de façon immature, à la recherche d’un amour illusoire fondé uniquement sur l’affecte, sur le sentiment, l’utilisation de l’autre pour combler ses besoins… Dans cette version de « l’amour », l’un ou l’autre des partis en présence risque fort de se dire rapidement : « je ne l’aime plus, il vaut mieux que je la(le) quitte », et c’est souvent ce genre de conseils que vont leur donner leurs « faux amis »… Le véritable amour n’a rien à voir avec cela… Il s’agit de vouloir ensemble faire un projet de vie et de se soutenir pour traverser les épreuves de la vie. Le véritable amour est oblatif, il passe du « Je t’aime parce que tu es belle, tu es intéressante, tu combles mes désirs… » à « Je t’aime même si tu n’es plus aussi belle, même si tu n’es pas toujours intéressante, même si tu ne combles pas tous mes désirs… Car je veux que nous nous soutenions, sur le chemin de la vie, jusqu’à la mort… » Nos amours d’ici-bas ne seront donc toujours que partiels, confrontés aux limites de nos existences. Ils ont cependant toute leur valeur car ils nous apprennent à aimer et à pouvoir accueillir un jour l’amour dont Dieu veut nous combler… N’est-ce pas en Lui seul, que l’amour peut être totalement désintéressé, totalement oblatif et éternel ? N’est-ce pas en Lui que nos amours terrestres seront transfigurées ?

Désir d’eau vive pour étancher notre soif de bonheur ?

De quoi avons-nous soif ? Qu’est-ce qui pourra étancher notre soif de bonheur ? L’amour bien sûr, nous l’avons dit… Mais plusieurs auteurs ajoutent le désir et le sens de la vie ! Le désir n’est-il pas le moteur de notre vie ? Un être sans désir, sans projet, sans quête, risque fort de déprimer et de ne voir aucun sens à sa vie. C’est peut-être ce qui oppose l’eau morte à l’eau vive… L’eau morte n’étanche la soif qu’un instant, peut-être est-ce que je désir acquérir le dernier gadget qui vient de sortir, le dernier vêtement à la mode ou même obtenir un diplôme… Mais une fois cela en poche, il va falloir se créer d’autres désirs. L’eau vive, c’est plutôt une eau que l’on ne peut saisir, nous en buvons de petites gorgées mais nous ne boirons jamais une rivière ! Le désir d’eau vive, c’est vouloir que mes proches soient heureux, que tous ceux qui croisent ma route soient heureux, que tous les êtres sur cette terre vivent heureux, et que ce bonheur soit durable et éternel ! Ce désir ne sera jamais assouvi et notre moteur pourra tourner à plein régime… S’agit-il donc d’étancher notre soif ? Peut-être pas, en tout cas pas ici-bas, et peut-être même pas avant que la Création tout entière ne soit conduite à son plein achèvement.

Aspirer à la véritable nourriture qui pourra apaiser nous rassasier une fois pour toute ?

 « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. […] Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » (Jn 4,32.34) L’image liée à la nourriture est proche de celle liée à la soif, il ne s’agit donc certainement pas de se goinfrer, au point de ne plus rien désirer. Mais l’image connote peut-être autre chose : si la soif évoque le désir, la nourriture évoque quant à elle, ce qui nous donnera la force pour poursuivre le chemin. Jésus est alors clair : sa force c’est de faire la volonté de son Père et d’accomplir son œuvre. Vous voyez que nous sommes encore dans un processus dynamique, dans une « utopie mobilisatrice » : le Père comme le Fils, ainsi que l’Esprit, ne s’arrêteront pas de travailler tant que le projet de Dieu ne sera pas mené à son accomplissement. La tâche pourrait paraître décourageante, si l’on voulait tout porter sur nos propres épaules, mais Jésus lui-même ne veut faire que sa part : faire ce que le Père lui demande et travailler à son œuvre. Voilà donc la nourriture de notre vie, ne chercher à faire que la volonté du Père pour nous, c’est-à-dire la part de mission qui nous est confiée et apporter modestement notre pierre à la construction du Royaume…

Ne serait-ce pas là le secret du bonheur ?

Apprendre à aimer en investissant pleinement nos amours humains…

Cultiver le désir de bonheur pour tous, et pas seulement pour soi…

Faire humblement notre part au service du Royaume de Dieu, lui qui en est le véritable artisan !

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